Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
À côté de ses excellents vins et crémants classiques, le domaine Cep d’Or (Hëttermillen) s’est fait une spécialité des cépages interspécifiques, nécessitant très peu de traitements. Zoom sur un rouge peu connu : le pinotin.
Le produit
Connaissez-vous le pinotin, le cabaret noir, le cabernet blanc ou le calardis blanc ? Il s’agit de cépages interspécifiques, que l’on appelle en allemand les PiWi. Ils sont issus de croisements naturels entre différentes variétés de vigne, sélectionnées parce qu’elles résistent beaucoup mieux aux maladies causées par les champignons, comme le mildiou (Peronospora) ou l’oïdium.
Ces raisins ne sont pas immunisés, leurs grappes sont simplement moins denses et les interstices qui se trouvent entre les grains permettent à l’air de mieux circuler et donc de sécher les baies, limitant ainsi très nettement les risques de pourriture.
À Hëttermillen (entre Stadtbredimus et Ehnen), le domaine Cep d’Or s’y est intéressé très tôt. «Nous les avons découverts au cours d’un voyage d’études en Allemagne, chez un pépiniériste du Palatinat qui s’est spécialisé dans ce type de cépages, se souvient Lisa Vesque, qui travaille au domaine avec son père Jean-Marie et sa mère Sylvie. Beaucoup de ceux que nous avions dégustés étaient attrayants, mais nous avons beaucoup apprécié le pinotin, le cabaret noir et le cabernet blanc.»
Deux ans plus tard, ils plantaient le trio retenu sur le Hambësch, un lieu-dit situé sur le plateau qui domine le grand méandre sur la Moselle, tout près de leur cave. Convaincus par les premiers résultats, ils ont même mis en terre en 2021 un nouveau cépage, le calardis blanc. En tout, cela représente 1,2 hectare de PiWi sur un domaine qui en compte près de 20. Tous sont certifiés en bio, sauf le dernier, toujours en phase de conversion.
Mais arrêtons-nous sur le pinotin. Créé en Suisse en 1991, il est issu d’un croisement entre du pinot noir et un cépage inconnu. Il est pourtant bien différent d’un pinot noir. Ici, pas de notes animales, mais de beaux arômes de cerise. Sa robe est beaucoup plus foncée, d’un rubis sombre. En bouche, son ascendance ne se transmet pas vraiment non plus.
Ce qui ressort d’emblée, c’est sa texture douce et ronde, très avenante. Son goût fruité, sans tanins marqués et finement épicé, en fait un vin particulièrement consensuel, qui plaît à un grand nombre de palais. Sans doute bien davantage qu’un pinot noir. Ce caractère passe-partout n’en fait pas pour autant un vin simpliste, il est profond et témoigne d’une longueur étonnante. «Les vignes auront bientôt dix ans et cela se sent», avance Lisa Vesque.
Le domaine Cep d’Or cultive 30 ares de pinotin, ce qui représente environ 2 000 bouteilles. Jusqu’à présent, elles sont fermées par des capsules à vis, mais cela va bientôt changer. «En 2021, nous avons également bouché 200 bouteilles de pinotin avec des bouchons en liège et en les comparant tous les deux, nous avons trouvé qu’il était meilleur avec les vrais bouchons, explique-t-elle. Par contre, sur les vins blancs, cela ne fait pas de différence.» Les prochains pinotin et cabaret noir seront donc bouchés au liège.
Le producteur
La première mention d’un viticulteur dans la famille Vesque remonte à 1762, c’est dire si elle est solidement installée sur la Moselle! C’est en 1995 que Jean-Marie a décidé de créer son propre domaine, plutôt que de vendre ses raisins. L’essentiel de ses vignes est basé à Stadtbredimus, la commune où est également implantée sa cave. Si vous avez longé la Moselle, vous avez de bonnes chances d’être passé devant une grande structure en béton ayant la forme stylisée d’un pressoir. C’est ici que se trouve le domaine Cep d’Or.
En juillet 2016, Jean-Marie Vesque a été rejoint par sa fille Lisa, qui a étudié la viticulture à l’université de Geisenheim, en Allemagne. Avec près de 20 hectares de vignes, ils dirigent aujourd’hui l’un des plus importants domaines indépendants du pays. Les Vesque misent beaucoup sur leurs crémants, qui représentent autour de 40 % de leur production.
Nous avons vu que les 1,3 ha plantés de PiWi étaient bios, mais ce ne sont pas les seuls. «Nous avons également converti un hectare d’auxerrois et de rivaner adjacent aux parcelles déjà bios, explique Lisa Vesque. Ces cépages résistants sont un peu comme un test pour nous, ils nous donnent envie d’aller plus loin, mais en prenant le temps, sans se précipiter.»
Où le trouver ?
Comme toujours avec les vins luxembourgeois, le plus simple est de se rendre à la cave. Non seulement vous pourrez goûter tous les vins, mais vous aurez en plus les conseils des vignerons. Le déplacement est d’autant plus facile que la cave compte aussi un bar à vins ouvert toute la semaine (le lundi de 8 h à midi et de 14 h à 17 h, du mardi au vendredi de 8 h à 12 h et de 14 h à 19 h, le samedi de 11 h à 19 h et le dimanche de 15 h à 19 h). Aux beaux jours, sa grande terrasse est particulièrement agréable !
Une boutique en ligne est disponible sur cepdor.lu.
À retenir
· Spécialement sélectionnés pour qu’ils n’aient presque pas besoin de traitements phytosanitaires, les cépages interspécifiques offrent parfois de belles découvertes. Le pinotin bio du domaine Cep d’Or (Hëttermillen) en est un vibrant exemple. Rond et fruité, ce vin rouge est délicieux !
· Le domaine a été créé par Jean-Marie Vesque en 1995. Lisa, sa fille, l’a rejoint en 2016 et ils travaillent depuis main dans la main. Avec presque 20 ha cultivés, il est l’un des plus grands domaines indépendants du pays. Il se convertit progressivement au bio.
· Aller au domaine, vous serez très bien accueilli ! Ouvert tous les jours de la semaine, vous pourrez goûter tous les vins et repartir avec ceux que vous voulez. La cave et son bar à vin se trouvent à Hëttermillen (entre Stadtbredimus et Ehnen). Une boutique en ligne existe également (cepdor.lu).
