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Luxembourg : golf partout, justice nulle part


Discours, chants protestataires et des inscriptions à la craie sur le bitume, le tout devant l’entrée du golf près du Findel. (photo Rise for Climate Luxembourg)

Des manifestations simultanées contre le coût de la vie et la crise climatique se sont déroulées samedi dans plusieurs pays européens. L’une d’entre elles avait lieu au Luxembourg.

C’est sous le slogan «It’s their time to pay» (leur tour de payer) que plusieurs manifestations en faveur du climat et pour plus de justice sociale se sont déroulées samedi en Europe. Au Luxembourg, près d’une cinquantaine de personnes s’étaient donné rendez-vous vers 10 h, près du Findel, répondant ainsi à l’appel de Rise for Climate Luxembourg. Les manifestants étaient escortés par de nombreux policiers qui «ont tenté de les contenir sur les trottoirs, en vain», rapporte Brice Montagne, membre du collectif. Ils ont marché et chanté depuis l’arrêt de bus de l’aéroport jusqu’à l’entrée du Golf-Club grand-ducal de Luxembourg, lieu symbolique d’un luxe réservé à quelques-uns s’il en est.

Après avoir interdit l’entrée du golf pendant deux bonnes heures aux voitures, quelques manifestants ont été reçus par le directeur du club, qui s’est montré évasif face à des questions portant sur la quantité d’eau nécessaire pour arroser les pelouses impeccables du golf ou sur les membres de son conseil d’administration. Il a surtout paru soulagé qu’il n’y ait pas eu de dégradations.

Convaincus que la lutte pour le climat passe par une remise en question du capitalisme et du productivisme, les manifestants, en choisissant de bloquer l’entrée de ce golf, souhaitaient «réorienter le débat sur l’écologie sur la question des classes», explique encore Brice Montagne.

«C’est aux milliardaires de payer»

Et de pointer du doigt le fait que les plus riches sont ceux qui polluent le plus. En 2020 déjà, Oxfam avait en effet publié une évaluation de la répartition mondiale des émissions entre les individus : les 1 % les plus riches étaient responsables de 15 % des émissions de gaz à effet de serre et les 10 % les plus riches causaient 49 % de ces émissions. «Le capitalisme alimente la crise climatique, c’est donc avec ce système qu’il faut rompre», note le collectif.

«Le Golf grand-ducal est un exemple parfait de la façon dont les riches s’engraissent sur notre dos», dénonce le Rise for Climate Luxembourg. «Ce golf gaspille des milliers de litres d’eau potable et des dizaines d’hectares de terrain au profit de quelques riches. Ce terrain pourrait être une forêt ou une ferme urbaine pour le bénéfice de tous», poursuit-il.

Pour Brice Montagne, dont le collectif est en pleine réflexion et cherche à se redéfinir, il va falloir faire preuve de plus de «radicalité», comme le préconise le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) quand il préconise une transformation radicale «des processus et des comportements à tous les niveaux» de la société face au réchauffement climatique. Surtout, reprend Brice Montagne, dans un pays où, selon lui, «enchaîner les manifestations ne sert à rien et où les politiques ne veulent rien entendre».

Cette action se déroulait en même temps que d’autres au Portugal, en Grèce, en Autriche, en Suisse… Et si les revendications ne sont pas identiques d’une région à l’autre – «des pays de l’UE réclament la gratuité des transports publics, nous nous réclamons la gratuité des transports publics pour tous ceux qui viennent travailler au Luxembourg», détaille le militant –, le constat est le même : «Nous avons payé plus qu’il n’en faut, c’est maintenant aux milliardaires de payer!».

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