Avant de se retrouver en séance publique au Parlement, les verts ont invité la presse autour d’un café pour étaler leur combativité retrouvée, après avoir payé leur trop grande docilité.
Les verts sont toujours en train de réaliser l’autopsie d’une défaite qui leur laisse un goût amer, mais ils ont retrouvé l’énergie de se battre dans leur nouveau costume d’opposants. K.-O. debout le soir du 8 octobre, les trois ministres Sam Tanson, François Bausch et Joëlle Welfring, accompagnés du nouveau député du Sud et coprésident du parti, Meris Sehovic, affichent leur combativité autour d’un petit-déjeuner organisé hier matin avec les représentants de la presse.
Il y a d’abord les messages qui ont eu du mal à passer pendant cette campagne, mais aussi le contact avec la base qui a été quelque peu négligé. «Nous avions la tête dans le guidon en cette année de double élection», avoue Sam Tanson. Une enquête interne est lancée pour comprendre ce qui a valu aux verts cette débâcle, mais aussi une enquête à l’international, car le phénomène ne touche pas seulement le Luxembourg.
En vue des prochaines élections européennes, les réponses sont importantes pour tenter de retrouver la place qu’ils occupaient sur l’échiquier politique. «Le programme et la liste des candidats vont nous occuper dans les semaines et mois à venir», annonce Djuna Bernard, coprésidente du parti et ancienne députée déchue.
Comme le rappelle Joëlle Welfring, il est plus facile de promettre plus d’argent dans les poches de tout le monde dans des slogans électoraux que d’expliquer les enjeux d’une politique climatique et environnementale à la hauteur des défis. Les écolos vont donc soigner leur communication et y mettre un peu d’éléments «émotionnels», comme l’explique Joëlle Welfring.
Cependant, leur opposition ne va pas se limiter aux questions écologiques et à la transition énergétique, mais elle se concentrera aussi sur l’éducation, les droits humains et l’intégration des questions de genre. Sam Tanson, qui sera également porte-parole de la sensibilité politique à la Chambre des députés, annonce déjà qu’elle veillera particulièrement aux finances publiques et n’hésitera pas à taper sur les doigts de la majorité, encouragée en cela par un François Bausch remonté comme un coucou.
Certes, il y a des aspects à corriger pour aboutir à plus de justice fiscale, «mais tout le monde n’a pas besoin de plus d’argent dans les poches», estime le ministre de la Mobilité et des Travaux publics. Il s’inquiète déjà des économies que le futur gouvernement entend réaliser face à des finances publiques fragilisées et craint des décisions catastrophiques du côté des investissements.
Trop souples
François Bausch, qui reconnaît la faiblesse des verts dans la coalition qui s’est traduite par une trop grande docilité avec les partenaires, ne compte plus répéter cette erreur, d’autant que les deux autres partenaires ne se sont pas montrés très souples avec eux. D’ailleurs, l’ensemble des députés du parti l’ont payé au prix fort puisqu’aucun d’entre eux n’a été réélu. «La solidarité comme les discussions en interne sans exposer publiquement nos divergences font partie de notre ADN», ajoute à ce propos Sam Tanson.
Ce qui les chagrine le plus et qui les fait beaucoup enrager aussi, c’est d’avoir été désignés comme le vilain petit canard qui, à travers la législation pour la protection de la nature, a freiné le développement du logement. Cette fois, François Bausch se montre moins conciliant et balance allégrement les communes, et notamment celle de Luxembourg, qui mettent des bâtons dans les roues. Il cite l’exemple de projets comme le Kuebebierg au Kirchberg (NDLR : un quartier circulaire à impact positif) ou celui de Hollerich, en face de l’Athénée, où un projet de logements sociaux initié par Henri Kox a du mal à sortir de terre pour sauver le parking et le parc à chiens. La bourgmestre de Luxembourg refuse tout simplement de délivrer une autorisation de construire.
«De la rue des Aubépines jusqu’à la place de l’Étoile, il y a pléthore de terrains disponibles qui ne sont pas construits et cela n’a rien à voir avec la loi sur la protection de la nature!», rappelle-t-il.
En attendant, les verts veulent surtout pouvoir mieux discuter avec l’extérieur et imaginer une instance où cet échange serait possible.