Une pétition réclame l’interdiction des jeux de hasard dans les cafés et les lieux publics. Le gouvernement a annoncé vouloir légiférer pour mieux contrôler, mais pas forcément interdire.
Une pétition demande l’interdiction des machines à sous dans les cafés et lieux publics. L’auteur, Luis Marques Dos Santos, estime qu’elles peuvent présenter «des risques psychologiques et sociaux», et favoriser «le développement de comportements de jeu problématiques». Sans parler du rôle premier du café, espace social et détendu, qui se perd dans cet isolement qu’incite le jeu.
«Je m’étonne de cette pétition, car l’accord de coalition dit clairement que les jeux illégaux seront interdits», observe Guido Berghmans, le directeur du Casino 2000. Effectivement, le gouvernement annonce vouloir «limiter l’exploitation des jeux de hasard aux seuls casinos». Dans les cafés, les bars et les restaurants, «seules les machines qui n’ont pas pour objectif de promettre un gain pécuniaire seront autorisées et contrôlées de manière conséquente».
2 500 machines à sous illégales
Si le pétitionnaire rappelle que la loi de 1977 interdit expressément les machines à sous dans les lieux publics, il oublie de signaler l’exception que constituent les bornes de jeux de hasard de la Loterie nationale, qui ne sont pas concernées par cette interdiction. Si aucune autre autorisation n’est délivrée pour l’exploitation de ce genre de machines, il existe cependant un marché «noir».
Le Luxembourg compterait ainsi quelque 2 500 machines à sous illégales. «Elles rapportent 100 millions d’euros brut par an», rappelle Guido Berghmans. Et c’est tout bonus pour ceux qui les exploitent. Pas d’impôts, pas de contrôles. Au passage, un boulevard pour la criminalité organisée et une grande lessiveuse d’argent sale. Les quelques contrôles de police qui se sont déroulés depuis 2019 n’ont abouti à aucune condamnation en vertu de la loi sur les jeux de hasard de 1977.
Interdire n’est pas la solution pour le directeur du Casino 2000. Il faut garder le contrôle des joueurs pour les empêcher de sombrer dans l’addiction et la banqueroute. «Si le joueur ne peut pas jouer, on le bloque», dit Guido Berghmans. Pour y parvenir, il existe la «loterie vidéo» (video lottery terminal ou VLT). «D’expérience, je sais que partout ces VLT sont installés et connectés à un serveur central, ce qui permet de contrôler les mises par exemple», explique Guido Berghmans. La Loterie nationale vise l’installation de 600 terminaux de ce type, un objectif quasiment atteint.
Alerter le joueur
«Dans les jeux de hasard, tout dépend de l’approche, de la responsabilité de chacun, des contrôles que l’on met derrière», déclare le directeur du Casino 2000, très à cheval sur les contrôles et la régularité dans cette matière. «La loterie est très réglementée et le gouvernement peut mettre en place des contrôles très sûrs», insiste-t-il. C’est la voie qui sera prise, à en croire l’accord de coalition.
Le Casino 2000, seul établissement autorisé par la loi de 1977 à proposer des jeux de hasard, se dirige vers «une transparence totale», selon son directeur. «Nous serons en mesure de savoir combien le joueur dépense et s’il ne réagit pas à nos alertes, nous prendrons les devants», explique Guido Berghmans, qui parle de transparence envers le client et envers les autorités. «C’est comme cela qu’il faut réglementer les jeux de hasard», ajoute-t-il.
24,2 millions d’euros d’impôts pour le Casino
Pour que l’ensemble fonctionne, sous contrôle, il faut d’abord arrêter les jeux illégaux sur internet. C’est un pas que le gouvernement ne veut pas franchir, prétextant que ce genre de filtrage se rapproche du traçage digne d’une dictature. Le Luxembourg est le seul pays qui n’a pas encore réglementé ces jeux en ligne. De son côté, le Casino reverse 80 % du produit des jeux à l’État, soit 24,2 millions d’euros d’impôts l’an dernier.
Quid des autres jeux ? Les exploitations de paris relatifs aux épreuves sportives sont soumises à une autorisation préalable du ministre de la Justice et sont sous le contrôle et la surveillance du ministre des Finances et du ministre de la Justice.
L’organisation de tombolas et de loteries est aussi soumise à autorisation du ministre de la Justice lorsque la valeur des billets à émettre dépasse la somme de 12 500 euros. Lorsque la valeur des billets à émettre est égale ou inférieure à cette somme, l’autorisation à délivrer est de la compétence communale. Elle est réservée aux jeux destinés entièrement ou partiellement à un but d’intérêt général à caractère philanthropique, religieux, scientifique, artistique, pédagogique, social, sportif ou touristique.