La volonté de «renforcer la confiance» des Luxembourgeois en la qualité et en l’accès à l’eau s’est concrétisée en une loi entrée en vigueur le 1er janvier. Ses objectifs et paramètres ont été déclinés ce jeudi.
La dernière période estivale, qui s’est montrée particulièrement aride, a ravivé le spectre d’une sécheresse hydrologique sur les cours d’eau, alors que les communes luxembourgeoises, chargées de l’approvisionnement en eau, se sont prémunies contre le risque de pénurie par des mesures visant à éviter tout gaspillage.
Ces fortes chaleurs, symptômes du réchauffement climatique, sont venues rappeler la valeur primordiale d’une telle ressource, d’autant plus que 60 % des citoyens indiquent désormais boire de l’eau du robinet tous les jours, soit une inversion totale des pratiques en à peine quinze ans. L’ensemble de ces évolutions conduisent à la nécessité de renforcer la confiance des Luxembourgeois à la fois en la qualité de l’eau potable et en son système d’accessibilité et de préservation.
12 000 analyses et contrôles chaque année
Si près de 12 000 analyses et contrôles sont déjà effectués chaque année, le gouvernement entend sécuriser davantage l’approvisionnement en eau avec une nouvelle loi votée à l’unanimité le 23 décembre dernier et entrée en vigueur le 1er janvier.
Cet apport législatif intervient également dans un cadre européen, puisque le Grand-Duché est chargé d’être au diapason d’une nouvelle directive de l’Union, destinée à améliorer le «droit de et à l’eau» : «Le Luxembourg poursuit des ambitions plus élevées et la gestion des risques dans les zones d’eau potable et d’approvisionnement a d’ores et déjà été mise en œuvre», annonce Joëlle Welfring, la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable.
La chasse aux fuites et aux polluants
Après plusieurs concertations et séances d’information avec le Syndicat des villes et vommunes luxembourgeoises (Syvicol) et l’Association luxembourgeoise des services d’eau (Aluseau), une stratégie a été mise en place et elle sera mise en œuvre jusqu’en 2029. L’administration de la Gestion de l’eau (AGE), sous la tutelle du ministère de l’Environnement, aura ainsi jusqu’à 2026 pour actualiser les normes de qualité, alors que 99 % des analyses sont déjà conformes aux règles établies. Rien d’anodin au regard du réseau et des infrastructures dédiées au filtrage et à l’acheminement des eaux, en provenance intégralement des ressources souterraines ou des eaux du lac de la Haute-Sûre.
La loi prévoit tout de même de prévenir les éventuelles détériorations des conduites publiques, en assurant une surveillance et une gestion optimisées : «Il y a environ 9 % de la consommation annuelle qui sont des fuites dans notre pays. Il va donc falloir mieux surveiller et analyser notre réseau pour prendre des mesures en cas de besoin», expose la ministre de l’Environnement et son conseiller, Tom Schaul, qui livre davantage de détails : «Les fournisseurs d’eau doivent faire un inventaire des risques dans leurs infrastructures, alors que l’administration de la Gestion de l’eau veillera à contrôler leurs bonnes tenues. Les zones de protection, les systèmes d’approvisionnement et les installations privées de distribution seront également soumis à des analyses.»
Les premières évaluations des fuites dans les réseaux d’eau potable arriveront en 2024, alors que cette approche préventive se décline également sur le front de la pollution : «L’idée est également de prévenir l’introduction de polluants, comme le nitrate ou les pesticides, qui peuvent entrer en contact avec l’eau, tout comme certains éléments de construction», annonce Tom Schaul. Une liste de matériaux inoffensifs pour la qualité de l’eau sera donc établie en 2024.
Une «collaboration de fer»
Dans le paquet de nouveaux paramètres prévus par la loi relative à l’eau, de nombreuses dispositions entendent améliorer le rapport entre les citoyens et cette ressource. Ainsi, toutes les communes du pays doivent, au plus tard en 2029, avoir mis place des distributeurs d’eau, tant sur la voie publique qu’à l’intérieur des bâtiments communaux et écoles. De même que les administrations seront toutes équipées de ces distributeurs. Pour leur part, les restaurants, cantines et services de restauration seront encouragés à fournir de l’eau gratuitement ou moyennant des frais de service peu élevés.
Les informations fournies sur la qualité seront également plus «transparentes», alors qu’un nouveau régime de sanctions sera institué. À ce paquet de mesures, le Syvicol et l’Aluseau ont manifesté leur approbation et affirmer leur volonté de collaborer étroitement et davantage dans ce vaste chantier.
L’Association luxembourgeoise des services d’eau rappelle sa mission d’information sur la valeur et la qualité de l’eau, qu’elle mène notamment via son site d’information drenkwaasser.lu, tandis que le Syvicol s’attèle à informer les élus et agents communaux. Une «collaboration de fer» pour la protection de la plus précieuse des denrées.
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