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Le coavionnage, le partage du ciel


Le coavionnage est une pratique de plus en plus répandue dans le monde. (Photo : Wingly)

Embarquer dans un avion léger avec un pilote amateur, qui peut ainsi réduire ses frais, c’est le principe de cette pratique peu connue du grand public. Rencontre avec un coavionneur.

Ce matin-là, les bruits des décollages et des atterrissages des avions de ligne font vibrer les hangars des clubs d’aviation du Findel. Dans l’un d’entre eux, Vincent*, un pilote amateur, regarde attentivement l’un des avions légers qu’il utilise régulièrement pour ses vols. Passionné depuis son plus jeune âge par le monde de l’aviation, le trentenaire a décidé il y a deux ans de sauter le pas.

«C’est un univers qui me fascine depuis très longtemps. Mon père m’avait offert un vol quand j’étais enfant. C’est à ce moment-là que j’ai découvert et aimé le monde de l’aviation», confie-t-il. Après plusieurs mois de formation et des centaines d’heures de vol au compteur, le passionné obtient sa licence de pilote privé lui permettant de voler en toute autonomie.

Depuis quelques mois, il a décidé de se lancer dans une nouvelle aventure, celle du coavionnage. Une pratique peu connue du grand public qui permet de partager un vol avec un pilote expérimenté, mais aussi son coût.

«Quand on organise un vol, on se base sur un tarif qui comprend à la fois la location de l’appareil, la consommation, la maintenance et le carburant. L’idée du coavionnage, c’est comme pour le covoiturage : les passagers partagent les frais avec le pilote», explique-t-il.

C’est un loisir dont le prix peut vite être un frein

Mais alors, comment ça marche ? Via une plateforme numérique spécialisée dans le coavionnage, les passagers peuvent contacter directement le pilote pour un vol. «Ce sont souvent des passionnés du monde de l’aviation qui veulent découvrir le fonctionnement d’un avion léger. J’ai aussi beaucoup de Luxembourgeois qui souhaitent apercevoir leur pays ou leur village depuis le ciel. Finalement, à travers cette pratique, on partage les frais, mais aussi notre passion et nos connaissances», détaille le pilote amateur.

Une opportunité gagnante-gagnante pour les passagers et les pilotes qui développent aussi leur expérience. «C’est une passion qui a un coût. Le fait de partager les frais permet d’augmenter nos heures de vol. C’est un loisir dont le prix peut vite être un frein, donc ça nous permet de continuer notre passion et de maintenir un certain niveau de sécurité», ajoute-t-il.

Partager la pollution

Luxembourg, Allemagne, Belgique, Vincent a réalisé plusieurs vols de coavionnage depuis le début de l’année 2023. «J’en fais principalement au-dessus du Grand-Duché car, d’un point de vue administratif, c’est plus facile et c’est la demande la plus importante que j’ai. Mais avec ces avions, on peut faire jusqu’à six heures de vol à plus ou moins 200 km/h», assure-t-il.

Contrairement au covoiturage, les passagers du vol ne réservent pas pour se rendre dans une destination précise. «C’est plutôt pour découvrir un paysage ou une ville. Il y a toujours un aller et un retour. Au Findel, c’est assez particulier parce qu’on atterrit au même endroit que les avions de ligne. Cela donne une expérience supplémentaire aux passagers», précise-t-il.

Aujourd’hui, cette pratique gagne encore à être connue du grand public. «Il y a de la demande, mais elle dépend surtout des conditions météorologiques. En hiver, je dirais que je peux faire deux vols par mois et l’été entre 4 et 5», note le pilote amateur.

Le coavionnage tend aussi à se démarquer avec l’argument écologiste. Car pour le pilote amateur, c’est également une façon de partager la pollution, à l’image du covoiturage. «L’aviation est un des piliers de la mondialisation qui a permis d’augmenter le niveau de vie de beaucoup de gens, mais c’est aussi un facteur de pollution basé sur l’utilisation des ressources fossiles.

Avec le coavionnage, on peut réduire l’empreinte écologique de chaque personne qui est à bord», explique le passionné d’aviation en repositionnant son avion dans le hangar de son club d’aviation, situé à quelques mètres des pistes de l’aéroport de Luxembourg.

*le prénom a été modifié