Les députés ont rencontré les gardiens de prison et ont décidé dans de satisfaire une partie de leurs revendications.
Le rendez-vous avait été fixé la semaine dernière pour les gardiens de prison, invités à rencontrer les membres de la Commission juridique après les événements (grève et menaces sur les agents pénitentiaires) survenus à Schrassig. Face à des détenus de plus en plus violents, selon eux, ils ne disposent que de la matraque et des menottes comme seuls moyens pour se défendre.
Les députés connaissent les revendications des gardiens depuis 18 mois, puisque l’Association des agents pénitentiaires (AAP) a eu le loisir d’aviser le projet de réforme engagé par le ministre Félix Braz (déi gréng) qui vise principalement une réinsertion sociale réussie des délinquants à leur sortie de prison. Les gardiens se réjouissent de l’objectif, mais ils s’attendent aussi à plus de considération de la part des décideurs. Leurs revendications concernant les moyens mis à leur disposition ont été suivies en grande partie par les députés qui ont rédigé, hier, un amendement au projet de réforme offrant aux gardiens des moyens supplémentaires tels que le gaz poivre et des armes à munition non pénétrante comme par exemple des flash-balls.
Les députés n’ont pas eu à hésiter avant de leur accorder ces nouveaux moyens après le récit des derniers événements livré par les gardiens. Ils ont témoigné d’une «situation explosive» et plus généralement d’un changement de la population carcérale, «davantage prête à recourir à la violence», selon la Chambre des députés.
«Le gel au poivre éviterait de porter tout coup au détenu qui présenterait un comportement révolté», expliquait l’AAP dans son avis de 2016. En revanche, pas de tasers. Sam Tanson, la présidente de la Commission juridique, déclarait mercredi au micro de RTL que des unités spéciales existaient déjà pour intervenir en cas de besoin, comme avait déjà argumenté le ministère, qui relevait des dangers dans l’usage des tasers.
En cas de légitime défense
Les députés ont fixé le cadre restrictif pour l’utilisation et le stockage de ces armes. Ces nouveaux moyens de contrainte doivent servir uniquement en cas de légitime défense et pour sécuriser le périmètre de sécurité à l’extérieur (et non à l’intérieur de la prison). Les gardiens ont expliqué aux députés qu’ils ne souhaitaient pas porter ces armes sur eux en continu, mais avoir la possibilité d’y recourir afin de réagir rapidement au cas où ils seraient appelés à l’aide pour protéger par exemple un collègue qui se ferait attaquer, résume la Chambre des députés.
La question des moyens ayant été évacuée, députés et gardiens ont poursuivi la discussion sur d’autres sujets : les fouilles en prison et le transport des détenus. Ici, les agents pénitentiaires proposent le recours aux chiens pour faciliter les fouilles à la recherche d’objets interdits, tels des téléphones portables ou encore des drogues.
En revanche, les gardiens n’auront plus la possibilité de quitter les murs de la prison pour un transport de détenus, comme c’est le cas aujourd’hui selon des compétences partagées entre la police et les gardiens. À l’avenir, seule la police assurera les transports, ce qui nécessitera du personnel supplémentaire qui est par ailleurs prévu par la réforme de la police grand-ducale.
Cette réforme devrait entrer en vigueur à la prochaine rentrée de septembre. La semaine prochaine, les travaux se poursuivent pour les députés, qui sont appelés à adopter une série d’amendements. À la mi-juin, la réforme devrait être votée en plénière, juste avant les vacances. Si tout va bien.
G. M.