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Luxembourg : quand la hausse des loyers fait fuir les magasins


Le magasin Springfield était dans la Grand-Rue depuis 18 ans (Photo d'archives : Fabrizio Pizzolante).

Une nouvelle enseigne quitte la Grand-Rue de Luxembourg, en l’occurrence Springfield, après une augmentation de loyer jugée trop importante et injustifiée.

Après 18 ans dans le même local, le magasin de vêtements Springfield quitte la Grand-Rue. Ce n’est pas la seule enseigne dans ce cas de figure.

Depuis plusieurs semaines, une banderole «liquidation totale» indiquait que le magasin Springfield allait fermer ses portes dans la Grand-Rue de Luxembourg. Quelques invendus à prix cassés faisaient encore le bonheur d’acheteurs la semaine passée. Ces derniers découvraient, déçus, que l’enseigne, après 18 ans d’existence dans la Grand-Rue, allait disparaître de la Ville-Haute. Les vendeuses répondaient sans cesse aux mêmes questions des clients : non, elles ne savent pas où elles vont aller et le magasin n’est pas en mauvaise posture.
D’ailleurs, selon Mario Dumont, le directeur général de Springfield pour la Belgique et le Luxembourg, cette fermeture est «dommage».

« Il y a pas mal de monde qui a déjà quitté la rue »

«Nous quittons la Grand-Rue. C’était la fin du bail et le propriétaire désirait augmenter sérieusement le loyer alors que celui-ci était déjà très élevé, explique-t-il. Nous voulons bien enrichir le propriétaire à condition que nous nous enrichissions également.» Une augmentation qu’il juge disproportionnée. «Il y a pas mal de monde qui a déjà quitté la rue pour cette raison», reprend Mario Dumont, qui indique également qu’il est «difficile de savoir quels sont les prix pratiqués». Cependant, à sa connaissance, «les loyers sont plutôt stables, voire à la baisse».
«Bien sûr, c’est toujours un regret lorsque nous fermons un magasin, assure le directeur. Si demain nous pouvons retrouver un local en Grand-Rue à un prix correct, on y retournera.»
L’enseigne compte sept points de vente au Luxembourg, dont un qui a ouvert il y a un an dans le nouveau centre commercial de Differdange. Des magasins qui se portent bien selon Mario Dumont, qui ajoute que la chaîne de magasins est en expansion et veut encore ouvrir des points de vente au Luxembourg. Il précise aussi qu’une partie de l’équipe du magasin fermé a pu être reclassée.

Globalement, peu d’espaces vacants

«Un loyer qui augmente à la fin d’un bail, cela arrive régulièrement alors que cela ne se justifie pas toujours» assure Anne Darin, la directrice de l’Union commerciale de la ville de Luxembourg (UCVL) sans parler précisément du cas de Springfield. «Je n’ai pas encore été en contact avec eux», avance-t-elle avec prudence. «Si le propriétaire demande une hausse importante, elle doit être justifiée par des travaux de rénovation, un flux plus grand de passants ou encore de nouvelles infrastructures. Malheureusement, surtout avant 2015/2016, nous avons vu beaucoup d’augmentations de prix très importantes sans justification. Il y a peu d’offres de locaux par rapport à la demande. Il y a d’ailleurs peu d’espaces vacants par rapport à d’autres grandes villes : environ 7 % en Ville-Haute et 4,8 % dans le secteur de la gare. Ce sont de bons chiffres.» Une situation qui permet aux propriétaires d’imposer leurs règles.
«La capitale est attractive, mais au juste prix.» Anne Darin confirme que les prix sont très «disparates selon l’emplacement. Les locaux centraux ont des prix très élevés par rapport au même espace dans un emplacement moins en vue, mais c’est le cas dans toutes les grandes villes. Par exemple, s’il y a dix mètres de vitrine pour un magasin de 10 mètres sur 20, le prix sera plus élevé que pour un local qui propose moins d’exposition. Cela compte beaucoup dans la négociation. Les prix peuvent aller de 80 à 250 euros le mètre carré par mois en Ville-Haute. À une rue près, les prix peuvent chuter.»
L’UCVL déplore que la nouvelle loi sur le bail commercial ne permette pas de réguler les prix : «Bien sûr, les propriétaires sont libres et peuvent afficher le prix qu’ils désirent, mais on aurait pu plafonner non pas le loyer mais la hausse du prix du loyer à 20 % d’augmentation.»

Un observatoire national des loyers ?

Selon Anne Darin, un observatoire national des loyers, comme il en existe un en France, serait bénéfique au système. «Nous avons des données, mais il n’y a pas une instance qui centralise tout.»
Si habituellement ces hausses favorisent les grandes enseignes, «étonnamment, c’est une enseigne indépendante qui va prendre le relais» de Springfield, indique la directrice de l’UCVL, qui ne peut pas encore en dévoiler le nom.
L’UCVL essaye régulièrement de sensibiliser les propriétaires pour que les loyers restent en phase avec le marché afin que les commerces puissent être rentables. Car pour les grandes marques cela reste primordial d’être visible dans les grandes artères commerciales comme la Grand-Rue, mais pas à n’importe quel prix.
La société de conseil en immobilier Cushman & Wakefield avait classé la Grand-Rue à la 21e place des rues commerçantes les plus chères au monde.

Audrey Libiez

Un commentaire

  1. Du moment que des locataires sont près à payer, je ne vois pas pourquoi les propriétaires devraient limiter leurs loyers. Après le locataire actuel, il y en aura de toute façon un autre qui payera !

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