Le lycée technique de Bonnevoie a inauguré mardi la nouvelle version de son restaurant d’application, une première pierre dans la revalorisation de l’établissement.
Table joliment dressée et serveurs aux petits soins portant des plateaux bien garnis : Mike Borschette, lui-même tiré à quatre épingles, avait mis les petits plats dans les grands pour présenter la nouvelle version du restaurant d’application du lycée technique de Bonnevoie (LTB).
Le nouveau directeur, arrivé en septembre, a de grandes ambitions pour l’établissement dont il cherche à revaloriser les formations. La première étape passe par le restaurant d’apprentissage permettant aux élèves de se faire la main avant de plonger dans le monde professionnel. Rebaptisé An der Léier, il a subi un léger lifting tandis que sa vaisselle a été remise au goût du jour avec cette nouvelle appellation. «Il peut maintenant recevoir 40 personnes et servir de restaurant gastronomique pour les enseignants à midi», précise Mike Borschette. Le personnel de l’établissement – le restaurant n’a pas la capacité d’accueillir les élèves ou des gens de l’extérieur – peut ainsi déguster entrée, plat et dessert en une heure chrono, la durée d’un cours.
Changement de nom
Au-delà du restaurant, le directeur du LTB souhaite lancer de nombreux chantiers dans les années à venir. «Nous avons cinq ans pour nous préparer au nouveau bâtiment (lire encadré). Et nous devons revaloriser les différents métiers.» Diplôme de technicien (DT), diplôme d’aptitude professionnelle (DAP) et certificat de capacité professionnelle (CCP) : le LTB propose en effet de nombreuses formations dans des domaines très différents allant de l’administratif à la logistique en passant par les métiers de bouche, l’éducation ou encore la mécanique.
«Nous avons aussi de nouvelles formations cette année, comme le DAP Inclusion ou le CCP Assistant d’accompagnement au quotidien.» Une offre éducative qui va continuer de s’affiner dans les années à venir pour accompagner un gros changement au sein du lycée. «Nous travaillons pour changer le nom du lycée et enlever le « technique »», annonce Mike Borschette.
Car le nouveau directeur est conscient de l’image, parfois négative, que le LTB peut renvoyer. Certains élèves se sont parfois plus illustrés par leur mauvaise conduite que par leur aptitude au travail. Une vision que la direction souhaite changer. «Je dis souvent que nous avons une population d’élèves plus créative dans son comportement.»
Revaloriser l’apprentissage
Mais c’est aussi toute l’image de l’apprentissage qu’il faut changer. La branche souffre encore d’un regard peu valorisant de la part de la société et reste trop souvent une voie par défaut pour des élèves n’ayant pas d’assez bonnes notes pour les filières générales.
En début d’année, l’Association des maîtres d’enseignement du Luxembourg (Amelux) interpellait les politiques pour leur demander une revalorisation de l’apprentissage en accordant notamment une meilleure reconnaissance à ces diplômes. Une évolution essentielle pour une économie luxembourgeoise qui se dirige lentement vers une possible récession.
En effet, malgré un nombre record de 1 103 jeunes apprentis sur l’année 2022/2023, les entreprises peinent à embaucher, en particulier dans le domaine de l’Horeca. Des jeunes formés, et avec déjà un pied dans le monde du travail, sont donc un atout non négligeable pour les employeurs, qui trouvent à travers l’apprentissage une main-d’œuvre prête à l’emploi.
«L’apprentissage, ça ne s’arrête pas à un premier diplôme»
Reconduit au poste de ministre de l’Éducation nationale dans le nouveau gouvernement de Luc Frieden, Claude Meisch affirme être bien conscient du problème. «Le nouveau gouvernement s’est fixé l’objectif de promouvoir l’orientation vers tous les métiers. Il faut donner des perspectives et donner la possibilité aux apprentis de continuer vers des études supérieures. L’apprentissage, ça ne s’arrête pas à un premier diplôme.»
Mike Borschette est en tout cas convaincu que ses élèves ont un vrai potentiel, que ce soit la centaine d’apprentis cuisiniers ou les quarante qui travaillent au service. «On les appelle serveurs, mais ils font bien plus que ça. Moi, je les appelle des conseillers gastronomiques. Nos élèves de dernière année travaillent dans de grands restaurants.» Là encore, un long travail sera nécessaire pour changer une image désuète qui ne correspond plus aux réalités du métier.
Un nouveau bâtiment dans les cinq ans à venir
L’un des grands chantiers à venir du lycée technique de Bonnevoie est la construction d’un tout nouveau bâtiment. «Ici, c’est trop petit», reconnaît le directeur, Mike Borschette. Prévu juste à côté du site actuel, ce projet devrait voir le jour d’ici la rentrée 2028. Les équipes pédagogiques sont donc en pleine préparation de ce déménagement à venir qui permettra, là aussi, de changer l’image vieillissante du LTB. Mais même si toutes les activités seront transférées dans ce futur bâtiment, l’ancien lycée devrait, pour le moment, rester debout et entamer une nouvelle vie.