Électron libre de la Brasserie nationale, la Funck-Bricher est une pils pas comme les autres. Son nom rappelle ce producteur historique né en 1764 dans le Grund.
Le produit
Petite dernière du brasseur historique du pays, la Funck-Bricher est née en 2018 à Bascharage, dans les installations dernier cri de la Brasserie nationale (Bofferding, Battin…). «C’est une bière à part dans notre gamme, souligne le directeur Mathias Lentz. C’est une craft (NDLR : bière artisanale) type pils au coût unique et, pour couronner le tout, à la fois bio et végane.» Végane, en fait, toutes les bières qui sortent de la brasserie en fût le sont, mais seule la Funck-Bricher peut s’en prévaloir, «car même la colle de l’étiquette et de l’emballage des 4-packs est végane», précise le directeur.
Le bio rend le processus encore plus exigeant, puisqu’il nécessite une ligne à part dans le processus de production ainsi qu’une cuve de fermentation spécifique. Il n’est évidemment pas question que la Funck-Bricher puisse entrer en contact avec une autre bière, et les contrôles ne sont pas rares. Le malt, un peu ambré, est produit par une petite fabrique d’Anvers, en Belgique. Il provient en partie d’orge luxembourgeoise puisque la brasserie a mis en place, avec la collaboration de l’Ibla, une filière locale. Toutefois, les quantités produites ne sont pas encore suffisantes pour satisfaire à l’ensemble des besoins.
Le goût de la Funck-Bricher provient de l’assemblage spécifique des houblons Centennial tchèque et de Golding belge. «Ce mariage est plus aromatique, plus floral que celui de la plupart des pils sur le marché dont les houblons proviennent généralement d’Allemagne», explique le maître brasseur Maurice Treinen.
Contrairement à l’orge, il n’existe pas de production de houblon luxembourgeoise suffisamment grande pour intéresser la brasserie. «C’est dommage, relève-t-il, on dit que la culture du houblon commence là où s’arrête celle de la vigne. Les vallées de la Sûre et de l’Our, par exemple, seraient parfaites pour le houblon. D’ailleurs, un très grand producteur en cultive juste en face, en Allemagne, pour Bitburger.»
Le processus de fabrication de la Funck-Bricher, une bière de fermentation basse, prend six semaines. Après le brassage (1 journée), le moût va fermenter pendant 8 jours, puis refroidir 1 semaine pour abaisser sa température de 13 à 1 °C. La bière passera ensuite 4 semaines dans une cuve de maturation à -0,5 °C. «Cette garde est importante, elle donnera de la rondeur et permettra de stabiliser les goûts et les arômes», précise Maurice Treinen.
À l’issue de ces étapes, la bière est prête à être embouteillée. Elle titre alors 5,5 % d’alcool et est légèrement ambrée. La densité primitive du moût est de 13 degrés Plato, sa couleur se situe entre 8 et 9 EBC (European brewery convention), soit entre la Bofferding et la Battin Gambrinus, tandis que son amertume est de 21 IBU (International bitterness unit), donc très subtile. La production tourne autour de 2 000 hectolitres par année.
Le producteur
La brasserie Funck-Bricher est née en 1764 dans le Grund, le long de l’Alzette, à l’endroit où se trouvait Amazon avant son déménagement. Autrefois, de nombreux producteurs de bières s’y trouvaient (Mousel, Clausen…), ils profitaient des indispensables sources et de la proximité des lieux de consommation.
En 1975, Funck-Bricher fusionne avec Bofferding pour créer la Brasserie nationale. Dès lors, son nom disparaît et il faudra attendre 2018 pour le voir à nouveau. «Lorsque nous avons décidé de créer une nouvelle bière, c’est naturellement que nous avons pensé à Funck-Bricher, relève Mathias Lentz. Nous avons voulu jouer la carte de la nostalgie en remettant une marque historique au goût du jour.»
Entretemps, la Brasserie nationale avait également racheté en 2004 la brasserie eschoise Battin. Aujourd’hui, le brasseur local est le leader sur le marché luxembourgeois, avec une part de marché de 26 % des bières vendues (42 % des bières vendues au Luxembourg sont des bières importées).
Où la trouver?
Toutes les grandes surfaces du pays vendent la Funck-Bricher. On la trouve également dans une sélection de 70 bars du pays, dont trois ambassadeurs : le Wëllem et le Llama à Luxembourg, ainsi que le Brutzel Scheef à Remich.
La Funck-Bricher se trouve presque exclusivement sur le territoire luxembourgeois et n’est pas vouée à l’export. Très présente à l’étranger, la Brasserie nationale préfère miser sur la Bofferding et Battin (48 % des fûts sont vendus en dehors des frontières), dont les volumes produits sont nettement plus importants.
À retenir
La Funck-Bricher est une bière bio et végane de fermentation basse, titrant 5,5 ° d’alcool. L’orge qui permet d’obtenir le malt est partiellement cultivée au Grand-Duché, avant d’être torréfiée à Anvers. Les houblons, aromatiques et floraux, sont d’origines tchèque et belge.
La brasserie Funck-Bricher avait fusionné avec la brasserie Bofferding en 1975 pour créer la Brasserie nationale. Son nom, créé en 1764 dans le Grund, avait alors disparu. Sa renaissance en 2018 a fait consensus, la Brasserie nationale souhaitant faire renaître une marque qui faisait partie de son histoire.
Toutes les grandes surfaces vendent la Funck-Bricher, mais elle est beaucoup plus rare à la pression. Une sélection limitée de bars et seulement trois ambassadeurs existent : le Wëllem et le Llama à Luxembourg, ainsi que le Brutzel Schëff à Remich. Elle n’est pratiquement pas exportée.