Tout le monde les attendait, ils sont arrivés, les soldes d’été! Les commerçants comptent notamment sur eux pour relancer leurs affaires.
Des -20 %, -30 %, -50 %! Les soldes ont débuté vendredi au Luxembourg. À l’affût des bonnes affaires, les premières fashionistas, privées de shopping pendant plus de deux mois, se sont ruées dans les boutiques du centre-ville de la capitale. Promotions alléchantes et budgets accordés aux achats à peine entamés suffiront-ils pour permettre aux commerçants de se relever des conséquences du confinement? Il est encore trop tôt pour le dire.
Néanmoins, selon la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC), de nombreux commerçants luxembourgeois se réjouissent de ces soldes qui vont leur permettre de faire rentrer des liquidités. Ils comptent notamment profiter du report à la mi-juillet ou août des soldes chez nos voisins belges et français qui préfèrent écouler leurs marchandises au prix fort un peu plus longtemps pour renflouer leurs caisses.
À Luxembourg, pour maximiser les profits et compenser les pertes de clientèle dues au télétravail, les magasins seront ouverts tous les dimanches jusqu’au 19 juillet inclus et les parkings Stade et Schuman seront gratuits. Une ville sans commerces étant une ville morte, l’administration communale de la capitale multiplie les aides à ses commerçants.
Vendredi midi, la Grand-Rue avait retrouvé ses airs d’avant la pandémie. Une foule bigarrée représentative de la population de Luxembourg en journée, arpentait les rues du centre-ville ou remplissait les terrasses des restaurants. Certains, des sacs siglés à la main ou sous leurs chaises. Comme Iris, une belle plante adepte de la taille O. «Mon budget fringues est resté presque intact depuis le 16 mars. J’ai juste craqué sur une petite robe noire ba&sh à la réouverture des magasins. Je vais donc pouvoir me faire plaisir. Les magasins doivent avoir pas mal de marchandises à écouler donc les promotions seront bonnes» , indique-t-elle, sans une once de culpabilité. Son amie Julie a craqué pour une belle robe en soie à moitié prix. «Ce n’est qu’un début! J’attends la deuxième démarque pour faire des affaires encore meilleures dans des boutiques de marques françaises à la mode» , précise la jeune femme. Chacune sa technique. «Notre pause de midi a été fructueuse!» , se réjouit-elle en sirotant un soda en terrasse.
Une situation précaire
À part les indispensables masques qu’il faut porter pour entrer dans un commerce, les boutiques ont lâché du lest sur les mesures de sécurité. À condition de s’être désinfecté les mains à l’entrée et de porter un masque, on peut à nouveau toucher les vêtements avant de les essayer. «Ces mesures étaient contraignantes pour tout le monde et décourageaient une partie de notre clientèle de venir nous rendre visite» , explique une vendeuse, heureuse de voir la boutique où elle travaille «se remplir comme avant» . Dans une autre boutique franchisée, une vendeuse reconnaît «avoir peur pour son emploi» et celui de son compagnon si «ça ne repart pas» . Souriante, elle s’avoue toutefois confiante : «Les Luxembourgeois ont un bon pouvoir d’achat et le pays a plus de ressources que la France pour sauver le commerce.»
Un gérant de commerce espère, quant à lui, «que les personnes en télétravail reviendront en ville le week-end pour effectuer des achats» . La présence de ces salariés manquerait cruellement aux commerçants de la capitale. «Heureusement, nous avons déjà pu profiter de la fête des Mères et dans une moindre mesure de la fête des Pères chez nos voisins» , ajoute-t-il.
Les recettes engrangées durant ces soldes devraient aider les commerçants à préparer la saison d’hiver. Les magasins de fast fashion, type H&M, Pull&Bear ou Zara, n’ont pas désempli depuis leur réouverture. Du côté de Freddy Schaack, gérant de House of Underwear, et de Nadine Berend, propriétaire de la boutique pour dames Richy, croisés la semaine passée, les affaires ont bien repris après le ralentissement dû au Covid.
Reste une crainte : celle de la fameuse deuxième vague du virus. Les commerçants la redoutent. La situation est précaire et les lendemains sont incertains. «Les gens doivent se responsabiliser et comprendre l’importance de se protéger et de protéger la société sinon la crise sanitaire sera également financière» , estime une couturière de chez Couture Anne, qui s’est lancée dans la confection des masques en tissu.
Les commerçants se réjouissent du retour de la clientèle qui ne doit pas avoir peur de venir flâner dans leurs boutiques. Restaurateurs et cafetiers voient, quant à eux, ces soldes comme une opportunité de mettre du beurre dans leurs épinards. Jamais soldes n’auront été autant attendus.
Les communes à la rescousse
Vendredi dernier, la Ville de Luxembourg a voté, lors de son conseil communal, une aide financière directe de 4 000 euros sous forme de subside forfaitaire à destination des commerces sur son territoire. L’administration communale ne cesse de débloquer des aides en faveur de ses commerçants. L’avant-dernière en date consistait en l’achat de bons d’achats à hauteur de 1 000 euros par commerce qui seront redistribués aux habitants de la capitale ou mis en jeu. Avant cela, la Ville – comme les communes de Dudelange, Esch-sur-Alzette et Ettelbruck – avait déjà renoncé aux loyers des espaces commerciaux qu’elle mettait en location et concédé des facilités pour les commerces issus du secteur de l’Horeca. Le gouvernement a fait de même pour les bâtiments dont il est propriétaire.
Les centres commerciaux City Concorde et Cactus ont emboîté le pas à la Ville de Luxembourg en ne réclamant pas de loyer aux locataires de leurs galeries marchandes. À Auchan Kirchberg, le paiement des loyers a été différé jusqu’à nouvel ordre. Idem à Auchan Cloche d’or. Des sacrifices conséquents pour sauver le commerce que tous les propriétaires n’ont pas pu ou pas été prêts à faire.
Sophie Kieffer