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Le premier raid inclusif du Grand-Duché


(De g. à d.) Membres de Back To Sport, Franco, Sejla et Umberto se sont entraînés dur afin d’être prêts pour le raid aux côtés de personnes valides.

Le 1er juin prochain, l’ASBL Back To Sport organise un raid nature autour du lac de Remerschen mêlant des personnes en situation de handicap et des valides. Seul objectif : promouvoir l’inclusion.

Ils ont le sourire tous les trois. Et de la détermination. Sejla, Umberto et Franco sont trois sportifs de l’ASBL Back To Sport, (B2S) fondée en 2016 afin de proposer aux personnes en situation de handicap la chance de faire du sport ainsi que des événements avec des personnes mobiles. Après une soirée de rugby en fauteuil roulant en février dernier, l’ASBL organise ce 1er juin un raid inclusif au lac de Remerschen, une première au Grand-Duché.

Un défi de taille pour les sportifs en situation de handicap puisque le challenge comporte 500 mètres de natation, 1,8 kilomètre de kayak, 25 kilomètres de vélo et une course d’orientation sur 4 kilomètres. Pas de quoi les effrayer pour autant. «Je suis prête et cela va bien se passer» répond Sejla au nom de ses camarades qui, comme elle, s’entraînent jusqu’à quatre fois par semaine.

Au-delà de l’enjeu sportif, tous les membres de Back To Sport ont également comme mission de sélectionner et diriger leur équipe de quatre personnes. Un rôle qui permet de les mettre en valeur et de favoriser l’inclusion, tout comme l’obligation que chaque équipe comporte au moins une personne à mobilité réduite (PMR). Au total, il devrait y avoir «entre 20 et 35 sportifs Back To Sport» estime Xavier Masson, coordinateur général de l’ASBL.

Soit autant d’équipes. «Si nous avons 25 équipes bien formées et bien prêtes, nous serons contents, car je préfère avoir un bon petit groupe qui est prêt et qui termine le challenge que 40 équipes qui ne le seront pas.» Afin de constituer leurs équipes, les sportifs B2S ont jusqu’au 20 mai pour faire inscrire leurs coéquipiers, valide ou non. Bien que l’ASBL possède assez de contacts pour faire les équipes, ce sont ces membres qui ont la responsabilité de le faire «afin qu’il n’y ait pas de relation ascendante sur eux».

«On oublie que l’on est malade»

Surmotivé par l’enjeu, Umberto cherche donc à contaminer ses proches avec son enthousiasme afin qu’ils participent au raid à ses côtés. «J’ai hâte surtout pour le vélo et la course. Même si l’objectif principal, c’est de finir le raid, j’aimerais faire un des meilleurs chronos à vélo», glisse-t-il. Amputé d’une jambe, ce dernier a tout juste repris la course afin de s’entraîner pour le raid.

Désormais équipé d’une lame de course, son prochain objectif sera un marathon si le test est concluant lors du raid. Franco est, lui aussi, spécialisé dans le vélo. Invalide, il possède un vélo allongé à trois roues, appelé «fat bike», qui lui permet de faire oublier son handicap le temps d’une sortie. «Je suis lent pour tout, pour parler, pour bouger et à vélo, j’ai de nouveau des sensations et de la vitesse. Dans ces moments-là, on oublie que l’on est malade.» Des mots forts pour l’ASBL qui promeut toute l’année l’inclusion des personnes en situation de handicap via le sport.

Le 1er juin prochain, le lac de Remerschen devrait accueillir une centaine de participants pour le raid. Photo : archives editpress/chloé maringer

«On veut bousculer la vision d’une personne en situation de handicap. Oui, j’ai ma pathologie, j’ai ma maladie, mais je peux faire un raid, je peux faire un triathlon si je suis entouré. On a envie de mettre un bon coup de pied, de chatouiller ceux qui vont nous regarder pour montrer que l’on peut oser», revendique Xavier Masson. Afin de ne pas être différencié d’un sportif valide, l’ASBL a fait le choix du triathlon, en plus du kayak, qui est un sport «qui représente bien le dépassement de soi», à l’image des sportifs non valides qui pratiquent du sport malgré leur handicap. «En terminant un triathlon, tu vas au bout de toi-même et c’est vraiment se faire violence. Tu es obligé de t’entraîner.»

Entraide et convivialité

Le 1er juin, le mot d’ordre restera malgré tout le plaisir, avec comme seul objectif affiché de finir le raid. «Ce sera déjà un beau challenge», admet Franco. Ce genre d’événement étant une première pour les adhérents de B2S, les règles ne sont pas les mêmes qu’ailleurs. Pour les participants non valides qui ne peuvent pratiquer certains sports comme la natation ou le kayak pour Franco, le règlement est adapté.

«Par expérience et vu qu’on est sur un premier événement et je sais que c’est impressionnant, pour la natation, on demande qu’il y ait deux personnes par équipe, et le kayak, deux personnes par équipe aussi. Mais s’ils veulent nager à quatre, ils peuvent», explique le coordinateur général. Pour le vélo, les poussettes dans les montées et les deux roues électriques sont également autorisées. Et pour ceux qui ne peuvent nager, la possibilité existe d’être tiré par ses coéquipiers sur une planche de paddle afin de ne pas rester sur la touche.

L’entraide entre sportifs non valides et aussi l’une des forces de l’ASBL et du raid. Pas à l’aise avec les épreuves nautiques, Sejla est de suite réconfortée par Umberto : «Comme elle, pour ma première fois dans l’eau, je n’ai pas nagé donc je la comprends, mais cette année, je nage et je suis sûr qu’elle aussi pourra le faire bientôt.» Les deux compères se sont entraînés ensemble pour le raid.

Pour le raid, les personnes en situation de handicap seront dans des vélos adaptés et pourront être aidées par leurs coéquipiers valides. Photo : back to sport

«Grâce au sport, on fait de belles connaissances, on se fait des amis», se réjouit Umberto. «Déjà que je suis invalide, je ne vais pas rester à la maison. Pour faire quoi? Regarder le mur? Si tu fais cela, tu déprimes.» Afin de renforcer ce lien social rendu possible grâce au sport, un «raid drink and food» sera organisé en fin de journée au bord du lac au nom de «la convivialité et l’esprit d’équipe qui sont très importants pour nous», fait savoir Xavier Masson.

Pratique : Pour avoir un prêt de matériel (nombre limité), les inscriptions se terminent le 15 mai. Sans prêt de matériel, fin des inscriptions le 20 mai. Prix : 250 euros par équipe. Contact : www.backtosport.lu ou +325 661 646 464.

Une ASBL en manque de salle

L’envergure du raid proposé par Back To Sport symbolise l’ampleur prise par l’ASBL depuis son lancement en 2016. «On se développe à vitesse grand V, on est passé d’une activité par semaine à quatre, voire cinq activités», se félicite son coordinateur général Xavier Masson. «D’ici juillet, on devrait avoir entre 100 et 110 sportifs. On est heureux d’avoir ce chiffre-là, mais on ne saurait en avoir plus.»

L’ASBL est, selon lui, confrontée à un problème qu’elle partage avec toute structure sportive du pays : le manque de salle. Pour l’instant, Back To Sport ne dispose pas de salle fixe et se contente de la salle du Rehazcenter, où Xavier Masson exerce en tant que rééducateur en neurologie. «On a la chance d’avoir le Rehazcenter, mais trouver une autre salle dans une autre commune, c’est compliqué.» Des discussions sont en cours avec des communes autour de Luxembourg pour trouver un accord afin de pouvoir développer l’ASBL. Un véritable «combat» selon son coordinateur, «d’autant plus que l’on a quelques critères nécessaires d’accessibilité à respecter pour nos sportifs.»