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L’eau, une denrée qui se fait rare en été 


Le niveau du lac de la Haute-Sûre se situe autour de 318,6 mètres, mais observe d’ores et déjà une baisse de la cote. (Photo : didier sylvestre)

L’absence d’eaux pluviales combinée à une période d’aridité estivale alimentent les craintes d’une sécheresse hydrologique. Les autorités ont déclenché une phase de vigilance visant à limiter la consommation d’eau potable.

À l’instar des pays méditerranéens, où les plans canicules ne cessent d’être décrétés, le Luxembourg traverse également un épisode de fortes chaleurs depuis plus d’une semaine. Mardi matin, le prévisionniste national MeteoLux a placé l’ensemble du Grand-Duché en alerte rouge, alors que les maximales atteignaient 40 degrés : un record. Au regard de ces conditions météorologiques, une éventuelle pénurie d’eau polarise les inquiétudes de la population et des autorités compétentes. Entre les précipitations hivernales et printanières qui se sont révélées insuffisantes pour combler les réserves et le mercure qui ne cesse de grimper, le spectre d’une sécheresse hydrologique plane.  

Pour toutes ces raisons, le ministère de l’Environnement, l’administration de la Gestion de l’eau et les principaux fournisseurs d’eau potable se sont accordés pour déclarer une phase de vigilance du plan d’avertissement de l’utilisation de l’eau. Une première depuis 2019. La population est donc invitée à utiliser l’eau potable de manière «parcimonieuse», en limitant certaines activités non essentielles et consommatrices. Les autorités entendent par là : l’arrosage de la pelouse, le lavage de sa voiture, le remplissage de sa piscine ou le fait de prendre des bains.

Le niveau des réserves en baisse…

En soi, des mesures de bon sens, qui visent à préserver les réserves d’eau potable qui peinent à se recharger au fil des années : «Nos masses d’eau souterraine au Luxembourg sont dans un bon état quantitatif jusqu’à présent. Mais nous constatons que les valeurs de recharge sont nettement inférieures à la moyenne des 30 dernières années étant donné le déficit pluviométrique constaté depuis le début de l’année hydrologique en cours», détaille Luc Zwank, directeur adjoint de l’Administration de la Gestion de l’eau. 

Depuis le début des années 2000, le débit des sources et le niveau moyen des eaux souterraines ont observé une nette diminution. Si le gouvernement se veut rassurant en garantissant que les réserves seront suffisantes pour la période estivale, il reste attentif quant à l’évolution de la situation. À titre d’exemple, le niveau du lac de la Haute-Sûre se situe autour de 318,6 mètres, ce qui correspond plus ou moins à la moyenne à long terme pour cette période. Néanmoins, la cote est d’ores et déjà en baisse. 

En ce qui concerne les eaux de surface, les périodes d’étiage risquent d’être plus fréquentes, plus marquées et plus longues : «Pendant ces périodes, le facteur de dilution est réduit et les émissions dans les cours d’eaux se traduisent par une augmentation des concentrations de nutriments et polluants», éclaircit Luc Zwank. Et de compléter : «En plus, la température de l’eau augmente, créant une pression supplémentaire, surtout pour les poissons.» Dès lors, les autorités compétentes ont demandé à la population de cesser tout prélèvement d’eaux de surface, même couvert par une autorisation. 

…et une consommation en hausse

Lors des épisodes caniculaires, les besoins de la population en eau deviennent bien plus importants qu’à l’accoutumée. À ce jour, la consommation d’eau varie entre 150 000 et 160 000 m³ par jour. Dans le détail, 60 % par les ménages, 23 % par l’industrie et 7 % par l’agriculture. Les 10 % restants sont récupérés par les communes ou se retrouvent dans des fuites.  

Au regard de ces chiffres, l’administration de la Gestion de l’eau recherche des secteurs précis où des économies d’eau sont possibles «Le potentiel d’économie d’eau potable dans l’agriculture se situe quasiment essentiellement dans l’irrigation. C’est la raison pour laquelle une étude et des projets pilotes visant des techniques d’irrigation innovantes sont actuellement en cours», précise le directeur adjoint de l’administration de la Gestion de l’eau. 

Des moyens simples permettant de réduire la consommation d’eau potable à un minimum peuvent être consultés sur le site internet de l’administration de la Gestion de l’eau.  

La Moselle, une nouvelle source d’eau potable?

Des études sont actuellement réalisées pour déterminer la possibilité d’exploiter les eaux de la Moselle. Selon les critères de la directive cadre, le potentiel écologique de la Moselle est classé comme «insatisfaisant» et son état chimique est considéré comme «mauvais». Toutefois, le ministère de l’Environnement annonce que les stations d’épuration modernes peuvent garantir la production. Les craintes se concentrent sur les conséquences d’un accident à la centrale nucléaire de Cattenom, qui verrait du tritium se déverser dans la Moselle. Le ministère a répondu en affirmant qu’il faudrait «des systèmes de détection précoce qui seraient installés pour empêcher le tritium de pénétrer dans le réseau d’eau potable».