L’ancien curé de Belair était poursuivi pour viol sur un mineur de 14 ans, début novembre 2008. À l’issue de son premier procès fin 2016, il avait été acquitté. La chambre criminelle avait retenu qu’il y avait bien eu un acte de fellation, mais estimait que la preuve de l’absence du consentement du mineur n’avait pas été rapportée. Le ministère public avait interjeté appel.
La Cour d’appel allait-elle confirmer l’acquittement prononcé en première instance ou suivre les réquisitions du parquet général qui demandait cinq ans de réclusion avec un éventuel sursis probatoire contre l’homme d’Église? L’arrêt était très attendu. Le public était en effet au rendez-vous ce mardi après-midi, à 15 h, quand la Cour d’appel a rendu son arrêt.
Conformément aux réquisitions du parquet général, la Cour d’appel a reconnu coupable l’homme d’Église du viol et l’a condamné à sept ans de prison avec sursis, soit deux ans de plus que la peine requise par le parquet général. «À tort, la chambre criminelle a constaté que la charge de la preuve n’est pas établie», avait insisté l’avocat général Marc Harpes, lors du procès en appel, avant de démonter l’argumentaire des premiers juges. Pour le parquet général, le mineur, âgé tout juste de 14 ans au moment des faits, n’était en effet pas dans l’état de donner son consentement libre : «L’absence de consentement résulte de la différence d’âge entre l’auteur et la victime, la qualité de l’auteur et la personnalité de la victime.»
L’avocat général doutait également de la crédibilité du prévenu ayant changé plusieurs fois de version au cours de l’instruction : «Pourquoi ne mentirait-il pas par rapport à qui a eu l’initiative?» «Si le jeune a participé, c’est qu’il était intimidé. Il avait toutes les raisons de l’être, avait-il poursuivi. Totalement dépassé, il a participé de manière machinale.» Enfin, le représentant du parquet général estimait que le prévenu avait le comportement classique d’un auteur d’abus sexuels. «Il cherche à rejeter la faute sur la victime. La seule chose qui l’intéresse c’est que le fait ne soit pas rendu public.»
« Je ne lui ai pas fait de fellation. C’est lui qui m’en a fait une.» Trois fois le curé suspendu avait en effet ressorti cette phrase à la barre de la Cour d’appel. Les faits reprochés à l’homme d’Église, âgé aujourd’hui de 60 ans, remontent à début novembre 2008. À l’époque, le curé accompagnait un groupe de jeunes à Taizé en France. À noter que seul le viol sur le mineur lui était reproché. Car les attentats à la pudeur sont prescrits.
Outre la peine de prison, le sexagénaire a été condamné, ce mardi après-midi, à verser à la partie civile 10000 euros de dommages et intérêts. Aux deux parents de la victime, il doit verser respectivement un euro symbolique.
Le condamné a désormais un mois pour se pourvoir en cassation.
Fabienne Armborst
Retrouvez l’intégralité de cet article dans Le Quotidien papier de ce mercredi 29 novembre 2017.