[Made in Luxembourg] Le Fiederwäissen, vin des vendanges !

Lorsque les sécateurs claquent dans les vignes, c’est que le Fiederwäissen est à la cave ! Disponible quelques semaines par an seulement, il s’agit d’un vin de saison par excellence. Visite au domaine Cep d’Or.

Le produit

Depuis une quinzaine de jours, les vignerons luxembourgeois n’ont plus une minute à eux. L’heure des vendanges est arrivée et, avec la météo incertaine et particulièrement changeante, il n’y a pas vraiment de temps à perdre. L’humidité aidant, les vignes sont fragiles et les grappes sensibles au risque de pourriture. Cette année, il aura fallu beaucoup de travail et de méticulosité pour récolter de beaux raisins. Au domaine Cep d’Or (à Hëttermillen, commune de Stadtbredimus), une des institutions mosellanes, on connaît le travail bien fait et les raisins qui arrivent en cave sont parfaitement sains, comme toujours.

Cette qualité, on la retrouve dans le Fiederwäissen, le premier vin de l’année. Trouble, légèrement perlant et peu alcoolisé, il est une tradition à laquelle on ne déroge pas. Ce vin est sorti de cuve quelques jours après que les raisins ont été vendangés, alors que sa fermentation n’est pas encore achevée. En général, 80 à 85 % des sucres du raisin se sont transformés en alcool, ce qui, en toute logique, explique son caractère plus sucré et moins alcoolisé qu’un vin classique.

«Je le vends depuis jeudi dernier, précise le vigneron. Comme tous les ans, j’utilise le rivaner, qui est à mon avis le cépage idéal pour le Fiederwäissen. Il est gouleyant, peu acide et, puisque les raisins ne sont pas trop sucrés, le Fiederwäissen n’est pas très alcoolisé.» Attention toutefois, avec un taux de sucre de 75 degrés Oechsle, le vin nouveau titre quand même entre 11° et 11,5° d’alcool. Et comme il est très facile à boire, il peut être traître !

Le Fiederwäissen est le vin de copains et de copines par excellence, celui avec lequel on trinque sur le coin de la table en se racontant les dernières nouvelles. Mais quand il est bien fait, et c’est le cas au domaine Cep d’Or, on peut aussi l’envisager en accompagnement d’un repas. «Sur une tarte flambée, une tarte aux oignons ou même une choucroute, il est parfait!», sourit Jean-Marie Vesque. Quel que soit le moment où on le sort, il convient de le servir frais, mais pas froid. Autour de 14 °C, il sera parfait.

Le vigneron conseille cette année de le boire sans tarder, ou alors de le garder au frigo. «Comme la météo était humide, il y a beaucoup de levures naturelles dans le vignoble. Elles poussent les fermentations, qui repartent très facilement», prévient-il. Non seulement il est important de ne pas laisser le bouchon complètement fermé pour que le gaz carbonique produit puisse s’échapper, mais la reprise de la fermentation apporte un petit goût de levure qui cachera le caractère fruité et gouleyant du Fiederwäissen. Ce serait dommage.

Le producteur

Alors qu’il vendait simplement ses raisins, Jean-Marie Vesque a décidé de fonder son propre domaine en 1995, à l’âge de 31 ans. L’audace s’est révélée être un coup de maître, puisque aujourd’hui le domaine Cep d’Or a beaucoup grandi. Parmi ceux des vignerons indépendants, il est même l’un des plus grands avec 17 hectares de vignes.

Une superficie qui a récemment augmenté, car Jean-Marie Vesque peut compter depuis 2016 sur sa fille, Lisa, qui a étudié la viticulture à l’université de Geisenheim, en Allemagne, ainsi qu’à Bordeaux. La cave est facile à trouver, elle longe la route du Vin entre Stadtbredimus et Ehnen. Et avec sa grande structure en béton reproduisant un pressoir (signé François Valentiny), elle est particulièrement simple à repérer !

Sur une tarte flambée, une tarte aux oignons ou une choucroute, il est parfait!

Depuis les débuts, la production a bien évolué. Le crémant représente désormais autour de 40 % de la production totale. Le domaine est même un spécialiste en la matière. Il propose d’excellentes cuvées, qui ont longtemps reposé sur lies, à des rapports qualité-prix imbattables.

Les vins tranquilles (sans bulles) ne sont pas en reste. L’encépagement s’est recentré autour des variétés nobles. Ainsi, l’elbling, le rivaner et l’auxerrois diminuent au profit du chardonnay ou du pinot noir, par exemple. Le domaine Cep d’Or innove aussi en misant sur les cépages interspécifiques, de nouvelles variétés qui ne nécessitent presque plus de traitements phytosanitaires et qui, ici, sont labellisées bios. Près de trois hectares sont ainsi plantés de cabernet blanc, de pinotin et de cabaret noir.

Où le trouver?

Le plus simple est de se le procurer directement au domaine (15, route du Vin, à Hëttermillen), d’autant que la famille Vesque sait accueillir! Située au nord de Stadtbredimus, à mi-distance entre Schengen et Grevenmacher, la cave possède un bar à vin, une boutique et une grande terrasse bien agréable quand la météo joue le jeu. Le domaine est accessible aux visiteurs tous les jours de la semaine.

Le domaine livre aussi du Fiederwäissen à quelques cafés et restaurants par l’intermédiaire de la maison Ruppert (Niederdonven), mais elle limite le nombre de revendeurs. «Pour être bon, le Fiederwäissen doit être frais et ne doit pas rester plusieurs jours sur le comptoir. C’est pourquoi je le soutire chaque matin», explique Jean-Marie Vesque.