Le projet «Connections» de l’ASTI permet aux réfugiés installés au Luxembourg de trouver un stage ou une formation. Un premier pas vers une intégration durable.
Les demandeurs d’asile et réfugiés sont là depuis de nombreux mois au Luxembourg, et c’est maintenant la deuxième phase de l’intégration qui commence. Une fois les documents en poche, les réfugiés aspirent à une nouvelle vie stable avec leur famille. C’est-à-dire, comme nous, obtenir un emploi et un logement pour envisager un futur durable et surtout stable au Grand-Duché. C’est pourquoi l’ASTI a lancé ce projet «Connections», financé par l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte, qui accompagne les réfugiés et les met en relation avec des entreprises et des mentors qui prennent le pari de leur donner une chance.
Une série de séances d’information est organisée pour que la personne soit sensibilisée à l’histoire du pays, la société luxembourgeoise, la sécurité sociale, la loi d’asile, le RMG, l’équivalence des diplômes. On lui donne les premières astuces pour s’installer… C’est aussi une façon de mesurer la motivation du candidat. Seuls ceux qui ont assisté à au moins 70% des séances d’information et qui ont fait aussi preuve de compétences linguistiques fortes en français mais également en anglais, ont pu poursuivre la deuxième étape du projet, celle des ateliers. Les candidats sélectionnés ont pu aborder la culture d’entreprise dans le pays, rédiger leur CV, s’entraîner sur la façon de se comporter lors d’un entretien, etc.
Des centres de formation trop chers
Une trentaine de candidats ont été retenus pour la troisième phase du projet, celle des stages en entreprise. L’ASTI a trouvé 23 stages au sein de cabinets comptables, salons de coiffure, cabinets d’avocats, restaurants, entreprises dans le secteur de l’informatique, etc.
Mohamad Arrad a bénéficié de ce programme. Ce Syrien âgé de 27 ans a quitté son pays et sa femme enceinte, il y a dix mois, pour venir au Luxembourg. Spécialisé en comptabilité, il s’est dit qu’il trouverait plus facilement du travail dans un pays aussi international que le Grand-Duché. Mais les débuts ont été difficiles : « Je vivais dans un petit chalet au nord du pays avec sept autres personnes, c’était très difficile de se déplacer et d’obtenir des informations. »
Jusqu’à ce qu’il croise le chemin de l’ASTI, Mohamad est un peu livré à lui-même : « J’ai cherché des centres de formation, mais c’était trop cher pour moi. Je suis allé à la Bibliothèque nationale pour chercher des livres afin d’approfondir mes connaissances en comptabilité (NDLR : il est titulaire d’un master et possède quatre ans d’expérience ), mais j’étais un peu perdu, alors je me suis focalisé sur l’apprentissage du français… Avant de connaître l’ASTI et ce programme. » Entre-temps, Mohamad a obtenu un titre de séjour et avec tous ses papiers en règle, il arrive à la fin de son stage chez Deloitte avec une promesse d’embauche à la clé.
Certaines entreprises, la Chambre des salariés et l’Adem ont rejoint le programme pour faciliter l’intégration des réfugiés motivés et formés sur le marché du travail. La Sacred Heart University a également offert à deux réfugiés de suivre son cursus, mais une étudiante a dû quitter le programme. En cause, les accords de Dublin qui ne lui ont pas permis de rester au Luxembourg. En effet, les demandeurs de protection internationale sont liés au pays dans lequel ils font leur demande d’asile. Les embûches administratives sont donc encore nombreuses.
Audrey Somnard