Malgré l’absence d’étude officielle, le Grand-Duché n’échappe immanquablement pas au déclin des hérissons, considérés comme «quasi menacés» d’extinction par la COP 16.
Souvent choyé et parfois adopté lorsqu’il s’installe dans un jardin, le hérisson est également considéré comme un bon signe pour la biodiversité environnante. Le problème aujourd’hui est qu’il est de moins en moins visible en Europe de l’Ouest, jusqu’au point de passer de la catégorie de «préoccupation mineure» à «quasi menacé» d’extinction dans la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publiée lundi 28 octobre lors de la COP 16 à Cali.
Pour Jill, soigneuse au centre de soins pour la faune sauvage de Dudelange depuis six ans, cette annonce inquiétante est «un choc, car c’est un animal emblématique de la faune, mais ce n’est pas une surprise». Effectivement, «cela fait un moment que l’on constate que de moins en moins de hérissons sont apportés et ceux que l’on reçoit sont dans un état de plus en plus faible», reconnaît-elle.
«Deux ans que je n’en ai pas vu»
S’il est avéré que la population a drastiquement diminué dans plus de la moitié des pays européens où il est recensé (Royaume-Uni, Norvège, Suède, Danemark, Belgique, Pays Bas, Allemagne et Autriche), la situation au Grand-Duché est plus floue. «Comme nous sommes un petit pays, nous n’avons pas toujours d’études pour toutes les espèces», explique Lieke Mevis, conseillère nature pour natur&ëmwelt.
«Cependant, comme c’est le cas pour pratiquement toutes les espèces, si la tendance est vers le bas en France et en Allemagne, alors c’est pareil ici.» La porte-parole de l’association environnementale se base sur les pays voisins, mais aussi sur son ressentiment personnel : «Quand j’étais petite, je voyais des hérissons à chaque automne et cela fait au moins deux ans que je n’en ai pas vu, cela devient rare.» Alors que l’Erinaceus europaeus, de son nom scientifique, est censé être en hibernation dès le début de l’automne, le centre de soins de Dudelange constate aussi «qu’il y en a de plus en plus que l’on voit être réveillés l’hiver».
En recherche d’habitat
Concernant les problèmes d’hibernation, Jill considère que cela s’explique par des individus «trop maigres pour hiberner» et «des hivers de plus en plus chauds, ce qui les dérange». Cela n’explique pas uniquement leur déclin. «Le plus grand problème des hérissons, surtout ici au Luxembourg, est la perte de leur habitat», dénonce Lieke Mevis. L’urbanisation et l’agriculture intensive ont réduit les possibilités d’habitats naturels, ce qui les conduit à se rendre dans des jardins pas toujours accueillants, sans compter la mortalité sur la route.
Le fait est que «l’utilisation inconsidérée de pesticides les prive de leur nourriture ou les empoisonne». Le centre de soins, tout comme natur&ëmwelt, essaye donc «de motiver les gens à garder un coin sauvage dans leur jardin et sans insecticides ou pesticides». Un tas de feuilles ou un tas de bois sont des ressources bienvenues pour le hérisson qui peut y trouver un refuge, ainsi qu’un garde-manger plein d’insectes. «Si l’on fait tous cela, peut-être que cela irait un peu mieux», lance la soigneuse.