Il n’y a pas que la Place et la fonction publique qui lorgnent les jeunes : l’industrie aussi ! Elle est de plus en plus high-tech, rappelle le projet HelloFuture. Jusqu’à vendredi, le Forum Geesseknäppchen accueille à Luxembourg plus de 1 000 élèves pour leur présenter les secteurs les plus dynamiques de l’industrie.
Pourquoi s’écarter de la voie royale, la fonction publique ou la place financière, pour s’engager dans le secteur «secondaire» de l’industrie ? Plus d’un chef d’entreprise a rêvé un jour de tordre le cou à cette question récurrente au Luxembourg.
René Friederici, coordinateur et chef de projet HelloFuture, remet les pendules à l’heure : «L’industrie du Grand-Duché, ce n’est plus l’Arbed. Aujourd’hui, on parle désormais de technologies high-tech, de space mining, de logistique maritime, de biohealth, de construction…»
Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, ne nous dit pas autre chose : «La place financière demeurera un pilier de l’emploi, mais on veut aussi favoriser notre industrie de pointe. Or ce secteur est souvent, comme dans d’autres pays, bloqué par le recrutement. On manque d’ingénieurs, d’informaticiens… Mais on ne peut forcer personne à travailler dans ces secteurs. Les industries doivent s’ouvrir aux jeunes et les jeunes doivent avoir envie d’aller dans l’industrie.»
Le ministre participait jeudi à la présentation de cette seconde édition du Roadshow HelloFuture. Lancé par le gouvernement, la Fedil, la Chambre de commerce et Luxinnovation, cet évènement se déroule cette semaine pour promouvoir les métiers de l’industrie et des technologies auprès des élèves et étudiants. Plus de 1 000 élèves venus de cinq lycées découvrent les perspectives d’emploi dans des secteurs de pointe de l’industrie, à travers notamment des échanges avec des professionnels.
On rencontre ainsi Vicky Dos Santos Oliveira, responsable de communication aux laboratoires d’analyses médicales Ketterthill : «On veut montrer qu’on n’a pas seulement besoin de pharmaciens, mais aussi de techniciens, de chercheurs… Nous travaillons dans un secteur d’avenir, où l’on trouve beaucoup d’innovations, donc d’opportunités d’emplois.»
«Il manque un emblème à Luxembourg»
Plus loin, on croise Yves Sibenaler, responsable marketing et communication à la Compagnie de construction luxembourgeoise (CDCL). Il sourit à l’évocation des nouvelles technologies de construction : drones, imprimantes 3D, etc. «Ces technologies sont encore très futuristes. Elles existent, mais on travaille toujours avec nos gars sur les chantiers, on ne sait pas encore remplacer un ferrailleur, un maçon… Mais c’est vrai que les métiers évoluent. La digitalisation est le grand défi du secteur de la construction.»
Mais comment attirer les jeunes vers ce secteur qui garde encore une image peu valorisante ? «Oui, c’est souvent un métier physique, dur, mais aussi très attractif, créatif. Vous créez des bâtiments qui vont perdurer pendant des décennies. Il peut y avoir des chantiers prestigieux, comme le nouveau stade national que nous commençons à réaliser. Chaque projet est un nouveau défi ! Et c’est un secteur qui se porte bien au Luxembourg.»
On rencontre justement Luc Didier. Ce natif de Bridel est un responsable du chantier de l’extension du City Concorde à Bertrange. Une belle responsabilité pour un jeune ingénieur de 26 ans : «Mes amis respectent beaucoup mon choix professionnel, car ils savent que c’est très sérieux. Moi, ce qui m’intéresse, ce sont les chiffres, les données, donc j’ai choisi d’être ingénieur.»
Il tient en haute estime le secteur de la construction : «Une ville se reconnaît surtout à ses bâtiments. Certaines constructions peuvent devenir des emblèmes, comme la tour Eiffel à Paris, le Lloyd’s Building à Londres… À Luxembourg, il y a des bâtiments intéressants, comme l’ascenseur du Pfaffenthal, le pont rouge, etc. Mais je trouve qu’il manque un emblème, pour qu’on puisse dire en le voyant, tiens, ça, c’est le Luxembourg.»
Qui sait, peut-être qu’un jour l’industrie 2.0 du Luxembourg réalisera son rêve !
Romain Van Dyck