La Fédération des artisans salue la large victoire des «listes libres» aux élections sociales. L’OGBL a riposté aussitôt.
Ce sont quelque 3 000 entreprises qui ont transmis, jusqu’à 19 h hier soir, les résultats des élections des délégations du personnel. Le rapport de force n’a pas vraiment bougé depuis la soirée de mardi, le jour du scrutin.
L’OGBL arrive toujours en tête avec environ 2 100 délégués effectifs (25,2 %). Derrière suivent le LCGB avec environ 1 140 délégués effectifs (13,7 %) et l’ALEBA, qui comptait 354 mandats effectifs (4,2 %).
L’OGBL revendique, sur la base de ce dépouillement toujours partiel (4 100 entreprises en lice), une large victoire (lire nos éditions précédentes). La Fédération des artisans n’a pas la même lecture du résultat, mettant en avant l’élection de 4 750 délégués sans couleur syndicale (56,9 %). «Les listes libres sont les grandes gagnantes», clame l’association patronale.
«Le fait est que dans les structures de moins de 100 salariés, typiques de l’artisanat, 77 % des délégations du personnel élues n’affichent aucune participation syndicale. Avec 14 délégations, soit 8 % des délégations du personnel, l’OGBL et le LCGB sont des phénomènes absolument marginaux dans le monde du travail réel», avance la fédération.
«Cette expression démocratique de la volonté doit être considérée comme un mandat politique pour adapter le cadre légal de telle sorte qu’au sein des entreprises, il soit possible de décider, en collaboration avec la délégation du personnel, comment le travail et le temps de travail peuvent être organisés», ajoute un communiqué diffusé hier.
«Détériorer les conditions de travail»
Le gouvernement est invité à tenir compte de ce résultat afin de procéder à un rééquilibrage des forces à l’échelle de la représentation des salariés.
«Non, les élections sociales n’ont pas été gagnées par un soi-disant syndicat des « neutres »», a riposté sans tarder l’OGBL. «Les « neutres » constituent tout sauf une entité cohérente ou un bloc homogène. Ces listes de candidats non syndiqués reflètent en fait des réalités tout à fait hétérogènes», développe le syndicat, avant d’énumérer différents cas de figure : des listes «pro-patronales», des délégués «désignés d’office par l’employeur» ou encore des membres d’un syndicat «qui craignent de s’afficher comme tels».
L’OGBL reproche à la Fédération des artisans d’«instrumentaliser» une «présentation faussée» des résultats, afin de «pouvoir négocier des conventions collectives avec des délégations « neutres », (…) qui ne bénéficient d’aucun soutien syndical, d’aucune ressource financière, d’aucune indépendance par rapport à leur employeur (…)».
Le seul objectif serait, en fin de compte, «de détériorer les conditions de travail et de rémunération des centaines de milliers de salariés au Luxembourg».
Les syndicats sont un pilier de notre démocratie. Cela semble gêner.