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Les crèches bilingues arriveront au Luxembourg en octobre


Le projet de loi va en fait introduire d'avantage de luxembourgeois dans les structures d'accueil, qui sont en majorité francophones. (Photo : AFP)

Les députés de la majorité ont adopté, mardi, le projet de loi sur l’éducation plurilingue dans les structures d’accueil pour les petits de 1 à 4 ans. Le texte est loin de faire l’unanimité, le ministre Meisch s’en étonne.

Le CSV a vertement critiqué le texte qui introduit pourtant une part de gratuité dans l’accueil des tout-petits. Mais c’est l’apprentissage du français qui effraie le plus les opposants au projet.

L’opposition ne veut pas entendre parler d’enseignement plurilingue à la crèche. Pour des tas de raisons évoquées mardi par Françoise Hetto-Gaasch à la tribune de la Chambre. Et comme elle le rappelle, le Parti chrétien-social a eu déjà plusieurs occasions de critiquer le texte déposé en septembre dernier par le ministre Claude Meisch.

C’est un de ses collègues du parti, le député libéral Gilles Baum, qui a présenté le rapport de la commission vantant le texte qui introduit un programme d’éducation plurilingue dans les structures d’accueil. «Ce programme vise à profiter de la petite enfance en tant qu’âge particulièrement propice à l’apprentissage des langues, pour préparer les enfants au contexte multilingue de l’école et de la société du Luxembourg en général.» Ce programme s’adresse aux enfants de 1 à 4 ans, qui pourront bénéficier de 20 heures gratuites en crèches bilingues (luxembourgeois/français) pendant 46 semaines par an auprès de tous les prestataires publics ou privés dûment agréés et reconnus comme prestataires de chèque-service accueil. Ce dernier dispositif est également revu «afin de garantir à tous les enfants de 0 à 12 ans un encadrement de qualité», selon le rapporteur, Gilles Baum, qui ajoute que ‹«la prise en compte du revenu et de la situation sociale de la famille du bénéficiaire du chèque-service accueil permet de cibler plus particulièrement l’aide versée par l’État aux familles qui en ont le plus besoin».

De tout cela, le CSV ne veut pas, même si c’est Jean-Claude Juncker, alors Premier ministre, qui avait souhaité l’introduire comme il l’avait annoncé dans sa déclaration sur l’état de la Nation en 2008 : «À terme, la garde des enfants devra être gratuite au Luxembourg. Le rythme de l’introduction de la garde gratuite dépendra des moyens financiers de l’État», rappelle le résumé de son discours. Quatre ans plus tard, en 2012, il décidait finalement d’augmenter la participation financière des parents.

Le ministre Meisch ne comprend pas les critiques du CSV : «Ceux qui votent contre ce texte votent contre l’acquisition de compétences linguistiques, contre le partenariat avec les parents, contre les 10 % d’augmentation de personnel, contre les contrôles de qualité!», s’étonne vivement le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Le socialiste Claude Haagen sera tout aussi surpris de l’attitude du CSV face à ce projet.

Mais la députée Françoise Hetto-Gaasch fait part de ses inquiétudes après avoir lu des études qui mettent en garde contre le plurilinguisme dès le plus jeune âge. Le ministère en a lu d’autres et a surtout soumis son texte à des chercheurs qui ont au contraire montré leur enthousiasme face au projet du gouvernement. Le CSV préfèrerait que le luxembourgeois soit la langue courante dans les crèches afin que les petits soient préparés à l’alphabétisation en allemand.

Davantage de luxembourgeois

Le libéral Claude Lamberty rappelle au CSV que le projet introduit précisément le luxembourgeois dans les crèches, alors qu’actuellement c’est majoritairement le français qui prime dans les structures d’accueil.

Et puis il y a le coût de l’opération. «Cent millions, c’est un montant important sans que l’on sache vraiment ce que cela va donner», regrette Françoise Hetto-Gaasch, qui aurait préféré un projet pilote pour commencer. Et surtout que l’on réforme le précoce et l’enseignement des langues en général dans le système scolaire luxembourgeois. «Il n’est pas nécessaire de connaître le passé composé, mais de savoir s’exprimer», souligne-t-elle. Pour le CSV, ce projet de loi «enlève le choix aux parents qui ont envie d’élever leur enfant à la maison et qui vont se sentir coupables de ne pas le confier à une crèche», lance la députée de l’opposition.

Côté financement, Claude Meisch, rectifie : «Il s’agit de 88 millions d’euros par an qui financent aussi bien les 20 heures gratuites, l’augmentation de 10 % du personnel et sa formation et également l’extension du chèque-service accueil jusqu’à 12 ans dans les maisons-relais.»

Pour le député Fernand Kartheiser, rien ne va plus. «Aujourd’hui, nous pouvons encore faire une intégration en luxembourgeois, mais pour combien de temps encore? Ce projet de loi n’est qu’un pas de plus vers la francophonisation du Luxembourg (…) Si à cet âge on les dirige vers le français, alors on réoriente tout le système scolaire vers le français! Si un ADR est au gouvernement, on changera ça tout de suite!», promet le député ADR, plein d’espoir.

David Wagner, pour la Gauche, annonce que sa sensibilité s’abstiendra parce que l’on «continue de donner de l’argent à des structures privées que l’on ne contrôle pas». L’éducation plurilingue sera effective dès le mois d’octobre prochain, grâce aux 32 voix de la majorité.

Geneviève Montaigu

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