En reprenant la Savonnerie du colibri en 2020, Marie-France Casals s’est lancée dans une reconversion audacieuse : elle a abandonné les audits internes et façonne désormais avec joie des savons bios.
Le produit
En franchissant le pas de la porte de cette maison ancienne située au cœur du village de Hobscheid, on est tout de suite entouré par les multiples senteurs de la gamme de savons et shampoings qui sont fabriqués ici. Justement, lors de notre passage, Marie-France Casals était en plein travail, occupée à faire fondre les différents beurres (coco, cacao, karité) qui entreront dans la composition des savons.
Tout est très précis. Les quantités sont pesées au gramme près et les températures de chauffe scrupuleusement contrôlées. Vous imaginez peut-être un laboratoire, mais Marie-France Casals se trouve en fait dans l’ancienne petite cuisine de la demeure. Le plafond est bas, l’aménagement est dans son jus : le cadre renforce l’impression d’une production très artisanale, où l’habileté du tour de main prévaut sur la technologie.
Elle explique le procédé : «Je dois chauffer les beurres et ensuite les mélanger aux huiles liquides (pour cette recette : sésame, olive et ricin) pour arriver entre 42 et 44 °C. Ensuite, j’y ajoute la soude caustique qui doit être à la même température, ce qui permettra de créer la saponification. Le mélange va alors se solidifier, on appelle ce phénomène la trace. Ce n’est qu’à la toute fin du processus, qui dure une heure environ au total, que je rajoute les huiles essentielles. De cette manière, elles conservent toutes leurs propriétés et leur qualité.»
Lorsque le mélange est prêt, elle le coule dans des moules en bois (carrés) ou en silicone (ronds) qu’elle laisse refroidir doucement dans des boîtes isothermes. Elle va attendre un ou deux jours avant de les sortir pour couper les savons au bon poids et les mettre à sécher pendant quatre semaines sur des clayettes en bois, dans une autre toute petite pièce, derrière la cuisine. Il ne restera plus qu’à les estampiller du logo de la savonnerie en assénant un bon coup de maillet sur le tampon en relief, à les emballer dans leur carton et à inscrire le numéro du lot. Dès lors, ils n’attendent plus qu’à être vendus.
Marie-France Casals ne lésine pas sur la qualité de tous les ingrédients de ses savons, qui sont tous bios (labellisés «Écogarantie») et avalisés par un toxicologue. «Toutes les recettes sont complètement différentes, assure-t-elle. Ce n’est pas une même base que j’arrange avec des huiles essentielles diverses à la fin.»
En tout, elle élabore 17 produits différents, dont 4 shampoings. «J’ai des savons relaxants (lavandin et géranium, zen lavande), hydratants (jus de carotte, abricot & karité, contre l’eczéma…), exfoliants (au marc de café), tonifiants (eucalyptus et calendula, menthe, pour les ados…), pour la récupération sportive (romarin à camphre), sans huiles essentielles (pour les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes) et même un savon pour la barbe!» Quant aux shampoings solides, vous en trouverez à la sauge, aux œufs et à la bière, au jojoba et à l’ylang-ylang.
La productrice
Marie-France Casals ne s’imaginait pas devenir créatrice de savons avant de rencontrer un ami de son mari, Jacques Bouvy, qui avait lancé la Savonnerie du colibri en 2016. Il exerçait cette activité en tant que hobby et est l’inventeur des recettes qui sont toujours utilisées par Marie-France. « À un moment où il avait besoin d’aide, je suis venue lui donner un coup de main pour la fabrication et la vente sur les marchés, se rappelle-t-elle. J’ai toujours été sensible aux odeurs et j’ai immédiatement adoré travailler dans cette atmosphère.»
Et puis, en 2020, la savonnerie s’installe à Hobscheid en même temps que son créateur s’apprête à passer la main à Marie-France. «Il n’avait pas vraiment envie de développer davantage cette activité alors que moi, de mon côté, cela me tentait vraiment.» À l’époque, elle occupait un poste d’auditrice dans une grande société et la perte de sens la guettait. «Non seulement c’est un métier mal perçu par les gens, mais en plus, ce n’est pas vraiment concret… Je voulais faire autre chose, être créative : la savonnerie était une option qui m’attirait beaucoup. J’ai donc quitté mon emploi pour me lancer en juin 2020, en pleine pandémie.»
Son bagage professionnel l’a bien aidée pour transformer la savonnerie en vraie entreprise. «Au moins, j’ai la rigueur nécessaire pour tout organiser comme il faut», sourit-elle. Gérer la production, les stocks, la comptabilité et l’administration ne lui fait pas peur, reste à se faire connaître. Et là aussi, tout s’est plutôt bien passé. Elle est aujourd’hui référencée dans une vingtaine de points de vente, souvent des boutiques de produits locaux et/ou bios, mais aussi de manière plus surprenante dans les grands magasins Auchan du Kirchberg et de la Cloche d’or. «J’ai reçu un jour un coup de téléphone de la responsable de la parapharmacie qui avait découvert mes produits et voulait les avoir dans ses rayons, ça fait plaisir!»
Où les trouver?
La Savonnerie du colibri dispose d’une boutique en ligne (www.savonnerieducolibri.com) qui propose la livraison à domicile. Luxcaddy.lu référence également les produits. Le réseau de revendeurs physiques s’élargit aussi : Kilogram (Capellen et internet), Co-Labor (Bertrange et Dudelange), Mesa (Esch-sur-Alzette) ou Le Petit Luxembourg (Clervaux) sont des adresses achalandées. Les savons sont également disponibles dans les magasins Auchan Kirchberg et Cloche d’or (au rayon parapharmacie).
La belle-sœur de Marie-France Casals fabrique également les savons en Belgique, à côté de Namur. On les trouve donc aussi en province namuroise. La liste des adresses est publiée sur le site de la savonnerie.
J’ai toujours été sensible aux odeurs et j’ai immédiatement adoré travailler dans cette atmosphère
À retenir
· La Savonnerie du colibri fabrique de manière artisanale et avec des ingrédients de qualité une gamme de 17 savons et shampoings bios. Tous les produits qui entrent dans leur fabrication sont naturels et les procédés de fabrication très traditionnels.
· Marie-France Casals était auditrice dans une grande société quand elle a décidé de reprendre la savonnerie, qui avait été créée comme un hobby par un ami. Elle s’est lancée en 2020, au beau milieu de la pandémie.
· On trouve les savons et shampoings dans une vingtaine de points de vente au Luxembourg et en Belgique. Outre un réseau de petites boutiques et épiceries, on peut aussi se les procurer dans les magasins Auchan Kirchberg et Cloche d’or, qui ont demandé à les avoir au rayon parapharmacie.