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Luxembourg : elles escroquaient les boutiques de luxe


(Photo : AFP)

Leur butin est important. En trois jours en mai dernier, les deux prévenues ont arnaqué deux boutiques de luxe rue Philippe-II à Luxembourg. Les transactions avec leurs cartes de crédit falsifiées s’élèvent à 16 250 euros. L’hôtel où elles séjournaient dans la suite prestige a été victime d’une grivèlerie.

« On peut parler du phénomène de « one day shopper », récapitulait mercredi matin le représentant du parquet. De telles associations opèrent partout en Europe. On fournit aux femmes des cartes de crédit falisifiées, on leur réserve l’avion et l’hôtel. Elles achètent les articles de luxe. Et à leur retour, les achats sont récupérés par le commanditaire. »

C’est grâce à la vigilance de SIX Payment Services (l’ancienne Cetrel) que les deux femmes ont été interpellées le 16 mai 2017. «Notre système de détection nous a sorti une alerte sur une série de tentatives de transactions dans une bijouterie rue Philippe-II. On l’a contactée», rapporte l’employé. «Comme les clientes se trouvaient dans la boutique, le patron a entrepris quelques vérifications. En regardant de plus près leurs cartes, il a vu qu’il s’agissait de faux.» La police avait été contactée sur-le-champ.

L’enquête avait établi que les deux clientes avaient atterri au Grand-Duché trois jours auparavant. Elles avaient séjourné dans la suite prestige d’un hôtel place d’Armes à Luxembourg. Cet établissement a été victime d’une grivèlerie. La réservation en ligne a été effectuée via une fausse carte. À leur arrivée, elles se sont enregistrées avec un faux nom. Et le 16 mai, elles ont quitté l’établissement sans régler leur chambre. La facture s’élevait à 2873 euros…

Les tentatives s’élèvent à 59 000 euros

Durant leur séjour, les deux femmes ont aussi escroqué plusieurs magasins du centre-ville à l’aide de leurs cartes falsifiées. La première transaction relevée s’élève à 10,60 euros. « D’après nous, il s’agissait d’un simple test», remarque l’enquêteur. Plus tard, elles s’étaient rendues dans une première boutique de luxe où elles avaient acheté deux sacs à main d’une valeur totale de 6 150 euros.

Elles avaient toutefois eu moins de chance dans la boutique suivante. Malgré plusieurs tentatives, elles n’avaient en effet pas pu régler tous leurs achats dans la bijouterie. Elles y étaient donc retournées le lendemain matin. La suite, on la connaît.

« Dix cartes bancaires falsifiées ont été retrouvées sur elles» , rapporte l’enquêteur de la police judiciaire qui est intervenu. « Il s’agissait pour la plupart de cartes cadeaux prépayées anglaises qui ont été altérées. La bande magnétique a été effacée. Leurs noms et des dates de validité ont été inscrits… »

Trois ans de prison et une amende requis

Seule une des deux prévenues s’est présentée mercredi matin devant la 18e chambre correctionnelle. Actuellement en détention préventive à Schrassig, la jeune femme de 21 ans reconnaît avoir payé les achats à Luxembourg avec des cartes falsifiées. « À l’époque, je n’ai pas pensé aux conséquences. Cela ne va plus se reproduire », a-t-elle assuré. Elle pensait obtenir de l’argent en échange de cette opération. Lors de son audition à la police, elle avait indiqué avoir reçu les cartes d’un certain «Joseph». Une connaissance en Angleterre de son amie, dit-elle. Cette dernière, qui réside en Angleterre, n’a pas pu venir au Luxembourg pour le procès mercredi matin «en raison d’une maladie». Elle sera donc jugée le 30 mai.

«Les deux sont venues ensemble au Luxembourg avec la même énergie criminelle. Elle est à considérer comme coauteur», a martelé le représentant du parquet. Il requiert 36 mois de prison, une amende appropriée et la confiscation des cartes saisies. Si le montant des transactions effectuées s’élève à 16 250 euros, celui des simples tentatives est de 59 000 euros. Outre les infractions d’escroquerie, de tentative d’escroquerie et de grivèlerie, le parquet demande de retenir l’association de malfaiteurs : « Leur nom figurait bien sur les cartes falsifiées. On leur avait réservé l’avion et l’hôtel. On leur a donné des instructions sur la manière d’utiliser les cartes. » « Si SIX Payment Services n’était pas intervenu, le préjudice serait aujourd’hui sans doute encore plus grand », conclut le parquetier.

Prononcé le 15 mars.

Fabienne Armborst

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