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Le lanceur de pétard de Metz-Lyon se confie : « J’ai vraiment merdé »


Le spectateur interpellé reconnaît le jet du premier pétard près d’Anthony Lopes. C’était, dit-il, « pour faire du bruit ». (Photo Anthony Picoré/RL)

Il est l’homme qui a allumé la mèche. Son jet de pétard, samedi dernier lors de FC Metz-Lyon, a déclenché un tourbillon médiatico-judiciaire sans précédent. Mis en examen, il a accepté de raconter cette folle semaine.

Il n’est pas à son aise dans le palais de justice messin découvert deux heures plus tôt, menotté, encadré par les unités de la Sûreté départementale. Ce grand gaillard est l’un des hommes par qui le scandale de Saint-Symphorien est arrivé. Son jet de pétard a blessé le gardien lyonnais, samedi dernier. D’autres ont suivi. Le match a été arrêté. Les sanctions pleuvent depuis sur le FC Metz, les supporters et les membres de la Horda Frénétik, pointés du doigt.

Le jeune Mosellan de 23 ans a été mis en examen vendredi pour introduction d’objet pyrotechnique dans une enceinte sportive, jet et violences, pour faire court. Il a été placé sous contrôle judiciaire. « Je pensais que j’allais en prison… » Pour un jet de pétard ? « Mais c’est tellement dingue tout ce qu’il s’est passé depuis ce match… » Il s’est posé un instant. Pour livrer la façon dont il a vécu ce moment.

Quel est votre rapport au football ? « J’ai découvert Saint-Symphorien il y a trois ou quatre ans avec un copain. J’ai accroché. Depuis, je viens aux rencontres avec ma compagne quand on peut. On aime les soirées passées là-bas. Je suis devenu un supporter du FC Metz. »

Vous étiez avec elle, samedi soir, pour Metz-Lyon ? « Non, malheureusement. Cela ne serait pas arrivé, c’est sûr. »

Le match a déraillé après le but d’un joueur messin. Vous nous racontez ? « On jouait la 30e minute. Ce but a provoqué beaucoup de joie et d’excitation. Comme tout le monde, j’ai voulu participer à l’ambiance. J’ai lancé le pétard pour faire du bruit. Mais il est parti plus loin que je le voulais. J’ai vraiment merdé… »

Il venait d’où, ce pétard ? « On me l’avait donné avant la rencontre. C’est un pétard polonais. Il est petit mais fait beaucoup de bruit. J’en vois souvent. Dans tous les stades. Je l’avais dans la poche de ma doudoune. »

Avez-vous vu le pétard éclater non loin d’Anthony Lopes ? « La seconde où il tombe au sol est gravée en moi. J’ai compris ! Je savais que c’était le mien. Je ne voulais pas ça. J’ai agi comme un con… »

Avez-vous vu les deux autres lanceurs ? « Non. La police recherche celui qui a lancé le pétard qui a atteint le gardien au sol. Les enquêteurs pensaient que je le connaissais. »

Ce n’est pas le cas ? « Je connais son visage, pas son nom. Je ne sais pas s’il fait partie de la Horda Frénétik comme il se dit. »

Et vous ? « Pas du tout. Je ne suis pas encarté. Je ne peux même pas dire que je suis un sympathisant. Je les croise aux matches, c’est tout. J’aime bien l’ambiance qu’ils mettent mais vous savez, je ne suis même pas un abonné du stade. »

Depuis l’arrêt du match, le monde du foot se déchaîne contre les supporters messins… « J’ai suivi ça. À la télé ou sur le net. J’ai même débranché mon compte Facebook : tout ce que je lisais me faisait peur. J’ai fait une grosse connerie. Mais il n’y avait aucune volonté de nuire ou de blesser. »

Vous n’avez pas été tenté de vous livrer ? « Si… Je n’ai pas dormi pendant quatre nuits. J’ai tout raconté à la mère de mes enfants, elle m’a bien engueulé… Je m’attendais à ce qu’on sonne à la porte. Les policiers sont arrivés mercredi. »

Vous voilà mis en examen… « Je suis aussi interdit de stade mais, de toute façon, cette affaire m’a vacciné. J’espère que le climat va s’apaiser maintenant. »

Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)

« La juste proportion » du dossier

Avocat du supporter messin mis en examen vendredi, Me Patrick Luciani est sorti « satisfait » du bureau de la juge d’instruction en charge du dossier.

Pas seulement parce que son client a été placé sous contrôle judiciaire, mais aussi « parce que le magistrat a donné au dossier sa juste proportion. À savoir qu’il ne s’agit rien d’autre que d’une grosse bêtise. C’est un geste malheureux de mon client qui s’en veut énormément. »