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Luxembourg : les hôpitaux ont tenu le choc


La ministre Paulette Lenert était entourée, hier, par le Dr Françoise Berthet (à g.) de l’Observatoire national de la santé et d’Anne-Charlotte Lorcy (direction de la Santé). (Photo : Hervé Montaigu)

Avec un taux annuel d’occupation des lits aigus qui, en 2019, a atteint les 78,1 %, les établissements hospitaliers du pays disposaient d’une marge qui, en fin de compte, a aussi permis de faire face à la crise du covid.

Le nombre de passages au bloc opératoire est en nette hausse au Luxembourg. De 66 320 opérations réalisées en 2015, on est passé à 75 821 interventions en 2019. Les hôpitaux Robert-Schuman (HRS) arrivent en tête de cette statistique avec près de 41 % des opérations réalisées. Quelque 900 opérations ont eu lieu, en 2019, à l’Institut national de chirurgie cardiaque (INCCI). Pour l’activité chirurgicale, le taux des interventions ambulatoires est passé de 58,9 % en 2015 à 68,5 % en 2019.

Voici seulement un tout petit échantillon des centaines, voire milliers de chiffres, données, analyses et autres indicateurs repris dans la carte sanitaire 2021. Présenté hier matin, il s’agit d’un rapport qui «dresse un état des lieux détaillé du secteur hospitalier, avec un inventaire qui couvre les ressources structurelles et humaines et leur organisation, ainsi que le relevé des activités et des taux d’utilisation de ces structures».

«La carte sanitaire alimente les réflexions préliminaires sur la planification hospitalière et nous offre une information riche et utile sur laquelle on peut fonder nos appréciations et prendre des décisions éclairées», explique plus concrètement la ministre de la Santé, Paulette Lenert. 

L’importance du virage ambulatoire

Si, dans l’absolu, le nombre de lits a diminué, alors que le nombre d’habitants a augmenté, les hôpitaux continuent à tenir le choc, surtout grâce au virage ambulatoire qui est bien amorcé. «Par rapport au total des hospitalisations, l’hospitalisation de jour (…) a fortement augmenté et représente 44,8 % du total des admissions en 2019 contre 31 % en 2010», note la carte sanitaire. Le taux de chirurgie ambulatoire est passé de 58,9 % en 2015 à 68,5 % en 2019.

En 2021, les capacités d’accueil étaient de 2 667 lits hospitaliers, dont 2 042 lits aigus, 558 lits de moyen séjour, 56 lits de soins palliatifs et 67 lits de soins de longue durée. Au total, le Grand-Duché a un ratio de 4,2 lits hospitaliers pour 1 000 habitants en 2021. Au niveau des lits aigus, ce ratio est de 3,2 lits aigus pour 1 000 habitants.

«Les comparaisons européennes (2018) montrent que le nombre de lits d’hôpital pour 1 000 habitants au Luxembourg (4,5 en 2018) se situe légèrement en deçà de la moyenne des pays européens (5,0 lits pour 1 000 habitants). Ce ratio est inférieur à celui de l’Allemagne (8,0), de la France (5,9) et de la Belgique (5,6)», est-il précisé dans la carte sanitaire.

Le Panorama de la santé : Europe 2020, publié par l’OCDE, indique que, depuis l’an 2000, le nombre de lits d’hôpital par habitant a baissé dans tous les pays de l’UE. «En moyenne, le nombre de lits d’hôpital par habitant a diminué d’un peu plus de 20 % entre 2000 et 2018. Nouvelle confirmation toutefois de l’impact du virage ambulatoire : «Cette diminution est en partie imputable aux progrès des technologies médicales qui ont permis le développement de la chirurgie ambulatoire et la réduction de la durée moyenne de séjour des patients hospitalisés.»

Hausse des patients «frontaliers»

Entre 2015 et 2019, le taux annuel d’occupation des lits aigus a varié entre 72,9 % et 78,1 %. Cette marge a certainement contribué à faire aussi face à la crise du covid, qui a déferlé dès le mois de mars 2020 sur le Luxembourg (voir ci-dessous). Les défis ne manquent cependant pas.

«Le secteur est confronté au défi d’une croissance démographique significative et à une demande croissante de soins pour des assurés non résidents», résume le Dr Françoise Berthet, la chargée de mission pour la création de l’Observatoire national de la santé.

L’attrait des frontaliers pour les hôpitaux luxembourgeois est en augmentation constante : de 5,3 % en 2010 à 8 % des séjours en 2019. Les 25-64 ans représentent 74,4 % des séjours des non-résidents en 2019 contre 53,7 % chez les résidents. Toujours en 2019, les non-résidents hospitalisés venaient principalement de France (48,9 %), suivis de la Belgique (29 %) et de l’Allemagne (18,3 %).

Un élément plus «positif» est que la proportion de personnes âgées est plus faible au Luxembourg que dans les pays voisins européens. Ainsi, en 2019, la part de la population âgée de 65 ans et plus s’élevait à 14,4 % au Luxembourg contre 20 % en France, 18,9 % en Belgique et 21,5 % en Allemagne. Les admissions à l’hôpital des personnes âgées de 75 ans et plus ont augmenté de 2,1 % par an entre 2010 et 2019.

Les chiffres clés du secteur hospitalier

INFRASTRUCTURE Le Luxembourg compte en 2021, 10 hôpitaux, dont 4 centres hospitaliers (CHL, HRS, CHEM, CHdN) et 6 établissements hospitaliers spécialisés (chirurgie cardiaque, radiothérapie, neuro-psychiatrique, réhabilitation). S’y ajoutent un établissement d’accueil pour personnes en fin de vie (Omega 90), un établissement pour cures thermales (Mondorf) et un centre de diagnostic (LNS).

LITS En 2019, pour 2 102 lits hospitaliers aigus, 1 642 lits ont été occupés en moyenne par jour, avec une occupation journalière minimale de 1 132 lits et une occupation maximale de 1 899 lits, ce qui correspond à un taux d’occupation moyen de 78,1 % des lits. En 2021, les capacités d’accueil sont de 2 667 lits hospitaliers, soit un ratio de 4,2 lits pour 1 000 habitants.

SÉJOURS En 2019 ont été dénombrés 142 536 séjours hospitaliers, dont 55,2 % en hospitalisation stationnaire et 44,8 % en hospitalisation de jour, avec à la clé une durée moyenne de 7,4 jours. Les journées d’hospitalisation se chiffrent à 645 686 unités, correspondant à 1 642 lits occupés en moyenne par jour. Les HRS prennent en charge 36,9 % des séjours, suivis du CHL (25,2 %), du CHEM (24 %) et du CHdN (13,9 %).

DÉCÈS En 2019, 2 288 décès sont survenus en milieu hospitalier.

APPAREILS Pour l’imagerie médicale, on compte 13 scanners, 11 IRM, 7 gamma-caméras, 7 mammographes, 1 PET-CT et 1 prone-table.

Jusqu’à fin 2021, près de 3 600 patients covid

HOSPITALISATIONS Entre le 1er mars 2020 et le 31 décembre 2021, 3 582 hospitalisations dues au covid ont été rapportées : 1 741 séjours en 2020 et 1 841 en 2021. Le nombre des séjours a suivi une tendance similaire au nombre de personnes testées positives au coronavirus, avec des pics en novembre et décembre 2020 de 488 et 480 séjours respectivement.

Le CHL et le CHEM ont absorbé environ un tiers des patients chacun. Les HRS ont absorbé 19,2 % des séjours en 2020 et 18,4 % en 2021 et le CHdN 14,2 % en 2020 et 13,7 % en 2021. La durée moyenne de séjour des malades du covid était de 10,9 jours en 2020 et de 13 jours en 2021.

TYPE DE SOINS En 2020, 14,1 % (soit 246 sur 1 740 séjours) et, en 2021, 20,3 % (soit 373 sur 1 841 séjours) des séjours hospitaliers ont eu un passage aux soins intensifs. La durée moyenne des séjours avec un passage aux soins intensifs est de 20,6 jours en 2020 et de 25 jours en 2021 contre 9,3 et 10 jours pour les séjours uniquement en soins normaux.

ÂGE Les séjours de patients covid+ concernent principalement les groupes d’âge de 50 à 89 ans (72,2 % des séjours) et comptent davantage d’hommes (58,3 %). La tranche d’âge de 60-79 ans a constitué le plus grand nombre de passages en soins intensifs, suivie par les 40-59 ans.

DÉCÈS Les hôpitaux ont enregistré 256 décès dus au covid en 2020 et 258 décès en 2021. Le taux de létalité hospitalière est de 15,1 % (soit 316 décès sur 2 088 séjours) parmi les hommes et de 13,3 % (soit 198 décès sur 1 493 séjours) parmi les femmes. Le taux de létalité est de moins de 2 % parmi les 0-49 ans en 2020 et 2021, mais de 8 % en 2020 et 11,4 % en 2021 parmi les 60-69 ans, et de 31,9 % en 2020 et 28,5 % en 2021 parmi les 80-89 ans.