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Luxembourg-Portugal : histoire d’une profonde amitié


Le président du Parlement portugais a découvert lundi soir avec le sourire l'exposition consacrée aux 125 ans des relations diplomatiques entre le Luxembourg et le Portugal. (photo Julien Garroy)

Le président de l’Assemblée portugaise est depuis lundi soir en visite officielle au Luxembourg pour célébrer les 125 ans des relations diplomatiques entre les deux pays.

Le Grand-Duché et le Portugal sont proches à bien des niveaux. En cette année 2016, qui marque le 125e anniversaire du début des relations officielles entre les deux pays, une exposition qui s’ouvre aujourd’hui au musée national d’Histoire et d’Art de Luxembourg retrace les débuts de cette «aventure» commune.

Depuis lundi soir, le drapeau portugais flotte sur le parvis de la Chambre des députés, à quelques pas du Palais grand-ducal. Ces deux institutions symbolisent parfaitement les étroites relations qui existent depuis de très longues décennies entre le Luxembourg et le Portugal. Tant les relations entre les familles souveraines (lire ci-dessous) que les relations politiques, et donc aussi diplomatiques, sont très fortes entre les deux pays.

Cette année 2016 marque le 125 e anniversaire du début des relations officielles entre Luxembourg et Lisbonne. « Le Grand-Duc Adolphe, qui a accédé au trône le 8 décembre 1890, a rapidement décidé de nouer des liens avec le Portugal. Même si on a des indices sur des relations économiques qui auraient déjà existé avant cette date, les relations s’officialisent avec le Portugal en 1891 », relate Régis Moes, conservateur au MNHA, qui a préparé l’exposition consacrée aux 125 ans des relations diplomatiques entre les deux pays en très étroite collaboration avec l’ambassade du Portugal au Luxembourg.

« C’est le 20 juillet de cette année que je suis allé trouver le directeur du MNHA pour lui suggérer cette exposition. On l’a organisé dans un délai très court et quasiment sans budget », note l’ambassadeur portugais Carlos Pereira Marques, qui a d’ailleurs été nommé commissaire de l’exposition.

Ce sont finalement les relations très étroites qui existent entre le Grand-Duché et le Portugal qui ont permis de monter en un temps record cette exposition d’une trentaine de pièces, qui retrace les débuts des relations officielles entre les deux pays. « Cela reste une fierté pour nous Portugais d’avoir été aux côtés du Luxembourg sur son chemin vers l’indépendance. On vous a accompagnés dans cette aventure jusqu’à aujourd’hui », a souligné Carlos Pereira Marques, lundi en début de soirée, lors de l’ouverture de l’exposition au MNHA.

Si les Archives nationales de Luxembourg ont pleinement joué leur rôle, les pièces les plus précieuses de l’exposition, dont les premières lettres de créances échangées entre Luxembourg et Lisbonne, ont ainsi été mises à la disposition du MNHA par des institutions portugaises, dont l’Assemblée de la République.

Il était donc logique d’inviter le président du Parlement portugais, Eduardo Ferro Rodrigues, à l’ouverture de cette exposition. Il a été chaleureusement accueilli sur le parvis du MNHA, situé sur le Marché-aux-poissons, à l’ombre du Palais grand-ducal.

Le 21 mai 1891, l’accueil du tout premier ambassadeur du Portugal accrédité au Grand-Duché n’était certainement pas moins chaleureux. Il s’agissait du Vicomte de Pindella. Conde de Selir lui a succédé le 23 juillet 1896.

«Le Luxembourg disposait d’un consul général honoraire avant et après la Deuxième Guerre mondiale à Lisbonne, mais n’a accrédité un ambassadeur résidant au Portugal qu’en 1988 », détaille le site de l’ambassade du Grand-Duché au Portugal.

Si les relations officielles avec le Portugal datent donc de 1891, les liens d’amitié entre les deux pays se sont encore renforcés avec la vague migratoire qui a déferlé à partir des années 1960 depuis le Portugal.

Aujourd’hui, il s’agit aussi de mettre en avant les relations culturelles entre les deux pays, comme l’a souligné hier le secrétaire d’État à la Culture, Guy Arendt. « C’est le pays avec lequel on développe le plus de projets. Tout cela témoigne de la richesse culturelle de nos deux pays », s’est rejoui le représentant du Premier ministre, Xavier Bettel, qui officie depuis l’année dernière aussi comme ministre de la Culture.

L’exposition «Luxembourg-Portugal, 125 ans de relations diplomatiques» est ouverte au public jusqu’au 13 novembre.

David Marques

Une histoire de famille

L’étroitesse des liens entre Luxembourg et Lisbonne est aussi liée aux liens familiaux existant entre les familles souveraines.

Les relations du Luxembourg avec le Portugal vont bien au-delà de la diplomatie et de la vague migratoire qui a déferlé à partir des années 1960 depuis la péninsule ibérique vers le Grand-Duché.

Non, les liens sont bien plus étroits encore. Comme le rapporte un résumé de l’histoire des relations entre les deux pays sur le site de l’ambassade du Grand-Duché à Lisbonne, les familles souveraines du Luxembourg et du Portugal sont également très proches.

Tout débute en 1893 avec le mariage du Grand-Duc héritier Guillaume (1852-1912) avec la Princesse Marie-Anne de Bragance, Infante du Portugal (1861-1942). Guillaume deviendra Grand-Duc le 22 novembre 1905 après la mort de son père, le Grand-Duc Adolphe (1817-1905), à l’origine des relations diplomatiques avec le Portugal. Guillaume IV est le père d’Adelaïde et de Charlotte, deux de ses six enfants qui allaient régner sur le pays après la mort de leur père en 1912.

Henri a du sang portugais

La Princesse Marie-Adélaïde, très contestée pour le rôle qu’elle jouera lors de la Première Guerre mondiale, était encore mineure au moment du décès de son père. C’est pourquoi la Grande-Duchesse Marie-Anne est nommée régente, fonction qu’elle remplira jusqu’à la prestation de serment de sa fille Marie-Adélaïde, le 18 juin 1912.

«Du sang portugais coule dans les veines de l’actuel souverain luxembourgeois (NDLR  : le Grand-Duc Henri) dans la mesure où deux de ses arrière-grands-mères et une de ses arrière-arrière-grands-mères étaient des Princesses de Bragance, filles du roi Miguel du Portugal», précise l’historique publié sur le site de l’ambassade du Grand-Duché à Lisbonne.

Grâce aux étroites relations avec le Portugal, la Grande-Duchesse Charlotte et la famille grand-ducale ont pu s’exiler au début de la Seconde Guerre mondiale à Cascais. C’est ici que la Grande-Duchesse, hautement estimée pour sa lutte afin de garder le pays uni, a préparé la suite de son exil passé aux États-Unis et au Royaume-Uni.

100 000 Portugais au Luxembourg

Si le chiffre est probablement un rien trop optimiste, il est assuré que les Portugais continuent à former la communauté étrangère la plus importante vivant au Grand-Duché.

Lundi soir, le secrétaire d’État à la Culture, Guy Arendt, a en effet évoqué que le Grand-Duché comptait aujourd’hui près de 100 000 habitants d’origine portugaise. Les chiffres officiels du Statec, datant de janvier, se «limitent» à un chiffre de 93 100 résidents portugais.

Quoi qu’il en soit, tous ces chiffres sont nettement supérieurs au nombre d’étrangers présents au Grand-Duché au moment de lancer les relations diplomatiques avec le Portugal. Toujours selon Guy Arendt, le Luxembourg comptait en 1896 un total de 15 000 habitants étrangers.