« Accusé de tous les torts » par le ministère de l’Environnement, le secteur agricole tient à souligner ses atouts pour lutter contre le changement climatique. La Chambre d’agriculture, par la voix de son président Guy Feyder, monte au front.
Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots le rôle et la mission de la Chambre d’agriculture, peu connue par le grand public ?
La Chambre d’agriculture est la plus jeune chambre professionnelle du Luxembourg. Elle est le résultat de la « guerre des paysans » à la fin des années 1980. Créée en 1944, la Centrale paysanne, longtemps syndicat unique, s’est vue attribuer dès le départ le rôle de chambre professionnelle du secteur agricole. Avec les tensions apparues en 1987/1988, le camp politique a décidé de créer une chambre professionnelle à part.
Le fait qu’il existe aujourd’hui trois syndicats agricoles (Centrale paysanne, FLB et Baueren-Allianz) ne risque-t-il pas de mener à une nouvelle « guerre des paysans » ?
On se trouve dans une phase de transition. Pour le renouvellement de la Chambre d’agriculture, les différents syndicats ont présenté une liste commune. Cela démontre que la conviction pour unir ses forces est en train de s’implanter auprès des différents responsables syndicaux. Il faut éviter de gaspiller de l’énergie et du temps. L’obligation de s’accorder sur une position est sans alternative, d’autant plus que notre poids politique est en baisse en raison de la disparition progressive d’exploitations.
Dans le programme de coalition, le chapitre consacré à l’agriculture est assez vaste. Ce qui a été retenu vous satisfait-il ?
Il faut clairement dire que l’empreinte de déi gréng est fortement présente dans le domaine de l’agriculture. Je ne retrouve pas cette même empreinte dans d’autres domaines, tels que l’industrie ou les transports. Je comprends bien que l’environnement importe beaucoup chez les verts, mais j’aurais imaginé un engagement similaire en ce qui concerne la croissance économique et démographique. On aurait pu mettre un frein. Ce n’est pas le cas, et ainsi, on reste un genre de tampon qui est accusé de tous les torts.
La politique agricole menée par le gouvernement est-elle trop « verte » à votre goût ?
On est assiégé par le ministère de l’Environnement. En partie, on se sent abusé. Naturellement, la zone de tension entre agriculture et environnement est omniprésente. Mais en toute logique, l’agriculteur doit pouvoir travailler sur le terrain. Aujourd’hui, la biodiversité est en net recul. Mais des changements ont toujours eu lieu. La différence est que tout s’est accéléré. Et, donc, on a le réflexe de placer ces phénomènes en relation directe avec le comportement de l’agriculture moderne. Tout cela repose pourtant plus sur une interprétation, dénuée de toute base scientifique.
Entretien avec David Marques