Le nombre d’hommes prenant un congé parental a doublé en cinq ans au Luxembourg et surpasse désormais celui des femmes. Un choix “évident” pour Dominique, qui en a bénéficié deux fois et témoigne.
Depuis sa réforme en 2016, visant, entre autres, à introduire des conditions d’éligibilité moins restrictives, le congé parental rencontre un franc succès au Luxembourg. Selon les derniers chiffres transmis cette semaine par le Ministère du Travail, plus de 11 636 personnes en ont bénéficié en 2021, contre seulement 8 251 en 2017.
Mais si l’on se penche sur les détails, on constate rapidement que le congé parental intéresse davantage… les hommes. Depuis 2019, leur nombre surpasse même celui des femmes, pour quasiment doubler en cinq ans.
Un intérêt croissant que comprend tout à fait Dominique, frontalier travaillant à Luxembourg et papa de deux enfants, qui a “eu la chance” de prendre ce congé en 2012 et 2018. Un choix “évident” pour lui. “Cela me semble être la base en fait. Si l’Etat nous donne la possibilité de s’occuper de nos enfants, autant le faire”, explique-t-il.
Une opportunité qu’il a saisi sans aucune hésitation, en choisissant de passer à mi-temps sur une durée d’un an à chaque fois. Pour rappel, au Luxembourg, un travailleur peut choisir entre un congé complet de quatre ou six mois consécutifs ; un congé à mi-temps de huit ou douze mois ; un congé fractionné de quatre mois sur une période de 20 mois ou un congé fractionné d’un jour par semaine pendant 20 mois.
S’il est important de saluer l’intérêt grandissant du congé parental auprès des hommes, les données transmises par le Ministère de la Santé tendent toutefois à souligner que la majeure partie des congés “extraordinaires” sont encore pris aujourd’hui par les femmes
Par exemple, le congé pour “raisons familiales”, lorsqu’un enfant est malade, revient principalement aux mamans. Dans le détail, elles sont 30 584 à y avoir eu recours en 2021, contre 22 192 pères.
Comme Dominique, plus de 2 625 personnes ont choisi l’option mi-temps en 2021 : mais ce n’est pas le format le plus privilégié par les demandeurs. En effet, selon les données des ministres du Travail et de la Sécurité sociale, le congé parental à temps plein (six mois consécutifs) est l’option à laquelle davantage de personnes ont recours (5 447 personnes en 2021), suivi du congé parental d’un jour par semaine pendant 20 mois (3 463 personnes).
Créer des liens solides avec son enfant
“Je n’ai pas été un père très présent pour mon fils les trois premières années. Alors quand ma fille est née en 2016, j’avais envie de prendre ce rôle de père plus à cœur encore et d’être là durant ses premières années qui sont vraiment charnières je trouve” souligne Dominique.
Tout un “monde à redécouvrir”, mais surtout une vraie occasion de tisser des liens avec son enfant. “C’était vraiment chouette d’être tous les deux et d’apprendre ensemble. Je changeais complètement d’univers et j’ai pu créer des premiers liens solides avec mon enfant”, se réjouit le quadragénaire, qui ne voit “que du positif” à la demande d’extension du congé parental souhaitée par la pétition de Michèle Senninger, déposée à la Chambre des députés en mai dernier.
Pour rappel, cette pétition propose l’allongement du congé parental de 6 à 9 mois. Ajouté au congé maternité de trois mois, cela permettrait aux parents de s’occuper de leur enfant durant toute sa première année. Une proposition qui a récolté plus de 4 800 signatures et fera donc l’objet d’un débat avec les députés à la rentrée. “Si ces trois mois de plus facilitent un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle et permettent une rupture moins brutale pour les enfants, je dis oui tout de suite !”.
La durée du congé parental est loin d’être harmonisée en Europe et de grandes disparités existent entre des pays pourtant voisins. Selon les statistiques de l’OCDE, les Polonais bénéficient ainsi du plus long congé avec 183 semaine (un peu plus de 3 ans !). Un record laissant les autres pays loin derrière puisque la Lituanie et l’Allemagne, en deuxième place, en proposent 148.
Arrivent ensuite la France et l’Estonie avec 146 semaines, puis la Finlande avec 143. Avec ses 26 semaines, le Luxembourg se situe plutôt en bas du classement sans être le plus mauvais élève du Vieux Continent pour autant. L’Italie, l’Irlande et les Pays-Bas proposent la même durée tandis que le Portugal (24 semaines) et le Royaume-Uni (18) sont un peu moins généreux. Belgique et Grèce sont en queue de peloton, mais proposent tout de même 17 semaines, là où la Suisse n’en propose aucune.