À Bettembourg, l’agriculteur Gilles Biver produit depuis trois ans du quinoa. Premier producteur du pays à le commercialiser, il défriche une culture pas si facile à travailler et bâtit un marché qui se révèle déjà prometteur.
Le produit
On pourrait facilement le prendre pour une céréale, mais le quinoa est un… légume! Originaire des Andes, ce que l’on prend pour des graines est en fait le fruit d’une plante qui compte comme cousins les épinards ou les betteraves.
Cela fait trois ans que l’agriculteur Gilles Biver le fait pousser dans les champs de la Gehaanshaff, à Bettembourg. Il est le premier à avoir eu l’idée de produire et de commercialiser le «riz des Incas» dans le pays. «J’ai toujours cherché à me différencier, à proposer des choses qui ne se trouvent pas ailleurs, explique-t-il. Je connaissais déjà le quinoa, j’en mangeais et comme il n’y en a pas beaucoup au Luxembourg et même en Europe, qu’il s’agit d’un aliment sain à la mode, je me suis dit que cela pouvait être une niche intéressante. »
Riche en protéines, le quinoa possède des valeurs nutritionnelles effectivement très intéressantes. « Les neuf acides aminés qui existent y sont, il n’y a pas de gluten et on peut même faire du pain avec », sourit Gilles Biver.
Il s’avère qu’il a eu le nez creux. Si la surface de production était de 1,2 ha en 2021, le quinoa pousse désormais sur 15 ha. «C’est vrai que les surfaces augmentent, ce qui m’oblige même maintenant à investir pour construire un nouveau bâtiment spécialement pour cette production, précise l’agriculteur. Je vais pouvoir nettoyer, éplucher et emballer directement à la ferme alors qu’avant, je devais aller chez un copain.»
Le quinoa, en effet, n’est pas la plante la plus facile à travailler. Dans les champs, déjà, elle représente un défi. «On ne peut pas désherber chimiquement les champs parce qu’il n’existe pas de produits qui font la différence entre le quinoa et une mauvaise herbe : dans l’agriculture céréalière, le quinoa est indésirable, souligne-t-il. Le désherbage est donc soit mécanique soit manuel.»
La récolte, en septembre, n’est pas facile non plus. Lorsqu’elle est à maturité, la plante devient rouge et mesure 1,20 m de haut. Il faut alors la couper, mais «les machines que l’on trouve chez nous ne sont pas faites pour le quinoa, j’ai dû adapter moi-même la moissonneuse pour que cela puisse marcher».
Le producteur
Gilles Biver est le dernier agriculteur de Bettembourg, mais c’est un homme dynamique qui ne manque pas d’idées. «J’ai repris l’exploitation en 2017, je suis la quatrième génération de la famille dans cette ferme qui a été créée en 1925», avance-t-il. Il n’a jamais suivi un enseignement agricole scolaire classique et a tout appris de son père.
«Quand j’ai commencé, je me suis dit que j’étais jeune et qu’il fallait que je trouve quelque chose pour me démarquer. » Le lait était alors le principal produit de l’exploitation. S’il reste fidèle à son grossiste pour l’écrasante majorité de sa production, Gilles Biver se lance toutefois juste après son installation dans la vente directe, en installant un distributeur automatique devant sa ferme. «Il y a 6 000 bouteilles en verre qui tournent dans la région, c’est du zéro déchet.» Aujourd’hui, il en a même quatre pour tous ses produits !
À côté de ses 60 vaches de races Holstein et Fleckvieh, il possède également 700 poules qui s’ébattent autour d’un poulailler mobile dont «les 650 œufs produits quotidiennement sont vendus chaque jour». Gilles Biver élabore aussi lui-même des confitures faites avec ses fruits (fraise, sureau, fruits rouges, potiron/pomme, cerise, coing, myrtille, fraise/rhubarbe, mirabelle, quetsche…). Des prestataires réalisent à partir de ses produits des pâtes et de l’huile de tournesol.
Il produit également des céréales (blé, orge, maïs) pour le fourrage de son bétail. La ferme n’utilise plus d’OGM depuis 5 ans.
Le quinoa est même utilisé par les ateliers protégés Hondsburren (Wiltz) pour réaliser les barres énergétiques Wonnerbar.
Où le trouver ?
Je me suis dit que cela pouvait être une niche intéressante
À retenir
Beaucoup de restaurants scolaires se procurent le quinoa de la Gehaanshaff, qui se trouve également dans les supermarchés Cactus. Les barres Wonnerbar peuvent également être achetées dans les magasins de l’enseigne luxembourgeoise. On le trouve aussi dans les petites épiceries à la ferme, telle que la Meyrishaff, à Bastendorf. Gilles Biver dispose aussi de quatre distributeurs à Bettembourg : trois directement à la ferme (un pour le lait, deux pour les autres produits, au 5 rue des Prés à Bettembourg) et le dernier à l’entrée du supermarché Globus.
· La Gehaanshaff est la dernière ferme de Bettembourg. Gilles Biver y produit du quinoa depuis trois ans. La surface cultivée augmente rapidement, elle est aujourd’hui de 15 ha. Un nouveau bâtiment lui permettant de réaliser toutes les tâches sur le site est en construction.
· Gilles Biver est un agriculteur autodidacte qui recherche constamment de nouvelles idées. Il a par exemple installé deux distributeurs de lait frais sur la commune de Bettembourg. Ils sont conditionnés dans 6 000 bouteilles en verre réutilisables qui tournent dans la région.
· Le quinoa est disponible dans les supermarchés Cactus et quelques épiceries de villages. Les ateliers protégés Hondsburren fabriquent des barres énergétiques avec ce quinoa, elles sont également en vente dans les Cactus. Tous les produits de la ferme se trouvent dans les quatre distributeurs situés à Bettembourg : trois à la ferme (5, rue des Prés) et un sur le parking du Globus.