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Luxembourg : plus de 108 000 résidents en risque de pauvreté


Les responsables du Statec ont dévoilé, hier, les chiffres clés du dernier rapport «Travail et cohésion sociale».(Photo : julien garroy)

Le Statec a publié, lundi, des chiffres actualisés sur la cohésion sociale au Luxembourg. Le coût du logement demeure le principal facteur qui fait glisser les ménages dans la pauvreté.

Il s’agit de données qui tombent à point nommé pour les futurs partenaires de coalition CSV et DP. Comme nous l’indiquions dans notre édition de vendredi, la lutte contre la pauvreté a été placée tout en haut de la liste des groupes de travail qui doivent préparer le prochain programme gouvernemental. Les conclusions du Statec, présentées lundi, basées sur des chiffres de 2022, n’ont en soi rien de surprenant.

Le formateur Luc Frieden (CSV) l’avait d’ailleurs admis en fin de semaine après avoir consulté la Croix-Rouge et Caritas. Mais il se confirme une nouvelle fois qu’il y a péril en la demeure pour la cohésion sociale, sachant que plus de 108 000 résidents, soit 17,4 % de la population, se trouvent en risque de pauvreté. Ils ont un niveau de vie inférieur à 2 247 euros par mois et par personne. Un quart des ménages concernés sont issus des cantons d’Echternach, Remich, Clervaux et Esch-sur-Alzette.

Pourtant, le pouvoir d’achat augmente

Le fait que le taux de risque de pauvreté est en légère baisse, pointant encore à 18,1 % en 2021, n’est guère satisfaisant. Cela est d’autant plus vrai si l’on constate que l’impact des transferts sociaux monétaires (allocations, subsides, pensions, etc.) est en baisse constante. Les 47 % du budget de l’État 2022 consacrés à ces transferts sociaux ne diminuent plus que de 34 % le risque de pauvreté. L’impact était encore de 49 % en 2003. Après quelques variations, la courbe tend clairement vers le bas depuis 2018, après avoir encore atteint 47 % en 2017.

Une bonne nouvelle, qui est toutefois à relativiser, est que le pouvoir d’achat des résidents a augmenté en moyenne de 7,7 % l’an dernier, passant de quelque 3 745 euros en 2021 à 4 032 euros par personne en 2022. Cette hausse dépasse l’inflation annuelle, qui s’est établie à 6,3 % en 2022. «L’explication de cette progression réside dans l’indexation d’avril 2022 et des mesures prises par la tripartite (crédit d’impôts et les aides octroyées en réponse à la hausse des dépenses énergétiques, notamment la hausse de l’allocation de vie chère et les primes liées à l’énergie), ainsi que des hausses de salaires dues au marché du travail tendu», précise le Statec dans son rapport sur le travail et la cohésion sociale.

Le taux de travailleurs pauvres pointe à 12,9 %

Le Statec le confirme : «Avoir un emploi ne met pas toujours à l’abri du risque de pauvreté». Plus concrètement, 12,9 % des travailleurs au Luxembourg se trouvaient, en 2022, en situation de risque de pauvreté. A été prise en compte la population âgée de 18 à 64 ans ayant déclaré avoir travaillé plus de la moitié de l’année en 2022.

Plus de 50 % des travailleurs concernés étaient employés dans la construction, l’Horeca, la santé et le commerce. «Le taux de risque de pauvreté des travailleurs est plus élevé parmi les travailleurs à temps partiel et parmi ceux exerçant une profession manuelle ou élémentaire», développe le Statec.

Derrière suivent, de manière plus étonnante, les personnes occupées dans la fonction publique. Le tableau est complété par le personnel administratif et les salariés du secteur de l’information et de la communication. Pourtant, le Statec annonce que le Luxembourg «est en voie d’être une nation digitale». Près de la moitié des personnes en emploi (47 %) appliquent des compétences numériques constamment ou presque.

Ces derniers sont qualifiés de «knowledge workers». Ils disposent de revenus relativement élevés. Ce n’est pas le cas des travailleurs temporaires, des employés à temps partiel, des ressortissants issus de pays tiers (hors UE) ainsi que des personnes avec un niveau d’éducation moins élevé. Ils sont le plus souvent menacés de pauvreté.

«Les minima sociaux (Revis, salaire social minimum) ne constituent pas toujours une protection suffisante contre le risque de pauvreté, en particulier pour les ménages avec enfants. Le coût de la vie élevé aux Luxembourg, et particulièrement les dépenses liées au logement, font que les besoins des ménages ne sont pas toujours entièrement couverts», constate encore le Statec.

L’augmentation du pouvoir d’achat n’est cependant pas suffisante pour relever le niveau de vie des ménages les plus vulnérables. La principale cause est le coût du logement. La charge est qualifiée par 9 ménages sur 10 soit d’«importante», soit de «moyennement importante». «Cette situation touche presque tous les types de ménages, y compris 82 % des ménages les plus aisés et 91 % des ménages les plus défavorisés», détaille le Statec.

Deux tiers du revenu investis pour se loger

Les ménages avec enfants, les locataires et les propriétaires avec emprunts sont ceux où la charge liée au logement est la plus élevée. La situation est qualifiée de «particulièrement préoccupante» pour les ménages les moins aisés, qui se voient obligés de dépenser près de 60 % de leur revenu pour se loger.

En 2022, le revenu qualifié de «reste à vivre» (hors loyer, remboursement de prêt, assurance, etc.), destiné à la consommation, s’élevait en moyenne à 4 624 euros par mois. Par contre, pour les 10 % des ménages les plus modestes, ce revenu se limitait à 1 121 euros par mois. «En tenant compte de ce revenu véritablement disponible, le taux de risque de pauvreté grimpe en moyenne à 21 %», constate le Statec.

Pour ces ménages, il importe assez peu que le revenu disponible moyen a augmenté de 5,9 % en 2022 par rapport à 2021. Il est fixé à 6 963 euros contre 6 572 euros en 2021 et 6 247 euros en 2020.

La pauvreté de consommation concerne 18,9 % des résidents (19,8 % en 2021). La pauvreté liée au revenu s’établit à 17,4 % (18,1 % en 2021). La pauvreté de patrimoine financier est la plus importante, pointant à 21,1 % (32,7 % en 2021).

Combinés, ces trois éléments représentent ce que les statisticiens qualifient de «pauvreté multidimensionnelle». Ce sont les chômeurs, les inactifs, les locataires, les monoparentaux avec enfants qui sont davantage exposés à ce type de pauvreté.

Les revenus pour éviter la pauvreté varient entre 2 500 euros et 2 900 euros

ADULTE SEUL Le seuil de risque de pauvreté était évalué à 2 247 euros en 2022. Les adultes seuls représentent 44,2 % des ménages pauvres.

MONPARENTAUX Le seuil de risque de pauvreté pointe à 2 921 euros. Les couples sans enfants représentent 6,7 % des ménages pauvres.

COUPLE SANS ENFANTS Le seuil de risque de pauvreté pointe à 3 370 euros. Les couples sans enfants représentent 17,4 % des ménages pauvres.

COUPLE AVEC 1 ENFANT Le seuil de risque de pauvreté pointe à 4 044 euros. Les couples avec 1 enfant représentent 8 % des ménages pauvres.

COUPLE AVEC 2 ENFANTS Le seuil de risque de pauvreté pointe à 4 718 euros. Les couples avec 2 enfants représentent 18,4 % des ménages pauvres.

Un commentaire

  1. Pauvreté au Luxembourg = richesse ailleurs.