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Le nombre de guêpes explose


Plus on avance dans la saison, plus les nids sont importants.Ils continueront à grossir tant que les températures seront chaudes. (Photo : wirestock/freepik)

Une météo propice permet aux guêpes de proliférer de façon exceptionnelle cette année. De quoi surcharger le programme de travail des désinsectiseurs, même si les nids ne sont traités qu’en cas de danger.

Qui n’a pas juré une fois en terrasse cet été en se faisant harceler par quelques guêpes intéressées par une boisson ou un repas alléchant? Un hiver doux, un printemps chaud et sec et «c’est reparti comme en 2019», lance Eddy Boland.

«C’était une année exceptionnelle pour les guêpes que nous ne pensions plus jamais revivre, et trois ans plus tard, cela recommence. Cette année-là, nous avions effectué 1 500 interventions», explique le gérant de la société RHS Hygiène Service, basée à Erpeldange.

« Plus les températures sont élevées, plus les nids se développent vite »

L’entreprise a embauché deux personnes supplémentaires pour faire face à cette saison et intervenir dans les 24 à 48 heures. Sur six employés, trois se consacrent uniquement aux guêpes. «Plus les températures sont élevées, plus les nids de guêpes se développent vite. Il est donc logique que le réchauffement climatique ait un impact s’il ne pleut pas. C’est le cas pour de nombreux insectes comme les frelons ou les moustiques.» Il y a d’ailleurs beaucoup moins de guêpes dans le nord du pays, note le spécialiste. «Deux ou trois degrés de moins, ça fait toute la différence.»

D’entrée, le désinsectiseur insiste : «Nous ne tuons pas les guêpes pour le plaisir. Il ne s’agit pas de les exterminer, mais de faire de la prévention pour la sécurité des gens. En ce moment, des gens se présentent aux urgences presque tous les jours pour des piqûres» Selon son expérience, dans 95 % des cas, «les nids que les gens veulent enlever représentent un danger». D’ailleurs, la destruction injustifiée de nids est interdite par la loi relative à la protection de la nature.

Les caissons de volet privilégiés

Eddy parle de cet insecte avec respect :«Au printemps, les reines sortent de leur cachette et de leur léthargie. Chaque reine fécondée va aller créer une nouvelle colonie. Deux choses peuvent les mettre en péril : trop de nuits de gel en hiver ou du mauvais temps au printemps. De la pluie au printemps pendant deux semaines ou des gelées tardives après la sortie d’hibernation empêchent les reines de se nourrir correctement.»

Pour éviter le froid glacial en hiver, les reines recherchent des endroits abrités. «Elles sont intelligentes et aiment bien les caissons de volet», qui bénéficient de la chaleur des édifices. «Environ 80 % des nids qu’on retire sont dans les caissons de volet, notamment ceux des chambres d’enfants. On intervient beaucoup aussi dans les abris de jardin ou sur les terrasses.»

C’est cette proximité avec l’humain, dans des lieux de passage, qui peut constituer un risque, surtout si l’un des habitants du foyer est allergique. Encore faut-il avoir été piqué pour le savoir. Il peut aussi y avoir des risques mécaniques, «par exemple dans une borne électrique de la voie ferrée».

Détruire soi-même le nid

«N’importe qui peut détruire un nid de guêpes, il suffit d’acheter un produit en magasin et de le pulvériser sur le nid», explique Eddy Boland. La plupart des produits peuvent être pulvérisés à plusieurs mètres de distance. Mais quand la population du nid est déjà conséquente, ce n’est pas sans risque. Même en y allant de nuit, il faut s’équiper pour se prémunir contre les piqûres.

«Si c’est en hauteur, le risque est aussi de tomber d’une échelle. Et parfois, il faut s’y prendre à plusieurs reprises pour éliminer la colonie. Nous, nous agissons de façon presque chirurgicale. Avec une aiguille, on propulse la poudre au milieu du nid et, ensuite, toutes les guêpes qui entreront ou sortiront seront contaminées.»

Lorsqu’on agit soi-même, il faut aussi s’assurer que personne aux alentours ne risque d’être piqué.

De la taille d’un melon

Actuellement, les nids sont «de la taille d’un melon ou d’un seau de cinq litres, illustre le spécialiste. Ils peuvent contenir des milliers d’individus, notamment ceux en forêt qui ne gênent personne. Ils continueront à grossir tant que la météo restera clémente. Cela peut s’arrêter fin août ou mi-septembre. C’est la nature qui décide. Quand la température va descendre, les guêpes vont commencer à mourir et les reines fécondées vont partir se cacher sous une écorce ou même dans une habitation. Elles vont tenter de survivre à l’hiver et le cycle recommencera.»

Le gérant de RHS Hygiène Service précise que les guêpes ont bien sûr un rôle à jouer dans la biodiversité. «Elles n’aiment pas que le sucre, elles nettoient aussi pas mal», puisque ces insectes sont des charognards attirés par les protéines en décomposition. Ce sont aussi de redoutables prédateurs qui s’attaquent notamment aux nuisibles dans les cultures ou aux moustiques. Comme les abeilles, elles ont également un rôle de pollinisateur. «Quand elles ne représentent pas un danger, il est même intéressant d’en avoir à proximité», assure Eddy Boland.

Calme et méfiance

Comme chacun le sait, pour ne pas être piqué par une guêpe, il ne faut pas bouger ou, du moins, éviter les gestes brusques. Mais la règle n’est pas toujours si simple à appliquer par les enfants ou même par les plus grands.

«Il y a souvent quelqu’un qui panique et, par exemple, sur la terrasse d’un bar, si une personne met une claque à une guêpe, il y a des chances qu’elle soit énervée et pique à la table suivante, indique le spécialiste. Elle pique toujours pour se défendre ou défendre son nid. C’est aussi l’occasion d’éduquer les enfants, de leur montrer qu’elles peuvent se poser sur une main, comme sur n’importe quel objet, sans danger. Elle va venir voir votre assiette, votre soda et une fois qu’elle aura fait le tour, elle repartira.»

Malheureusement, des accidents plus graves peuvent survenir. Le 29 juillet, nos confrères du Républicain lorrain relataient la mort d’un de leurs distributeurs après une piqûre de guêpe dans la zone de la gorge. Le sexagénaire dînait dans un snack à Creutzwald (Moselle-Est). Les secours venus rapidement sur place n’ont rien pu faire pour lui. Mais les cas avec une issue dramatique restent très rares.