L’Ukraine a appelé jeudi l’Occident, à la veille d’une réunion cruciale, à « considérablement » augmenter ses livraisons d’armes, notamment de chars lourds, pour pouvoir vaincre l’armée russe.
« Nous lançons un appel à tous les États partenaires qui ont déjà fourni ou envisagent de fournir une aide militaire, en les appelant à renforcer considérablement leur contribution », ont exhorté dans un communiqué commun les ministres ukrainiens de la Défense et des Affaires étrangères, Oleksiï Reznikov et Dmytro Kouleba.
Ils ont en particulier pointé du doigt douze pays, notamment l’Allemagne et la Turquie, les appelant à lui fournir les chars de fabrication allemande Leopard dont Kiev a cruellement besoin, mais dont les livraisons sont incertaines du fait de tergiversations allemandes.
S’exprimant par visioconférence en marge du Forum économique de Davos en Suisse, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fait jeudi la leçon à ceux qui hésitent, brocardant ceux qui disent « je livrerai des chars si quelqu’un d’autre le fait ».
Berlin sous pression
« Je ne pense pas qu’il s’agisse de la bonne stratégie », a-t-il regretté, visant Berlin qui fait l’objet aussi d’une pression croissante de plusieurs voisins européens pour qu’il autorise des livraisons de Leopard.
Selon des informations de presse, Berlin ne livrera des chars lourds que si les États-Unis en font autant avec leurs Abrams. Or Washington n’est pas prêt dans l’immédiat à fournir à l’Ukraine ces puissants chars de combat, selon un haut responsable du Pentagone.
Les autorités ukrainiennes ont aussi dit avoir besoin de missiles de plus longue portée pour pouvoir frapper la chaîne logistique russe, notamment les dépôts de munitions.
Mais les Occidentaux craignent, malgré les assurances ukrainiennes, que Kiev puisse provoquer une escalade de la guerre en usant de ces armes pour frapper en profondeur le territoire russe et les bases aériennes et navales de Crimée, péninsule annexée en 2014 par la Russie.
« Rien de bon pour la sécurité européenne »
Le Kremlin a d’ailleurs adressé un avertissement clair jeudi : la livraison d’armes de plus longue portée « signifierait que le conflit atteindrait un nouveau palier » et que ça ne promettait « rien de bon pour la sécurité européenne ».
Néanmoins, selon le New York Times, l’administration Biden commence à réfléchir à la possibilité de donner à l’Ukraine les moyens d’attaquer la Crimée, car il s’agit d’une base-arrière clé pour l’effort de guerre russe.
Vendredi, les ministres de la Défense et hauts responsables militaires des pays occidentaux apportant une aide militaire à l’Ukraine se réuniront donc autour du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, à Ramstein, en Allemagne, pour se coordonner.
Le Royaume-Uni a déjà promis 14 chars lourds Challenger 2 et la Pologne se dit prête à envoyer 14 chars Léopard 2 de fabrication allemande. Mais l’Ukraine a besoin de plusieurs centaines de ces véhicules pour pouvoir lancer des offensives dans l’Est et le Sud.
Mercredi à Davos, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a assuré que les pays membres allaient fournir des armes « plus lourdes et plus modernes ».
La Suède enverra des canons automoteurs
La Suède a décidé de livrer à l’armée ukrainienne des canons automoteurs à longue portée de modèle Archer, un équipement moderne réclamé par Kiev depuis de nombreux mois, ainsi que des blindés légers, a annoncé jeudi le gouvernement.
Le pays scandinave, qui a rompu avec l’Ukraine avec sa doctrine de ne pas livrer d’armement à un pays en guerre, va également envoyer 50 blindés de combat d’infanterie CV-90 ainsi que des missiles anti-tank portables NLAW, a annoncé le gouvernement.
D’une portée de plus de 30 kilomètres, pouvant dépasser 50 km avec certains obus perfectionnés, le système d’artillerie Archer, produit par une filiale suédoise géant de l’armement BAE Systems, est de la même classe que le canon Caesar français, que les Ukrainiens utilisent déjà avec profit sur le terrain.
Posé sur un camion tout-terrain, il est capable de tirer plusieurs obus en quelques dizaines de secondes, puis de se déplacer presque immédiatement après, le rendant redoutable pour détruire l’artillerie adverse.