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[Cinéma] Il y a 60 ans, Marilyn Monroe nous quittait


En 15 ans et 32 films, la blonde peroxydée et étourdissante est devenue une icône au destin habité par le mal-être. (Photo : dr)

Le 4 août 1962, Marilyn Monroe succombait à une prise excessive de somnifères. En 15 ans, elle a tourné dans 32 films. Blonde peroxydée et étourdissante, elle demeure une icône au destin habité par le mal-être. Une icône éternelle…

Couchés sur papier, les mots cinglent, manuscrits : «Oh comme j’aimerais être / morte – absolument non existante – / partie loin d’ici – de / partout mais comment le ferais-je / Il y a toujours des ponts… » Dans la nuit du 4 au 5 août 1962, l’auteure est retrouvée morte sur son lit, dans sa modeste demeure de Brentwood, dans les environs de Los Angeles… Marilyn Monroe, née Norman Jeane (le «e» disparaîtra à l’adolescence) Baker le 1er juin 1926 dans la «cité des Anges».

Mère bien barrée, père aux abonnés absents. Enfance entre cette mère foutraque et des familles d’accueil, chez des «gens de peu». Un viol à 8 ans, un premier mariage à 16 ans, des premières photos pour calendriers emplis de pin-up… Plus tard, brune devenue blonde peroxydée, cheveux et – assure la légende – pubis, elle sera interrogée : «Poser nue, ça ne vous posait pas de problème?» Réponse : «Il y avait du chauffage dans la pièce…».

Une icône du XXe siècle

En ce soixantième anniversaire de sa mort, Marilyn Monroe demeure encore et toujours l’icône du XXe siècle, éternelle et ultime, en un temps où des apprenties starlettes se prétendent influenceuses parce qu’elles se maquillent en direct sur internet… Certes, quelques aigris assurent que Marilyn est un personnage créé par quelques fieffés producteurs d’Hollywood et lancé comme tout autre produit, savon, corn-flakes ou aspirateur, mais l’évidence était déjà là : Norma Jean possédait tout ce qui allait rendre Marilyn unique, même pas concurrente des brunes «atomiques» que l’industrie du cinéma a tenté de lui opposer.

Cinq films indispensables

The Asphalt Jungle (John Huston, 1950) «Doc» Riedenschneider, un cerveau du crime fraîchement sorti de prison, projette un cambriolage de bijouterie qui devrait rapporter un demi-million de dollars. Il recrute le perceur Louis, le chauffeur Gus, le bailleur de fonds Emmerich et le solide Dix Handley. Au début, tout se passe comme prévu mais de petits incidents perturbent la mécanique du vol et chacun se révèle faillible. Un film noir avec un petit rôle pour Marilyn…

Gentlemen Prefer Blondes (Howard Hawks, 1953) Une blonde explosive, croqueuse de diamants, et une brune foudroyante s’embarquent pour la France. Sur le paquebot se trouvent le richissime Piggie et les athlètes américains de l’équipe olympique. Une comédie musicale avec un numéro célèbre : Diamonds Are a Girl’s Best Friend.

The Seven Year Itch (Billy Wilder, 1955) Richard Sherman, un publiciste, vient de déposer à la gare sa femme et ses enfants. Il prévoit de rester seul pour les vacances d’été dans son appartement new-yorkais. Après sept ans de mariage, il fantasme allègrement sur les filles qu’il rêve de séduire. Sa solitude va vite être troublée par sa charmante voisine blonde du dessus. Il ne tarde pas à l’inviter chez lui pour prendre un verre. Une image iconique : Marilyn en robe blanche volant au-dessus de la bouche du métro…

Some Like It Hot (Billy Wilder, 1959) Deux musiciens de jazz au chômage, mêlés involontairement à un règlement de comptes entre gangsters, se travestissent en musiciennes pour leur échapper et partent en Floride avec un orchestre féminin. Ils tombent illico amoureux d’une ravissante et blonde créature, Alouette, qui, elle, veut épouser un milliardaire…

Let’s Make Love (George Cukor, 1960) Jean-Marc Clément règne sur New York et sur la Bourse. Il possède une puissante compagnie qui négocie avec le monde entier. Son argent de poche : 35 millions de centimes par semaine! De ses ancêtres français, il a aussi hérité d’un goût prononcé pour les femmes. Mais il ne sait pas encore que sa prochaine conquête, une blonde «atomique», va bouleverser sa vie…

Après avoir été un temps court mannequin, elle a pris des cours d’«acting». Elle voulait jouer la comédie, Hollywood l’a attrapée au moment de son envol. En l’arnaquant, évidemment, avec un contrat minable de 75 dollars par semaine alors que d’autres pointaient à 100 000 dollars… De 1947 à 1962, elle apparaît à l’affiche de 32 films, nombre d’entre eux réalisés par de très grands réalisateurs (John Huston, Joseph L. Mankiewicz, Howard Hawks, Fritz Lang, Otto Preminger, Billy Wilder, George Cukor), avec des acteurs parmi les plus réputés : Tony Curtis, Jack Lemmon, Richard Fowler, Yves Montand…

Habitée par un mal-être chronique

Elle a tourné, acceptant de jouer des rôles de gentille fille, de cruche blonde, d’idiote pas dangereuse, n’en pensant pas moins; ce qui la conduira à créer – avec le photographe Milton Green – et présider la société Marilyn Monroe Productions. Ainsi, femme libre revendiquant sa féminité et une liberté totale, elle choisira uniquement ce qui lui plaît et convient en tant que productrice et actrice.

Norma Jean possédait tout ce qui allait rendre Marilyn unique

Habitée par un mal-être chronique, elle ferme sa société de production et retourne à Hollywood. Mariée au joueur de base-ball Joe DiMaggio puis au dramaturge Arthur Miller, elle collectionne, toujours selon la légende, les amants : Frank Sinatra (qu’elle accusera de l’avoir violée) et quelques-uns de ses amis de la mafia, Yves Montand ou encore les frères Kennedy, John Fitzgerald et Robert.

Elle entretient des relations hasardeuses avec des profiteurs, des escrocs et des voyous pour noyer sa solitude. Elle s’en épanchera même sur le divan de son psychanalyste, avec qui elle a parlé le soir de sa mort… Au petit matin, sa gouvernante la trouvera gisant sur son lit. Le médecin conclura au suicide consécutif à une prise importante de somnifères. «On ne peut plus rien faire», dira-t-il. Aujourd’hui encore, le mystère plane, évoquant un possible assassinat commandité par la mafia, voire par le clan Kennedy. Une certitude : les hommes préfèreront toujours les blondes, surtout si elles se prénomment Marilyn, s’habillent de diamants et s’enveloppent de N° 5 de Chanel… Pou pou pidou!

Elles ont été Marilyn

Ce sera l’un des évènements du prochain festival de Deauville, en septembre, et l’une des sorties Netflix les plus attendues de l’année : Blonde, le biopic réalisé par Andrew Dominik et adapté du roman de Joyce Carol Oates, sortira le 28 septembre sur la plateforme de streaming. Dans le rôle de Marilyn Monroe, l’actrice cubano-espagnole Ana de Armas. Après avoir vu le film en projection privée, la romancière a confié : «Andrew a si bien dirigé Ana de Armas qu’elle est réellement devenue Marilyn. Je n’aurais jamais pensé qu’un metteur en scène homme puisse aussi bien s’immerger dans un cerveau féminin…».

Avant Ana de Armas, sept actrices se sont glissées dans les habits de Marilyn Monroe sur petit et grand écrans. Misty Rowe, en 1976, tient le rôle principal de Goodbye, Norma Jean, réalisé par Larry Buchanan; elle n’y est guère convaincante. Vingt ans plus tard, la brune Ashley Judd et la blonde Mira Sorvino jouent les deux facettes de l’icône dans le fade et triste téléfilm Norma Jean & Marilyn (Tim Fywell, 1996). Puis l’Australienne Poppy Montgomery est parfaite dans Blonde (Joyce Chopra, 2001), minisérie qui adaptait déjà le roman de Joyce Carol Oates, publié l’année précédente.

À son tour, Michelle Williams tente de montrer la femme derrière le mythe, mais se laisse trop aller à l’imitation sans inspiration dans My Week with Marilyn (Simon Curtis, 2011), qui profite pourtant d’un casting XXL, dont Kenneth Brannagh, Judi Dench et Emma Watson. La même année, dans la série télé The Kennedys, la Canadienne Charlotte Sullivan fait peine à voir, complètement dépassée par le rôle. Enfin, et toujours à la télé, l’Américaine Kelli Garner évite de justesse le naufrage dans son interprétation, bien trop caricaturale, dans The Secret Life of Marilyn Monroe (Laurie Collyer, 2015).

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