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Luxembourg : les familles d’accueil veulent être une référence


L’association FleegeElteren Lëtzebuerg est convaincue que le Luxembourg pourrait augmenter l’attractivité de l’activité de famille d’accueil. (Photo : afp)

Les familles d’accueil regrettent le manque de considération à leur égard alors que le pays continue de placer majoritairement les enfants en institutions. Mauvais élève en la matière.

Juste avant les vacances, les députés ont débattu des placements d’enfants. Le Luxembourg manque cruellement de familles d’accueil, l’État a tendance à placer les enfants ne pouvant pas grandir avec leurs parents d’origine au sein d’institutions. Les familles d’accueil ont aussi des revendications avant les élections et rappellent que le pays «est régulièrement critiqué pour ses pratiques» par le Comité des droits de l’enfant de l’Organisation des Nations unies.

Pour l’association FleegeElteren Lëtzebuerg, le manque de familles d’accueil n’est pas une fatalité.  «Nous sommes intimement convaincus qu’en augmentant l’attractivité de l’activité de famille d’accueil, le Luxembourg pourrait s’approcher de l’objectif que chaque enfant puisse grandir au sein d’une famille stable et réconfortante», déclare l’association.

Elle a rédigé un document qui adresse douze recommandations aux décideurs qui permettraient, selon elle, de relancer le recrutement de nouvelles familles d’accueil et d’augmenter le nombre de places disponibles hors institutions pour les enfants ne pouvant pas grandir avec leurs parents d’origine.

1 299 jeunes seraient placés

Pour le Comité des droits de l’enfant de l’Organisation des Nations unies, il faut «éliminer progressivement les mesures d’accueil stationnaires en institution et favoriser la prise en charge des enfants en milieu familial».  Le même objectif a été formulé par le gouvernement dans le plan d’action national. Certes, cela reste un objectif ambitieux et prometteur, encore faut-il soutenir et développer massivement le secteur du placement familial.

Selon les chiffres actuels publiés par l’ONU, 1 299 enfants ou jeunes adultes seraient placés, dont 527 en famille d’accueil et 772 en institution, ce qui mène à un rapport de 40 % en famille d’accueil et 60 % en institution.

Actuellement, les trois services d’accompagnement du placement familial (Croix-Rouge, Kannerduerf et Arcus) constatent un quasi-arrêt au niveau du recrutement de nouvelles familles d’accueil. Cette tendance se confirme, observe l’association, en lisant les derniers chiffres publiés dans le rapport d’activité de mars 2023 qui indique qu’en 2022, 237 nouveaux placements de mineurs ont eu lieu et seulement 20 ont trouvé accueil au sein d’une famille.  «Nous sommes ici à un rapport de 90 % contre 10 %», constate amèrement l’association des familles d’accueil.

Malaise et frustration

Le projet de loi portant aide, soutien et protection aux mineurs, aux jeunes adultes et aux familles a été déposé en mars 2022. L’ASBL Fleegeelteren Lëtzebuerg approuve globalement cette réforme qui tente d’améliorer la protection des mineurs.

Cependant, alors que le ministre Claude Meisch a annoncé de rendre l’activité des familles d’accueil plus «attractive», l’association pense, au contraire, qu’il faut nuancer. «Certaines modifications du cadre législatif actuel et l’introduction de nouvelles contraintes pour les familles d’accueil mèneront à une détérioration manifeste de leurs conditions d’exercice et remettent en question la viabilité du secteur du placement familial», écrit l’association qui se demande si le placement familial est un «modèle fin de série».

Le secteur est marqué par un malaise, dit-il, à la «suite (…) de nombreuses frustrations qui ont mené à des phénomènes de découragement et d’amertume». Les familles d’accueil ont l’impression qu’on ne les informe que tardivement et de façon incomplète, qu’on ne les implique pas vraiment, qu’on ne demande pas leur avis, qu’on les met devant le fait accompli des décisions prises.

Le secteur «out-of-home care for children» est le plus souvent représenté par les institutions via l’intermédiaire de l’ASBL Fédération des acteurs du secteur social au Luxembourg (Fedas). Les familles d’accueil assurent l’encadrement de 40 % des enfants placés, «mais leur manière de travailler et leur vue des choses est rarement prise en considération (à la) suite (d)u fait qu´elles manquent de visibilité et de poids lors de négociations», regrettent-elles.

Les familles d’accueil veulent en premier lieu être consultées à chaque fois qu’une politique, un programme et projet relatifs au secteur de l’aide à l’enfance et à la famille sont élaborés ou mis en place.

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