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Le débat sur l’interdiction de la mendicité n’est pas clos


Le ministre Léon Gloden sera de retour à la Chambre face aux députés en compagnie de sa collègue ministre de la Justice, Elisabeth Margue.  (photo archives Editpress/Alain Rischard)

Les ministres Gloden et Margue sont invités mercredi à s’exprimer devant les députés sur l’interdiction de la mendicité. Une pétition pourrait aussi faire revenir le débat au Parlement.

Tous les représentants des partis de l’opposition l’avaient prédit lors du débat sur la mendicité. Le règlement de la Ville de Luxembourg est clair à ce sujet, tous les mendiants sont concernés par l’interdiction, il n’y a pas à tergiverser. Pourtant, Lydie Polfer, députée-maire de la capitale, et Léon Gloden, en décembre dernier, ont juré par tous les saints que seules les bandes organisées étaient visées et que «la police saura déjà faire le tri et ne visera que cette catégorie de mendiants», selon les propos tenus alors par Lydie Polfer. Du côté de l’opposition, on se demandait bien comment la police pourrait réussir ce tour de passe-passe.

«Comment l’agent peut-il faire la différence entre une personne qui se trouve vraiment en détresse et un membre d’une bande ? Il nous faudra aussi verbaliser ceux qui ont paisiblement posé un gobelet à leurs pieds pour demander de l’argent afin de pouvoir manger et boire», nous déclarait la présidente du syndicat policier SNPGL, Marlène Negrini, la semaine dernière.

C’est exactement ce qu’il s’est passé lundi matin lors de l’opération menée par la police grand-ducale. Le député David Wagner a réagi assez tôt sur les réseaux sociaux : «La police applique le règlement à la lettre, par moins quatre degrés. C’est le résultat de la politique inhumaine de Léon Gloden. La politique bourgeoise dans toute sa grandeur», a commenté le député de déi Lénk.

Certains internautes ont fait remarquer qu’il s’agit avant tout de la décision de Lydie Polfer, une élue libérale. L’ancien conseiller communal socialiste Tom Krieps voit dans cette action de la police le meilleur moyen, et le plus rapide, de démontrer que le règlement est illégal. Dans un arrêt du 19 janvier 2021, la Cour européenne des droits de l’homme a, en effet, jugé que la mendicité n’est rien d’autre que «le fait de s’adresser à autrui pour obtenir de l’aide», ce qui relève de la vie privée, protégée par la Charte des droits fondamentaux.

Si la mendicité doit être interdite, il faut que cette limitation des libertés transite par une loi et celle qui existe fait toujours l’objet d’une controverse qui relève d’une erreur dans la rédaction du texte. Le tribunal de Diekirch avait tranché et jugé que la mendicité ne pouvait pas être interdite.

Le député pirate Marc Goergen, en publiant une photo de l’opération, prise lundi matin devant le centre Hamilius à Luxembourg, a écrit sur son compte X que c’était «une nouvelle image du Luxembourg sous Luc Frieden, tous les espoirs se sont envolés, l’ancien et glacial CSV est de retour et cela n’a même pas duré cent jours».

 

Son parti avait demandé, avec déi gréng, que le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, et la ministre de la Justice, Elisabeth Margue, se présentent devant les députés en commission jointe. Ce sera chose faite dès mercredi à 14 h 30, avec comme premier point à l’ordre du jour, la validation par le ministre des Affaires intérieures de la décision du collège échevinal de la Ville de Luxembourg d’interdire toute forme de mendicité dans certaines zones de la ville entre 7 h et 22 h.

La pétition cartonne

L’aspect juridique est une chose essentielle, mais l’aspect humain l’est davantage encore. Cette fois, ce ne sont pas les députés qui s’expriment à la tribune de la Chambre, mais les citoyens qui protestent, par le biais d’une pétition qui démarre en trombe. Son auteur, Marc Faramelli, demande que la mendicité soit autorisée partout, sur tout le territoire national, à condition que celui qui tend son gobelet ne soit ni agressif, ni membre d’une organisation. La pétition demande de mieux cibler les différentes formes de mendicité et de donner les moyens à la police d’enquêter sur les bandes organisées. Elle avait recueilli près de 2 500 signatures, lundi vers 19 h, soit 55 % de son objectif et il reste 39 jours avant sa clôture.