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Liberty Steel à Dudelange : combat pour les salaires


La menace d'une faillite du site n'a jamais été aussi pesante. (Photo : Julien Garroy)

La situation empire à Liberty Steel. Les syndicats se battent pour que les salariés soient payés pour les mois de novembre et décembre.

Liberty Steel poursuit «sa descente aux enfers» selon les syndicats OGBL et LCGB. L’ancien site d’ArcelorMittal de Dudelange, spécialisé dans la galvanisation de l’acier, compte 160 employés. Ils étaient 280 quand Liberty Steel a acheté le site en 2019. Jeudi, une rencontre rassemblant délégation du personnel, syndicats et directions de Liège et de Dudelange a eu lieu. Lors de cette entrevue, les responsables ont confirmé que la situation économique des sites de production européens de Liberty se trouvait «dans une situation catastrophique» et ne «cessait de se détériorer», expliquent les syndicats.

La réunion a permis de faire le point concernant la situation sur le site dudelangeois. La délégation du personnel et les syndicats s’inquiètent en effet pour les salaires des mois de novembre et décembre. La réponse de la direction a été pour le moins alarmante. La situation financière du site continue de s’aggraver, les dettes internes envers le groupe ne cessent de s’amplifier et certains défauts de paiement de fournisseurs se poursuivent, selon les syndicats.

Quant aux salaires, la direction annonce avoir de plus en plus de mal à obtenir les liquidités pour les verser. Pour les employés dudelangeois, la direction est toujours en attente d’une confirmation prochaine pour le paiement des salaires de novembre. Pour le mois de décembre, aucune visibilité n’est à confirmer à ce jour, précisent les syndicats.

Après cette réunion avec la direction, les représentants du personnel ont demandé une entrevue d’urgence avec les nouveaux ministres du Travail et de l’Économie pour trouver une solution pérenne pour les employés et le site. Dans l’usine, l’ambiance est tendue. «Tout le monde a la flemme, témoigne un employé du site, père de trois enfants. Chacun est sous tension à cause de la question des salaires, d’autant plus que la nouvelle tombe un mois avant Noël. La situation s’est dégradée de plus en plus, il n’y a pas de décisions qui ont été prises, nous sommes dans le flou. J’en ai marre, c’est dur à vivre.»

La peur de la mise en faillite

Voilà maintenant un an et demi que le site de Liberty Steel est à l’arrêt. Depuis, seuls deux redémarrages pour traiter un faible tonnage ont eu lieu. La durée d’activité a été très brève. Les salariés attendent aujourd’hui une sortie de crise. Beaucoup n’ont pas eu la patience d’attendre et ont quitté l’entreprise, avec la perte de savoir-faire qui en découle. Les 160 salariés restants s’occupent de la maintenance et de l’entretien de leur outil de travail. La moitié des effectifs sont en «dispense de travail» à tour de rôle.

L’ambiance est lourde dans l’entreprise. «Les gens ne croient plus en rien», confirme Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB qui gère ce lourd dossier. «Pour les salaires, nous avons été souvent dans cette situation. Mais là, nous avons très peur, car la direction elle-même ne sait pas quand elle recevra les liquidités pour les verser. Ce sera à la dernière minute», poursuit Robert Fornieri. Actuellement, la délégation du personnel de l’usine va voir tous les jours la direction pour savoir si l’argent est arrivé. On imagine le stress des salariés…

Au fil des mois, la direction a aussi perdu toute crédibilité. Jeudi, elle a ainsi demandé à la délégation du personnel et aux syndicatds LCGB et OGBL un plan de maintien dans l’emploi (PME). Une demande qui a fait bondir les représentants des salariés. Pour Robert Fornieri, on ne peut pas négocier de PME sans garanties sérieuses, sans schéma industriel et il faut un engagement autre que de simples promesses. Syndicats et délégation du personnel vont maintenant se battre pour les salaires de novembre et de décembre.

Cela fait des mois que le dossier est suivi de près par les ministères compétents pour trouver un repreneur ou se préparer au «scénario catastrophe» d’une faillite. Le tout avec l’aide des syndicats. Un soutien de l’État qui est essentiel. «Aujourd’hui, nous avons peur d’être dans une situation où ce scénario catastrophe pourrait arriver dans les deux mois à venir», estime Robert Fornieri. L’idéal serait qu’un repreneur solide pouvant assurer l’avenir du site se déclare et prenne possession de l’usine. Cela permettrait d’éviter de passer par la case faillite et provoquer une casse sociale parmi les salariés.