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Luxembourg : l’école face au choix de la langue


Le ministre Claude Meisch, qui défend l'idée d'une alphabétisation en allemand ou en français dans le système d'enseignement luxembourgeois, est soutenu par une majorité des députés (Photo : Julien Garroy)

L’alphabétisation en allemand crée des discriminations que tous les experts constatent, rapport après rapport. L’heure de proposer un choix dans la langue d’alphabétisation a sonné. Les députés en sont conscients.

La majorité a voté, la semaine dernière, une résolution invitant le gouvernement à mettre en place un concept pour l’enseignement fondamental inspiré du modèle des écoles européennes et internationales. Soit l’introduction du choix de la langue d’alphabétisation entre l’allemand et le français. Le dernier rapport national sur l’éducation (Bildungsbericht) les y encourage fortement, s’il fallait encore un rapport pour constater que le système scolaire luxembourgeois est fortement discriminatoire.

C’est sur l’initiative de la députée Francine Closener (LSAP) que la séance de jeudi dernier a été largement consacrée au système éducatif. Une question élargie d’abord pour rappeler les chiffres effrayants contenus dans le rapport : 72 % des élèves présentant un statut socio-économique (SSE) élevé sont orientés vers le classique, contre seulement 16 % des élèves à SSE faible. Seulement 16,5 % des élèves ne parlant pas le luxembourgeois à la maison se retrouvent au classique, contre 41 % pour les luxembourgophones. Un tiers des écoliers ont comme langue maternelle le luxembourgeois à la maison.

Alors il est temps d’agir et le ministre Claude Meisch a commencé à le faire depuis son arrivée au gouvernement en créant une offre européenne et internationale qui marche fort. À peine annoncée, l’école internationale Gaston-Thorn, qui doit ouvrir ses portes en septembre prochain sur le territoire de la capitale, ne prend déjà plus d’inscriptions. Elle affiche complet, selon la députée Diane Adehm  (CSV) qui en a fait l’expérience.

Ces écoles qui présentent une alternative bienvenue au système classique luxembourgeois ne peuvent pas à elles seules gommer les discriminations relevées par tous les experts au fil des ans. Comme le dit le ministre, il ne peut pas construire assez d’écoles de ce type, en revanche, son modèle peut intégrer le système luxembourgeois, ce qui participerait à gommer les discriminations relevées d’année en année.

3 000 primo-arrivants parmi les élèves

Il n’y a pas de réponse simple à un sujet compliqué. Le trilinguisme survivra-t-il à ce nouveau modèle? Déjà aujourd’hui, comme le remarque Francine Closener, le français a tendance à être négligé par les Luxembourgeois au profit de l’anglais. C’est déjà une menace contre le trilinguisme et c’est effrayant, selon elle.

Très favorable aux écoles européennes, la députée socialiste, qui lutte contre «les discriminations flagrantes» que produit le système d’enseignement classique, aimerait aussi que ces nouveaux établissements affichent la transparence nécessaire quant à leur population scolaire. «Elles doivent refléter la diversité de notre société», assure le ministre.

Chaque année, 3 % de primo-arrivants (les élèves qui ont entamé leur scolarité dans un autre pays) viennent gonfler les rangs de la population scolaire, soit grosso modo 3 000 élèves. «Ces 3 % s’ajoutent aux 3 % des années précédentes et on arrive à un quart d’élèves d’origines très diverses à intégrer dans nos écoles», précise le ministre. À côté des Portugais, des Français, des Italiens et des Allemands, il y a 44 autres nationalités recensées parmi les élèves.

Alors quels sont les élèves prioritaires dans ces écoles européennes dont les places sont encore très limitées eu égard à l’énorme demande, y compris des Luxembourgeois séduits par ce modèle d’enseignement? Le Conseil d’État avait refusé que l’école internationale de Differdange réserve un tiers de ses places aux enfants de la localité.

Pour répondre à toutes les questions que se pose la députée socialiste, il faudra attendre le résultat des premières études concernant ces nouveaux établissements tant prisés. Elles sont lancées cette année pour livrer un premier bilan.

Enfin, aborder ce sujet aura aussi permis d’encenser un corps professoral qui se démène au quotidien, selon le ministre, pour aider tous les élèves à réussir. «Notre système ne remonte pas à l’âge de pierre!», assène le ministre Claude Meisch, qui voit à chacune de ses visites sur le terrain «l’engagement des enseignants et le dynamisme de l’école». Il reconnaît qu’en général on lui montre toujours le bon côté des choses.

«Les nouvelles écoles internationales sont certainement meilleures pour certains élèves, alors que d’autres leur préféreront la voie du modèle luxembourgeois», conclut le ministre, qui n’aime pas l’évocation d’un seul système uniformisé.

3 plusieurs commentaires

  1. Contribuable

    Closener ferait mieux de s’occuper des voitures de service pour ses vacances privées, que de l’enseignement…

  2. Michèle LIARDET

    Pourquoi vouloir tirer l’éducation luxembourgeoise vers le bas ?
    Jusqu’à présent, tous les enfants non luxembourgeois qui ont fait l’effort de suivre les programmes scolaires luxembourgeois finissent leur scolarité en parlant facilement 3 langues au minimum ( langue maternelle, paternelle, luxembourgeois, allemand, anglais )…
    Ça n’est pas le pays d’origine de l’élève qui doit contraindre le Luxembourg mais l’inverse et les jeunes ont les capacités d’apprendre et vont à l’école pour cela.
    Je suis très heureuse d’avoir fait le choix de l’école luxembourgeoise pour mon fils dès ses 4 ans. Il a 20 ans maintenant et les quelques difficultés des premières années sont oubliées et il se rend compte maintenant qu’il est à l’Université en France, à quel point c’est un atout de pouvoir s’exprimer avec plusieurs modèles de réflexion grâce au mode de fonctionnement du Luxembourg.

  3. Le fait de maîtriser quatre langues (avec l’anglais) est un atout majeur du Luxembourg. Ne le sabotons pas!