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Logement : la Chambre des métiers veut un sursaut


La chambre professionnelle souligne que le nombre de logements autorisé lors des trois premiers trimestres 2022 a chuté de 28 % par rapport à la même période en 2021. (photo archives LQ)

Pour la Chambre des métiers, il est urgent de ne plus attendre pour répondre à la pénurie de logements qui frappe le pays.

Les Assises nationales du logement, qui doivent avoir lieu mercredi, sont-elles «un pis-aller pour couvrir les tergiversations politiques» ? C’est ce que se demande la Chambre des métiers à travers une prise de position diffusée vendredi. Pour elle, il faut arrêter de discuter et prendre enfin des décisions fortes. La chambre professionnelle représentant toutes les entreprises de construction du pays sera présente à ces assises et dresse un état des lieux alarmant de la situation.

Hausse des taux d’intérêt et climat d’incertitude généralisé pèsent sur l’activité du secteur de la construction. «Le nombre de logements autorisé lors des trois premiers trimestres 2022 a chuté de 28 % par rapport à la même période en 2021 !», explique ses représentants. Pour la Chambre des métiers, cette baisse de la demande, couplée à une hausse des coûts, risque de mettre en péril un certain nombre d’acteurs de la construction. Il faut donc agir, et vite.

Pour la Chambre des métiers, il faut ainsi augmenter sensiblement l’offre de logements, notamment celle de logements abordables. Et elle martèle que «peu de progrès ayant été réalisés, comme en témoigne plus particulièrement l’évolution des prix immobiliers résidentiels, le dossier du logement occupera très certainement l’actualité du Luxembourg au cours des années à venir». Des «décisions politiques courageuses» doivent être prises «pour ne pas accentuer davantage les tensions sur ce marché et pour veiller à garantir l’attractivité de notre pays».

Vive critique des initiatives législatives

La Chambre des métiers pointe du doigt certaines initiatives législatives qui sont jugées insuffisantes par rapport aux défis posés, ou carrément contreproductives. Selon elle, les amendements gouvernementaux au projet de loi relatif au bail à loyer, de même que la réforme de l’amortissement pour immeubles locatifs, risquent de fortement contrarier l’offre sur le marché locatif. «Ce qui, dans un contexte d’augmentation continue de la demande, conduira nécessairement à des hausses de loyers, soit à l’opposé des objectifs affichés par le projet de loi en question», ajoute le communiqué de presse.

De ce fait, la Chambre des métiers demande le retrait des amendements et le maintien du statu quo. Même si le Pacte logement 2.0 est sur les rails, l’organisme constate que sa mise en œuvre concrète pose des problèmes sur le terrain. Par ailleurs, elle continue de déplorer la non-implication du secteur privé, ce qui vaut d’ailleurs également pour le projet de loi concernant le logement abordable.

Pour le représentant des artisans, face à l’ampleur du phénomène de la pénurie de logements abordables, les promoteurs publics, même en augmentant leur production, ne seront pas en mesure de répondre à eux seuls, dans un délai raisonnable, à la demande. Le secteur privé doit donc participer à cet «effort national».

La Chambre des métiers a déjà fait des propositions, mais elles semblent être restées lettre morte. Il faut ainsi, selon elle, renforcer la coopération entre secteur public et secteur privé avec un modèle qu’elle a déjà présenté en 2019. L’État doit pouvoir aussi inciter les entreprises ou secteurs économiques souhaitant créer des logements pour leurs propres salariés. Il faut enfin avoir le «courage politique», selon la Chambre des métiers, d’appliquer le principe selon lequel «la construction d’infrastructures est autorisée endéans le périmètre d’agglomération» sans que des considérations environnementales viennent bloquer cette activité. À cela doit s’ajouter une réelle stratégie de simplification administrative.

Le représentant des entreprises du secteur de la construction estime aussi qu’il faut vite mettre en œuvre des «Baulandverträge» (créneaux temporaires de viabilisation et de construction de logements) qui impliquent une extension du périmètre d’agglomération en obligeant en même temps les propriétaires fonciers à viabiliser leurs terrains à bâtir et à réaliser des logements dans un certain délai. «Il est urgent de ne plus attendre», lance la Chambre des métiers, et de prendre des décisions pour répondre aux besoins des résidents du Luxembourg, actuels et futurs, et pour maintenir l’attractivité économique.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Oui, construire plus, c’est bien beau, mais encore faut-il voir tout cela du côté de la durabilité et de l’équité sociale:
    1) Il faut reconnaître le logement comme un droit, à savoir privilégier la population résidente et surtaxer l’investissement à des fins purement spéculatifs;
    2) Faire table-rase de tous ces anachronismes qui visent à n’accepter que des logements de luxe (2 parkings, l’élargissement du concept Tiny house, etc.);
    3) Les propriétaires doivent aussi accepter qu’ils ont des obligations, selon le proverbe allemand: « Eigentum verpflichtet », à commencer par une taxe d’habitation digne de ce nom et un plafonnement des loyers. Or, les avis de la CDM, CLC, etc. préconisent plutôt le contraire, à savoir la maximisation du profit.

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