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Le Parlement des jeunes déterminé à se faire entendre


Lana Despotovic, Sam Elsey (président), Philipp Bost et Niels Huberty se disent satisfaits des échanges avec leurs aînés. (Photo : fabrizio pizzolante)

Reçus ce lundi à la Chambre des députés pour leur audience annuelle, les représentants du Jugendparlament ont égrené six résolutions, fruit des travaux menés par 140 jeunes ces derniers mois.

Les 140 jeunes engagés au sein du Jugendparlament cette année n’ont pas chômé. Répartis en cinq commissions – Affaires étrangères et européennes, Économie et travail, Éducation, Environnement, Égalité des chances et intégration – ils ont planché pêle-mêle sur la création d’un système de défense commun en Europe, la problématique de l’accès au logement au Luxembourg, une réforme des examens en classe de première, la lutte contre le cyberharcèlement, ou encore l’indépendance énergétique du pays.

En prime, à la demande du président de la Chambre des députés, Claude Wiseler, une commission spéciale a été ajoutée lors de cette session pour creuser les liens entre intelligence artificielle et école afin d’identifier des usages intéressants au niveau pédagogique (lire ci-contre).

Les membres du Jugendparlament se réunissent régulièrement avant de voter en plénière les résolutions soumises ensuite à leurs aînés parlementaires lors d’un hearing annuel. Un exercice loin d’être anecdotique puisque ces dernières années, le Parlement des jeunes a visé juste, de la réforme du Cepas à la séparation de l’Église et de l’État, jusqu’à la menace russe, évoquée dès 2014.

Une institution plus représentative

Ouverte à tout résident de 14 à 24 ans, l’institution a déployé cette année d’importants efforts, sous l’impulsion de son équipe exécutive, pour être plus représentative et porter la voix de tous les jeunes du pays – pas seulement celle des Luxembourgeois. Pari gagné : on parle désormais aussi anglais et français en commissions, tandis que davantage de résidents étrangers ont rejoint les rangs.

De quoi enrichir les discussions et permettre à chacun de participer : la clé de l’inclusion des jeunes à la prise de décision politique, souligne Niels Huberty, dans un avis. Celui qui succèdera à Sam Elsey à la présidence dès octobre appelle le gouvernement à rendre le processus démocratique plus accessible aux jeunes, via une série de mesures concrètes : expliquer le droit de manifester aux lycéens à travers des ateliers, prévoir une traduction lors des événements jeunesse financés par l’État, accompagner les jeunes dans la prise de parole en public, l’éducation aux médias et inculquer l’importance de la participation citoyenne. Une véritable feuille de route pour 2024/2025, glisse-t-il.

Une pétition en 2025 sur le vote à 16 ans

Lundi, le Premier ministre, Luc Frieden, a tenu sa promesse d’être présent, comme de nombreux députés. Une marque de considération qui compte beaucoup. Sam Elsey dit aussi avoir constaté ces derniers mois, lors de nombreuses entrevues avec les partis, la volonté des politiques de se tourner vers les jeunes citoyens et a annoncé que la collaboration avec la Chambre va s’intensifier à l’avenir.

Autre cheval de bataille du Parlement des jeunes : le droit de vote à 16 ans. Aux côtés du Conseil supérieur de la jeunesse, le Jugendparlament compte lancer une pétition début 2025 pour susciter un débat national sur cette mesure, retoquée massivement par les électeurs lors du référendum de 2015. Tous estiment que dix ans plus tard, le temps est venu de remettre la question sur la table.

Rendez-vous dès octobre pour le lancement d’une nouvelle session. L’ensemble des résolutions et avis du Parlement des jeunes 2023/2024 est consultable en ligne, en allemand et en français.

jugendparlament.lu

Oui, l’IA a sa place à l’école

Appelés à se prononcer sur l’utilisation de l’intelligence artificielle en milieu scolaire, les jeunes ont abouti à la conclusion que bannir l’IA de l’école n’est pas la solution. Ils pointent que, si les enseignants manquent de ressources et de formation face à cette nouvelle technologie, les élèves, eux, l’utilisent déjà. D’où leur recommandation de construire des stratégies éducatives intégrant l’IA, tout en prévenant les dérives. Une enquête pourrait être lancée pour identifier les IA pertinentes et fiables à déployer en classe, tandis qu’un groupe de travail avec des acteurs du secteur plancherait sur une formation obligatoire pour les enseignants. Le but étant de transmettre aux jeunes les bonnes pratiques avec l’IA.