Accueil | A la Une | Le Luxembourg au Laos : «Ce projet a changé nos vies»

Le Luxembourg au Laos : «Ce projet a changé nos vies»


Bounkong Seanphomban est le chef du village de Nathong, où il est né : il a vu les progrès amenés par les équipes luxembourgeoises.

La visite de Xavier Bettel au Laos s’est poursuivie ce mercredi 7 février avec la découverte de deux villages développés par le Luxembourg près de la capitale, Vientiane.

Ils ne sont situés qu’à une trentaine de kilomètres de la capitale laotienne, et pourtant, le contraste est sans appel. Pour rejoindre les villages de Nathong et Nayang, mieux vaut être équipé d’une Jeep ou d’un véhicule tout terrain, tant le dédale de routes offre de sensations à ceux qui s’y aventurent. Pas de quoi effrayer Xavier Bettel et sa délégation luxembourgeoise. Le tout nouveau responsable de la Coopération s’est rendu hier dans ces deux villages, l’un développé par l’Agence luxembourgeoise pour la coopération au développement (LuxDev) et l’autre par Caritas.

Cette dernière est présente au Laos depuis maintenant 14 ans et travaille dans précisément 37 villages. Si l’accès à l’eau potable et la gestion économique sont deux aspects des projets menés par l’ONG luxembourgeoise, c’est surtout la malnutrition qui demeure l’élément central du travail de Caritas au Laos. Avec une sous-alimentation des enfants de 0 à 5 ans de l’ordre de 33 %, le pays a fort à faire. «Nous essayons, par le biais de nos activités, de sensibiliser notamment les mères pour qu’elles sachent quoi et comment cuisiner pour leurs enfants : des repas avec les vitamines et minéraux nécessaires par exemple», explique Robert Kohll, membre de Caritas Luxembourg présent au Laos.

Caritas Luxembourg a développé un jardin dans le village de Nayang afin de varier l’alimentation des villageois. Photo : mae

Il faut dire que la région du «million d’éléphants», comme on la surnomme, s’accroche à ses traditions ancestrales : après la naissance d’un enfant, sa mère ne doit le nourrir que de riz. Aucun légume, ni poisson. Une façon de faire qu’il a fallu… varier un peu : «Nous avons sensibilisé les parents en leur proposant des alternatives, de nouvelles recettes, avec du riz, mais aussi des légumes. Nous leur avons appris à se peser, se mesurer, pour évaluer la malnutrition», détaille Léo Hoerter, également membre de Caritas Luxembourg.

Un jardin a ainsi été créé à Nayang, ainsi qu’une «cabane à champignons», pour leur apprendre à produire différents légumes, non seulement pour contrer la malnutrition, mais aussi pour leur permettre de diversifier leurs revenus, basés quasiment exclusivement sur la culture du riz et le tissage. Et ainsi pouvoir aussi se nourrir en période de sécheresse, comme ce fut le cas l’an passé. «Ce genre d’épisode devient de plus en plus fréquent, en raison du changement climatique. Les périodes de sécheresse sont plus longues… Cela provoque des dégâts, ce qui est dramatique pour les gens d’ici, qui vivent à 70 % de l’agriculture. Nous voulons simplement améliorer leur quotidien», souligne Robert Kohll.

Une nouvelle école

À Nathong, petit village de 364 habitants, ce n’est pas tant la sécheresse qui pose problème, mais la montée des eaux. Avec la rivière qui passe juste à l’entrée du village, de nombreuses personnes pouvaient être emportées par le courant lors de la saison des pluies, si elles tentaient une traversée. L’Agence luxembourgeoise pour la coopération au développement a donc construit un pont, surélevé, afin de permettre aux villageois de circuler plus sereinement, mais aussi, et surtout, aux enfants de rejoindre leur école.

Si on soutient 20 000 personnes, ce n’est déjà pas si mal

«Ce projet a changé nos vies», glisse dans un sourire le chef du village, Bounkong Seanphomban. À 36 ans, il juge la coopération avec le Luxembourg «très utile» pour sa communauté. La mise en place de ce pont Bailey n’est en effet pas le seul projet mené par LuxDev à Nathong : la construction d’une nouvelle école a aussi été un facteur important pour les Laotiens présents dans cette région. «Les enfants ne venaient pas à l’école avant, elle était beaucoup moins bien que maintenant», explique-t-il, alors qu’une plaque «cofinancé par le Grand-Duché du Luxembourg» scintille fièrement sur la façade de l’établissement.

Des villages plus développés, «améliorés» dirons-nous, qui permettent aux équipes luxembourgeoises de sensibiliser aussi le reste de la population alentour. «Il est difficile d’évaluer le nombre de familles que nous aidons avec ce genre de projets. Mais si on soutient 20 000 personnes, ce n’est déjà pas si mal. Et puis, il y a les gens qui se trouvent autour, que l’on ne connaît pas forcément, mais qui viennent assister aux activités et prendre connaissance de tout ce que nous pouvons leur offrir. C’est très positif», se réjouit Robert Kohll.

Déjà 20 ans pour l’hôpital Maria Teresa

La santé est l’un des principaux domaines sur lesquels travaille la Coopération luxembourgeoise dans les pays partenaires. La situation sanitaire au Laos reste, encore aujourd’hui, très précaire. Une position qui avait conduit LuxDev à la création d’un hôpital à Phonhong, inauguré en novembre 2003. Vingt ans plus tard, ce sont près de 500 000 personnes qui ont été soignées grâce à cet établissement, qui compte bien poursuivre son ascension. Des rénovations, un nouveau matériel médical ou encore un nouvel espace dédié à l’ophtalmologie font partie des différents objectifs à venir.

L’hôpital Maria Teresa a été construit il y a vingt ans et a soigné plus de 500 000 personnes dans la région. Photo : mae