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Lex Delles : «Le secteur des PME reste très dynamique»


«Pour les PME, il importe de démontrer que tout un chacun peut réduire ses émissions de CO2, en passant du petit salon de coiffure à la grande entreprise artisanale. La sensibilisation et l’information sont primordiales», souligne le ministre Lex Delles.

En charge des Classes moyennes et du Tourisme, le ministre libéral Lex Delles se dit assez convaincu que les petites et moyennes entreprises auront les ressources nécessaires pour faire face à la nouvelle crise provoquée par la guerre en Ukraine.

On est passé d’une crise à l’autre.» Si cette simple phrase formulée par Lex Delles résume bien ce que les PME mais aussi le secteur du tourisme ont à affronter depuis 2020, la situation est bien plus complexe. Le ministre libéral, qui vise également la tête de son parti, le DP, reste toutefois persuadé que les bonnes mesures étatiques seront encore prises pour permettre à la «colonne vertébrale» de l’économie luxembourgeoise de résister.

Vous avez annoncé mercredi votre candidature pour devenir le prochain président du DP. Quelles sont vos ambitions?

Lex Delles : On se rapproche à grands pas de l’année électorale de 2023. Il importe de travailler sur notre programme, de mobiliser les troupes et nous positionner pour continuer à aller de l’avant.

Êtes-vous la bonne personne pour donner le « nouvel élan » au DP, prôné par la présidente sortante Corinne Cahen?

Ma priorité sera de forger l’unité et une étroite coopération afin de définir les bonnes priorités et permettre au DP de signer le meilleur résultat possible, à la fois aux élections communales et aux élections législatives.

A priori, le pire de la pandémie de coronavirus se trouve derrière nous. Quel est le bilan que vous pouvez tirer au bout de deux ans de restrictions qui ont lourdement pesé sur les PME?

Quelque 570 millions d’euros ont été versés aux entreprises concernées. On l’oublie très souvent, mais la gestion de la crise sanitaire a constitué un travail hors norme pour les équipes du ministère. Elles étaient mobilisées en permanence pour pouvoir verser au plus vite les différentes aides, mais aussi pour rédiger les textes de lois qui s’y rapportent.

Cette importante enveloppe a-t-elle vraiment permis de limiter les dégâts?

Le fait que le nombre de faillites est en léger recul reflète très bien l’exceptionnel travail fourni au sein du ministère. Un chiffre qui est moins mis en avant est celui des renvois d’autorisations d’établissement. Ici, il ne s’agit pas de faillites, mais d’entrepreneurs qui décident tout simplement de cesser leur activité. Il est à constater que le nombre de renvois a nettement reculé en 2021. Les mesures prises par le gouvernement, que ce soit le chômage partiel, l’aide pour coûts non couverts, l’aide de relance ou encore les aides destinées aux indépendants, ont permis aux PME de bien négocier cette crise. Le modèle luxembourgeois a fonctionné. Les courts chemins entre le terrain et les ministères ont permis de s’adapter en permanence à la situation.

Les secteurs touchés ont-ils toujours besoin d’un soutien étatique?

La dernière loi portant sur les aides couvre les mois de mars à juin. On se trouve clairement dans un phasing-out. Seule l’hôtellerie peut encore bénéficier de l’aide pour coûts non couverts. Le montant de l’aide de relance a été revu à la baisse. Le nombre de demandes introduites est également en net recul. Pour le mois de mars, quelque 80 dossiers nous sont parvenus contre 1 500 au plus fort de la crise.

«Le retour à davantage de normalité fait que les réservations dans les hôtels repartent à la hausse. Nous avons connu un très bon début de la saison touristique», constate Lex Delles. Photos : didier sylvestre

Vous avez cité l’hôtellerie qui reste durement touchée. Existe-t-il d’autres secteurs qui souffrent toujours des répercussions de la pandémie?

Le retour à davantage de normalité fait que les réservations dans les hôtels repartent à la hausse. Nous avons connu un très bon début de la saison touristique. De nombreuses personnes ont visité le Luxembourg. La demande pour venir séjourner au Grand-Duché est en augmentation. Les campings ont connu un très bon début de saison. Les réservations pour l’été se font à nouveau plus en avance, contrairement à ce qui était de mise lors des deux années de pandémie. Une certaine accalmie est donc constatable dans le secteur du tourisme.

Quelle est la tendance au niveau du tourisme d’affaires?

La reprise est plus modérée. L’organisation de plus petites conférences et autres meetings a connu une relance plus prononcée. Par contre, pour les plus grands évènements, il faut encore faire preuve de patience. Nous sommes néanmoins persuadés que la reprise se fera plus fortement ressentir à partir de la rentrée de septembre.

Après deux années difficiles, quelles sont vos attentes pour cette saison touristique 2022?

À la fois en 2020 et en 2021, il existait d’importantes divergences entre l’hôtellerie implantée à Luxembourg-Ville, vivant essentiellement du tourisme d’affaires et les hôtels en zone rurale, attirant davantage de touristes. Les premières ont signé des résultats bien plus faibles que les secondes. Pour les campings, ces deux années de pandémie ont aussi été beaucoup moins dramatiques que pour les hôtels de la capitale. Il ne faut néanmoins pas oublier le très mauvais temps ayant marqué l’année 2021. Pour cette saison 2022, les premières tendances sont très positives. L’espoir de retrouver le niveau d’avant-crise est présent. Je tiens aussi à préciser que la guerre en Ukraine n’a, pour le moment, pas de répercussion sur les réservations.

Qu’en est-il des faillites dans l’Horeca?

En fin de compte, il n’y a pas eu de rebond des faillites dans l’hôtellerie. Il en va de même pour la restauration. Nous constatons toutefois que les demandes d’autorisations d’établissement ont été moins élevées en 2021 que par le passé. C’est tout à fait logique.

En novembre dernier, vous avez mené une mission de promotion touristique à Dubai. Près de six mois plus tard, existe-t-il des premières retombées concrètes?

On ne dispose pas encore de chiffres concrets. Il importe de poursuivre et approfondir les échanges avec les acteurs rencontrés sur place. Plusieurs hôtels nous ont informés qu’il existe des premières demandes de tour-opérateurs pour venir visiter le Luxembourg et se faire une image du pays. Je peux néanmoins annoncer que lors du voyage à Dubai un contrat pour l’organisation d’un congrès au Luxembourg a pu être signé. Pour le reste, l’agence « Luxembourg for Tourism » sera amenée à continuer la promotion aux Émirats. La présence du Grand-Duc héritier lors de cette mission a permis d’ouvrir de nombreuses portes.

Les PME sont aujourd’hui confrontées à une nouvelle crise majeure, provoquée par la guerre en Ukraine. Peut-on déjà établir une première estimation de l’impact de l’inflation et de la flambée des prix de l’énergie sur ce secteur?

On est passé d’une crise à l’autre. L’incertitude continue à constituer le problème majeur. Pendant la crise sanitaire, le travail sur le terrain, au contact des clients, était remis en cause. Désormais, les entreprises sont confrontées à des défaillances au niveau des chaînes d’approvisionnement et donc à une forte hausse des prix pour les matières premières. La flambée des prix fait que les entreprises ont de plus en plus de mal à participer aux soumissions. L’offre formulée aujourd’hui peut être dépassée dès le lendemain. Tout cela est un poison pour de nombreux secteurs d’activité.

Les aides pour les entreprises, décidées lors de la tripartite, sont encore peu thématisées. Quelles sont les mesures qui vous importent?

Il y a une large panoplie d’aides qui ont été décidées. Je peux citer les nombreuses mesures mises en place pour accompagner les entreprises dans la transition écologique. Pour les PME, il importe de démontrer que tout un chacun peut réduire ses émissions de CO2, en passant du petit salon de coiffure à la grande entreprise artisanale. La sensibilisation et l’information sont primordiales. L’accord tripartite prévoit ainsi pour les plus petites entreprises un bon pour faire effectuer une évaluation détaillée de leur performance énergétique, avec à la clé la proposition de solutions pour devenir plus efficient et durable.

Comment se porte réellement l’artisanat? La présidente de l’OGBL, Nora Back, a mentionné lors de son discours du 1er-Mai que la création de quelque 700 nouvelles entreprises démontre que le secteur n’est pas aussi mal loti que le patronat veut le faire croire. Quelle est votre appréciation?

Il est clair que les PME demeurent la colonne vertébrale de l’économie luxembourgeoise. Le secteur est très diversifié. Les derniers chiffres font état d’un surplus de 432 nouvelles entreprises qui se sont lancées dans le domaine de l’artisanat. La Chambre des métiers évoque une hausse de 4,5 % au niveau de la création d’entreprises. S’y ajoute une augmentation de 4,4 % de la main-d’œuvre. Le secteur reste donc très dynamique. Il évolue en permanence, ce qui constitue précisément la force de l’artisanat.

Être artisan ne consiste plus à travailler avec un marteau et un burin

Malgré ce surplus de 4,4 % au niveau des effectifs, l’artisanat continue à se plaindre de ne pas trouver suffisamment de main-d’œuvre. Comment votre ministère peut-il aider le secteur?

Nos efforts doivent consister à démontrer aux jeunes à quoi correspond vraiment l’artisanat. Le secteur a fortement évolué. L’artisanat d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec l’artisanat d’hier. L’artisanat de demain ne sera plus comparable à l’artisanat d’aujourd’hui. Être artisan de nos jours ne consiste plus à travailler avec un marteau et un burin. La digitalisation fait que des profils bien plus diversifiés sont aujourd’hui recherchés.

Une réforme du droit d’établissement a été présentée fin avril. Un aspect concerne un encadrement plus étroit de la location de logements par le biais de plateformes comme Airbnb. Pourquoi?

Le volet Airbnb n’est qu’une partie infime de cette réforme. L’intention est de donner une première définition sur en quoi consiste une activité commerciale pour la location temporaire d’un logement. D’un autre côté, il nous faut éviter de freiner l’économie de partage dans son élan. Elle ne peut pas être soumise aux mêmes règles qu’un commerce classique. Le législateur se doit donc de trouver le bon équilibre. Notre projet de loi prévoit ainsi que la location d’un logement ne peut dépasser trois mois cumulés sur un an. Tout ce qui va au-delà ne tombe plus sous la réglementation de l’économie de partage. On passe alors à une véritable activité commerciale nécessitant une autorisation d’établissement. L’objectif est d’éviter une concurrence déloyale envers l’hôtellerie.

S’agit-il du début d’une plus forte réglementation de l’économie de partage au Luxembourg?

Je sais que le ministre de la Mobilité travaille très activement sur le domaine des taxis et donc aussi du cadre à respecter pour qu’un service comme Uber puisse s’installer au Luxembourg. D’une manière plus globale, il faut s’assurer que l’on n’étouffe pas l’économie de partage, qui n’est toutefois pas à comparer à du simple bénévolat. Le terme « économie » est toujours présent dans « l’économie de partage ». Un cadre légal doit donc être défini.

 

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