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Le voyage dans le temps du plésiosaure


Le sous-sol du Grand-Duché est plein de surprises! Le musée national d’Histoire naturelle présente un nouveau fossile spectaculaire : un plésiosaure de 185 millions d’années. Un pièce rarissime.

KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERADepuis une vingtaine d’années, le nodule de calcaire qui contenait les restes fossilisés de cet animal marin du Jurassique attendait dans les réserves du musée. À l’abri, mais un peu dans l’oubli. Redécouvert récemment, il s’est avéré qu’il s’agissait d’un dinosaure rare à l’échelle mondiale.

Il s’agit d’une histoire pas banale : celle d’un bloc de calcaire compact doté d’une forme étrange qui a été miraculeusement sauvé des griffes des engins de chantier qui terrassaient ce qui deviendrait la collectrice du Sud. Un particulier qui avait du flair l’avait alors récupéré pour le garder chez lui.

Le premier pas de la sauvegarde était franchi, mais jusque-là, personne ne savait vraiment ce dont il s’agissait. Il a alors fallu que le réseau des collaborateurs scientifiques bénévoles du musée national d’Histoire naturelle (MNHN) y mette son grain de sel. L’un d’entre eux sent l’importance de cet étrange caillou et convainc le particulier de le livrer au musée. Il est alors photographié, inventorié et classé… puis, plus ou moins oublié.

«Cette découverte illustre le travail que nous faisons dans les coulisses, explique Robert Weis, le paléontologue qui s’occupe des collections du MNHN. Les fossiles récoltés passent souvent du temps au dépôt parce que nous n’avons pas le temps de tout faire!» La section Paléontologie du musée ne compte en effet que deux professionnels : son directeur Ben Thuy et Robert Weis.

Mais le temps, finalement, ne change pas grand-chose à l’affaire. Ces fossiles ont attendu des millions d’années avant d’être extraits de la couche géologique dans laquelle ils étaient emprisonnés, ils peuvent attendre quelques années supplémentaires sans problème. D’autant qu’une fois qu’ils ont franchi la porte de l’hospice Saint-Jean, ils sont entre de bonnes mains… La preuve avec cette histoire extraordinaire qui permet d’en savoir un peu plus sur l’histoire de la planète!

Erwan Nonet

Comment le fossile a été déterminé?

KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERALe fossile étant bien protégé dans le dépôt du musée national d’Histoire naturelle, Robert Weis a dû fouiner un peu pour le remarquer. «Le nodule de calcaire épousait la forme du fossile, se souvient-il. On voyait qu’il y avait quelque chose, mais quoi?» Pour le savoir, il fallait faire appel à un expert. «Nous sommes capables de dégager de petits fossiles, mais pas les grands», souligne-t-il. Au Luxembourg, personne ne sachant faire cela, le musée contacte alors un spécialiste allemand : Oliver Kunze.

Ce travail demande une patience infinie : «Plus de 200 heures de travail ont été nécessaires». Oliver Kunze a utilisé des burins mécaniques, des sableuses et, dans les zones les plus fragiles, des aiguilles sous la loupe. «Lorsque l’on gratte le sédiment, cela se joue au millimètre», précise Robert Weis. Sans compter que si ces fossiles ont traversé les âges, ils n’en demeurent pas moins fragiles dès que les os sont à l’air libre. Il faut immédiatement les renforcer avec de la résine.

C’est au cours de ce nettoyage de précision que l’appartenance du squelette à la famille des plésiosaures a été découverte. L’étude de ces os et la comparaison avec d’autres squelettes trouvés dans les couches du même âge par la paléontologue Peggy Vincent (Muséum national d’histoire naturelle de Paris), en collaboration avec une équipe de chercheurs du MNHN à Luxembourg (Robert Weis, Guy Kronz et Dominique Delsate) ont pu même montrer qu’il s’agissait d’une espèce nouvelle.

Son nom, Microcleidus melusinae, est un hommage à Mélusine, bien connue au Luxembourg. La description scientifique de ce spécimen unique a été publiée le 18 octobre dans la revue spécialisée anglaise Geological Magazine et le spécimen est désormais exposé dans les nouvelles expositions permanentes du natur musée.

Qu’est-ce qu’un plésiosaure?

Les plésiosaures sont des grands vertébrés carnivores aquatiques dont la sous-espèce la plus grande peut mesurer jusqu’à 10 mètres de long. L’exemplaire luxembourgeois, lui, est un jeune de 2,50 mètres. Adulte, il aurait été deux fois plus grand. Animal au long cou et au corps compact, doté de quatre nageoires, «les plésiosaures étaient uniquement aquatiques et se nourrissaient de poissons et de céphalopodes», indique Robert Weis.

La découverte de ce squelette presque complet (il manque le tiers inférieur) est très rare. «Les fossiles comparables sont peu nombreux. Un a été découvert en France (dans les Causses, en Ardèche), deux au Royaume-Uni (Dorset et Yorkshire) et un en Allemagne (à Holzboden). Presque tous ont été découverts au XIXe siècle, souvent dans des carrières qui étaient alors exploitées à la main. Maintenant qu’elles le sont avec des machines, les trouvailles sont plus rares.»

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