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Les Luxembourgeois sont loin d’être des spécialistes du cancer


D’après la Fondation Cancer, les plus de 60 ans ne font pas partie des mieux informés sur la maladie, c’est pourtant le public le plus à risque. (Photo d'illustration)

La Fondation Cancer a présenté les conclusions de son étude sur la perception de la maladie au Grand-Duché. Si les mentalités évoluent peu à peu, des lacunes subsistent.

Tous les cinq ans, la Fondation Cancer commande une enquête Ilres pour évaluer les connaissances et la perception de la population luxembourgeoise sur le cancer et sa prise en charge.

L’étude 2022, réalisée en avril sur plus de 1 000 personnes d’au moins 16 ans, révèle que si les résidents maîtrisent les bases, de nombreux efforts restent à faire. Les résultats, présentés ce jeudi matin, montrent même un recul sur certains sujets par rapport en 2017, même si certains clichés tendent à disparaître.

Un tiers des résidents incapables de citer de symptômes

Deux tiers des sondés peuvent ainsi spontanément citer des symptômes du cancer, les deux réponses les plus courantes étant la fatigue (citée par 24 %) et les douleurs (22 %). «Ce sont des symptômes peu spécifiques, relativise la directrice de la fondation, Lucienne Thommes. Mais 18 % sont tout de même capables de citer les boules, les kystes ou les tumeurs et 16 % le sang dans les sels.»

En revanche, 32 % sont incapables de donner un seul symptôme alors qu’ils n’étaient que 20 % en 2017. «Il y a quelques années, nous avions réalisé un dépliant avec les différents symptômes, rappelle le Dr Carole Bauer, présidente de la Fondation Cancer. On se demande s’il ne faudrait pas le refaire, car il faut répéter régulièrement ce genre d’actions.»

Quand on leur présente des symptômes spécifiques, les résidents semblent néanmoins reconnaître les plus importants comme l’apparition d’un gonflement mais aussi une perte de poids, des saignements ou une douleur inexpliqués.

«Cette année, nous avons ajouté de nouveaux signes comme une fièvre sans cause apparente ou les sueurs nocturnes qui, eux, sont moins connus du public (47 % et 31 %)», ajoute Lucienne Thommes.

Les grands facteurs de risque sont bien connus du grand-public. (Photo ilres/fondation cancer)

Les comportements personnels minimisés

Le caractère héréditaire pose quant à lui toujours question, 46 % pensent qu’il joue un rôle tandis que 44 % affirment le contraire. «C’est une question difficile, car les gens confondent hérédité et génétique. Les facteurs héréditaires peuvent augmenter le risque de cancer, mais on estime qu’ils n’interviennent que dans 5 à 10 % de cas.»

Cette théorie peut renforcer l’idée que le cancer est un coup du sort inéluctable. Heureusement, une grande majorité (69 %) est consciente qu’il est possible de prévenir la maladie avec une hygiène de vie plus saine. Cigarette, alcool, exposition au soleil, et dans une moindre mesure le surpoids, les principales causes sont d’ailleurs bien connues des résidents.

Mais 45 % de la population juge les facteurs environnementaux plus nocifs que les comportements personnels. Soixante pour cent par exemple pensent que la consommation d’aliments traités par pesticide est plus nocive que le surpoids et 51 % que l’air pollué est aussi mauvais pour la santé que de fumer. Deux croyances bien ancrées et pourtant fausses.

Mais les mentalités évoluent : 56 % des sondés sont d’accord pour dire qu’une consommation même occasionnelle d’alcool est nocive. «Ils n’étaient que 37 % en 2017. Nous sommes très contents de ce chiffre.»

Le narguilé possède au contraire une image toujours positive, près de 20 % n’ont pas conscience de ses dangers, alors que sa fumée contient énormément de substances cancérigènes.

Bien qu’ils aident à diminuer le risque de cancer, les vaccins n’ont pas la cote. (Photo ilres/fondation cancer)

Les vaccins jugés peu efficaces

Le constat est similaire sur les facteurs pouvant diminuer le risque de cancer. Les plus importants sont bien connus de la population (manger des fruits et légumes, faire du sport), mais des lacunes subsistent. «Les vaccins reçoivent un accueil mitigé», note Carole Bauer. Seuls 33 % des Luxembourgeois pensent que le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) a une grande influence (contre 40 % en 2017) et 22 % une petite influence.

Des chiffres similaires pour le vaccin contre l’hépatite B. Pourtant, l’un comme l’autre diminuent réellement les probabilités de contracter la maladie. «Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des cancers du col de l’utérus sont liés au HPV.»

Heureusement, les professionnels de santé restent le principal moyen d’information des gens (73 %) et 93 % des malades estiment avoir été bien pris en charge. Mais Carole Bauer s’interroge tout de même sur une donnée. Près de 20 % des habitants, et même 25 % dans le Nord, perçoivent les traitements au Luxembourg comme moins bons qu’à l’étranger.

«C’est sans doute parce que nous n’avons pas de grands centres comme en France ou en Belgique, avance la présidente. Mais ce n’est pas forcément vrai, car il est possible de bénéficier de certains traitements au Luxembourg qu’on ne trouve pas ailleurs.»

Des idées reçues qui ont la vie dure

Malgré l’évolution des mentalités, certaines idées reçues continuent de circuler autour du cancer :

  • Le cancer est héréditaire => l’hérédité n’intervient que dans 5 à 10 % des cas.
  • Les facteurs environnementaux comme la pollution de l’air sont plus nocifs que les comportements individuels comme la consommation d’alcool est de tabac => le tabac, l’alcool, le surpoids ou l’exposition prolongée au soleil restent parmi les plus gros facteurs de risque.
  • le narguilé est inoffensif => la fumée de chicha contient énormément de substances cancérigènes.
  • boire un peu de vin est meilleur pour la santé que de ne pas en boire du tout => même modérée, la consommation d’alcool augmente les risques de cancer, l’alcool est responsable de 7,1 % des cancers.
  • Les vaccins ne protègent pas du cancer => la vaccination contre le papillomavirus humain ainsi que celle contre l’hépatite B peuvent prévenir la maladie, le cancer du col de l’utérus est lié à 99 % au papillomavirus humain.

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