Le temps d’un week-end, les LuxPlaymoDays à Bascharage ont réuni petits et grands, Luxembourgeois et étrangers, autour des expositions et des stands de ventes de figurines Playmobil.
«Vous vous demandez sûrement pourquoi je fais ça à mon âge, mais il n’y a qu’à voir le public ici, il n’y a pas d’âge pour les Playmobil», lance Danièle. Cette dernière est l’une des 21 exposants qui ont participé à la 16e édition des LuxPlaymoDays, un rassemblement autour des figurines Playmobil ayant eu lieu samedi et hier à Bascharage. Retraitée, Danièle consacre son temps libre à ces jouets, «même si mes petits-enfants n’y jouent déjà plus», plaisante-t-elle.
Comme elle, nombreux sont ceux qui réveillent leur part d’enfance en créant des dioramas à partir de ces figurines. «Quelqu’un m’a dit : « C’est marrant, c’est une exposition de jouets mais il n’y a même pas un tiers d’enfants« et c’est vrai», raconte Claude Hengel, président de l’ASBL Playmo-Frënn Lëtzebuerg qui organise l’évènement, dont la renommée est internationale.
«Les LuxPlaymoDays, c’est le point de rencontre entre différents pays car on a des exposants luxembourgeois, allemands, français, belges, néerlandais, espagnols. Et c’est pareil pour les visiteurs, certains viennent du sud de la France juste pour ça», ajoute Claude Hengel. Si certains s’y promènent juste, beaucoup y passent de nombreuses heures.
Réputée pour ses dioramas aussi fournis que diversifiés, l’exposition luxembourgeoise est «une référence» dans un milieu où tout le monde se connaît. «On aime bien venir ici, car on voit nos amis qui exposent et qu’on voit peu sinon», apprécie aussi Dirk, venu de Belgique pour exposer.
Playmobil dans le dur
Créée en 1974 par les Allemands Hans Beck et Horst Brandstätter, employés pour l’entreprise Geobra Brandstätter à Dietenhofen, la marque Playmobil a su rayonner mondialement et s’imposer dans le temps. Une pérennité récemment bousculée par l’inflation et une baisse de 4,3 % du chiffre d’affaires entre 2021 et 2022, le tout accompagné de tensions internes.
En juillet dernier, les employés ont rédigé une lettre dénonçant un «climat toxique» instauré par la direction. Steffen Höpfner, le directeur général, a alors annoncé sa démission à la fin du mois. Dans l’attente de son successeur, la firme allemande doit aussi faire face à la baisse de fréquentation significative de ses parcs d’attractions, dont le chiffre d’affaires a chuté de 54 % selon le rapport annuel.
À cinq, on a déjà mis deux jours et demi pour monter un parc
Au-delà de l’ambiance, c’est aussi l’occasion de démontrer sa créativité. Un exercice qui demande du temps même pour les plus rompus. Faire les croquis de la scène, trouver les personnages, les habiller, créer le décor, assembler le tout, cela prend en moyenne 2 à 5 mois pour les exposants. Sans compter le montage sur place. «À cinq, on a déjà mis deux jours et demi pour monter un parc», se rappelle Claude Hengel.
Une valeur sentimentale
De Stars Wars en passant par le montage d’un cirque ou la chute de Babylone, on trouve autant d’univers que d’exposants. La richesse de tels rassemblements se trouve également dans le caractère unique des pièces. «Il n’y a rien qui sort du catalogue, tout est fait maison à partir de pièces qui viennent de partout.»
Pour trouver l’arbre ou le rocher qui manque à leur décor, les exposants peuvent trouver leur bonheur auprès des 22 vendeurs également présents. Sinon, la plupart de leurs achats de pièces détachées se font sur eBay, «en moyenne autour de 5 euros le kilo, explique Sven, et sans que l’inflation ait augmenté les prix». Présent à la LuxPlaymoDays depuis ses 4 ans pour aider son père à monter, l’adolescent, à son tour exposant, est attaché à cet univers. De quoi «remplir les greniers de trois maisons», déclare-t-il.
La fièvre acheteuse, tous la connaissent, mais ces derniers ne le font pas dans le but de remplir des coffres. «Je ne suis pas une collectionneuse mais une passionnée, j’achète pour faire quelque chose avec», résume Danièle. Pour ce qui est de la valeur de certaines pièces, Claude Hengel l’assure : «Une pièce est rare selon celui qui la veut. Si je veux une pièce qu’on ne trouve plus depuis dix ans, elle est rare pour moi, pas pour quelqu’un qui ne la veut pas.»
Malgré l’intérêt de certains pour revendre des pièces uniques à prix fort, les Playmobil semblent avoir conservé l’âme d’enfant de ceux qui les adorent. «On est de grands enfants, quand je vois tout ça, je suis juste émerveillée», s’exprime Nathalie, venue de Lille pour découvrir l’évènement. Conquise, la Lilloise espère désormais pouvoir exposer son propre diorama l’année prochaine. Pour cela, il faut tout même être sélectionné par l’ASBL de Claude Hengel. «Si ce n’est pas possible, ce n’est pas grave, c’est sûr que je reviendrai quand même pour regarder», annonce-t-elle déjà.