Parmi les 56 propositions remises jeudi dernier au Premier ministre par le Klima-Biergerrot, une douzaine concernent la mobilité, et le télétravail y est largement plébiscité : les citoyens veulent l’imposer deux jours par semaine minimum partout où c’est possible.
Réduire l’usage de la voiture individuelle, revoir la fiscalité et la taxation des moyens de transport, favoriser les changements de mentalité pour une société transformée : voilà les trois objectifs définis par les membres du Klima-Biergerrot qui se sont penchés sur la thématique de la mobilité.
À travers une série de mesures concrètes, présentées au Premier ministre, Xavier Bettel, jeudi dernier, les citoyens mettent sur la table de nombreux chantiers, dont celui de la contribution du monde du travail à la lutte contre le réchauffement climatique : pour eux, le télétravail constitue une véritable opportunité d’un point de vue écologique, et ils proposent d’en faire une norme et non plus une exception.
«Même relatif – puisqu’à lui seul, il ne peut pas résoudre la problématique du climat – le télétravail reste un enjeu important dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre», explique Bruno Henry, porte-parole du groupe de travail Mobilité et transports.
Le Klima-Biergerrot plaide ainsi en faveur d’un cadre légal à la fois clair et incitatif, avec l’instauration de deux jours de télétravail minimum par semaine pour tous les métiers qui le permettent, considérant que cela ne doit plus relever de la liberté individuelle des entreprises, mais de la loi.
«Si les résidents et les frontaliers laissaient leur voiture au garage deux jours par semaine, ce serait autant d’économies de gaz à effet de serre. Réduire la circulation automobile permettrait également de réduire les engorgements, ce qui voudrait dire moins de temps sur la route, et mécaniquement moins de pollution», résume cet employé dans le secteur bancaire, aussi à l’aise dans son costume-cravate que debout sur son gyropode.
« Flexitravail »
Pour ce faire, les citoyens indiquent, dans leur rapport final, que le Luxembourg devra renégocier les conventions fiscales en place avec les pays frontaliers pour préserver sa compétitivité, mais aussi renforcer la digitalisation au sein des entreprises, en privilégiant une organisation du travail à distance plutôt qu’en présentiel, voire passer à la semaine de quatre jours ou 36 heures, afin de réduire le temps passé dans les transports et d’améliorer la qualité de vie des travailleurs.
«Avoir plus de temps pour soi, c’est aussi être plus efficace par ailleurs», ajoute Bruno Henry, qui aimerait voir le flexitravail se développer davantage. Un modèle qui consiste, pour les salariés, à organiser leur journée de travail comme ils le souhaitent, loin du traditionnel «8 h – 17 h au bureau».
Une sorte de télétravail à la carte, dans le but d’éviter les heures de pointe sur les routes et le temps perdu inutilement dans les embouteillages. «Les employés devraient avoir la possibilité de commencer leur journée depuis chez eux, avant de rejoindre le bureau à un moment où il y a moins de trafic, y poursuivre leurs tâches, avant de regagner leur domicile pour s’occuper de leurs enfants par exemple, puis de travailler à nouveau», explique-t-il, pointant la barrière de la loi, qui considère pour l’instant qu’une seule minute de télétravail compte pour une journée entière de télétravail. «Le cadre actuel empêche toute flexibilité, et ça pose problème.»
Nos habitudes bousculées pour l’intérêt commun
Abandonner le concept de bureau unique au profit des espaces de cotravail et les bureaux «satellites» à la frontière est aussi une piste avancée par les citoyens. Tout comme l’idée d’une plateforme digitale unique, qui serait entièrement dédiée à l’offre de transports collectifs et collaboratifs, pour proposer de véritables alternatives à l’usage de la voiture.
«Cette application publique regrouperait tous les types de transports disponibles pour se rendre d’un point A à un point B, des grands classiques comme le train, le tram ou le bus, aux plus novateurs, comme l’autopartage, le covoiturage et même l’autostop, qui serait remis au goût du jour», détaille Bruno Henry.
Des propositions qui bousculent nos habitudes, comme la baisse de la vitesse sur les autoroutes et en zone urbaine, ou l’octroi d’un vélo électrique de fonction, et que le Klima-Biergerrot assume : «Toutes les mesures pouvant sauver le climat vont forcément à l’encontre de nos modes de vie actuels et impliquent un changement», tranche Bruno Henry, qui souligne que «l’intérêt n’est pas individuel mais commun. C’est ça qu’on vise.»
Le rapport final et ses 56 propositions est maintenant consultable en ligne sur le site du Klima-Biergerrot.