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L’artisanat d’art du Luxembourg est entre de bonnes mains


(photo Alain Rischard)

Le succès de la 4e Biennale «De mains de maîtres» a confirmé l’intérêt du public pour l’artisanat d’art national et, pour les organisateurs, l’importance de le mettre en valeur.

Le monde entre au compte-gouttes, mais le 19 avenue de la Liberté accueille déjà une foule impressionnante, une demi-heure à peine après l’ouverture des portes. Dimanche, au dernier jour de la Biennale des métiers d’art inaugurée jeudi soir, les organisateurs se montraient confiants d’avoir franchi le cap des 10 000 visiteurs – le commissaire général de l’exposition, Jean-Marc Dimanche, en ajoutait encore 2 000, ce qui ferait potentiellement de cette quatrième édition celle qui a rencontré le plus de succès.

monument national, l’ancien bâtiment de l’Arbed «est iconique pour les Luxembourgeois», et fait office de «décor parfait pour cette exposition qui montre le savoir-faire remarquable des artistes et artisans» du pays, glisse ce couple de retraités, venus avant tout pour «admirer les œuvres» et, «pourquoi pas, devenir propriétaire» de l’une d’entre elles.

Plus de photos de l’événement :
Biennale De Mains de Maîtres : les œuvres en photos

Jean-Marc Dimanche, débarqué de France en 2016 pour créer la première exposition «De mains de maîtres» – que le succès a transformée en biennale –, voit aujourd’hui l’évènement comme «un cabinet de curiosités contemporain : toutes les matières et techniques s’y côtoient et dialoguent ensemble, de la céramique au bois, en passant par l’acier ou encore le plastique de récupération.»

C’est l’occasion, aussi, de voir l’étendue du savoir-faire d’artistes nationaux reconnus, comme Letizia Romanini, artiste visuelle dont on admire habituellement le travail en galerie, qui présentait deux paysages abstraits réalisés en marqueterie de paille, ou Danielle Grosbusch, qui s’épanouit dans une nouvelle forme, le carrelage en mosaïque, avec une œuvre qui réinvente le travail passé de celle qui s’est illustrée dans la gravure sur cuivre, au titre éloquent : Regeneration.

Madeleine Weber-Weydert, qui se définit plus volontiers comme «upcycleuse» que comme artiste, rencontre, elle aussi, un certain succès avec ses deux œuvres, dont une «ode à la féminité» (Les Femmes sont belles) conçue à partir de douze flacons du célèbre parfum Jean-Paul Gaultier en forme de bustes féminins.

«Noyau dur» et «découvertes»

Les artistes exposés lors de cette Biennale des métiers d’art reflètent toujours plus l’ambition de l’ASBL «De mains de maîtres» d’être le porte-parole de «la très belle diversité de métiers, de savoir-faire et de matières qui m’a frappée dès mon arrivée au Luxembourg, chez les artistes et artisans nationaux», affirme Jean-Marc Dimanche.

Aujourd’hui, «le rendez-vous fait office de label», poursuit l’organisateur, qui sélectionne les artistes sur dossier. «Certains, comme Wouter van der Vlugt, Laurent Turping ou Tine Krumhorn, sont à la limite de l’art contemporain, mais leur différence est qu’ils travaillent d’abord avec la matière et le geste.»

Le commissaire se souvient avoir été «inquiet», lors des précédentes éditions, de se voir proposer les mêmes artistes. «Ce qui est bizarre, analyse-t-il aujourd’hui, c’est que le taux de nouveaux exposants est resté très stable sur les précédentes biennales, avec 38 % à 42 % de renouvellement, soit une trentaine d’artistes.»

Ces «très belles découvertes» complètent un «noyau dur» que l’ASBL expose et soutient depuis le début, composé, entre autres, des sculpteurs Katarzyna Kot (bronze et bois) et Tom Flick (pierre), ou certains des nombreux créateurs de bijoux qui attisent la curiosité des visiteurs. «C’est important d’avoir à chaque édition ces artistes que l’on aime et que l’on encourage, en regardant l’évolution de leur travail, certains poursuivant une ligne directrice, et d’autres, comme Carine Mertes, qui changent radicalement, passant de la création de costumes et du travail du feutre à la sculpture.»

Le Portugal, premier pays invité

La Biennale s’est tenue cette année sous le signe du «geste» et du «territoire» : un thème qui a permis à Jean-Marc Dimanche d’accueillir «pour la première fois» un pays invité au «19 Liberté», et non des moindres. C’est le Portugal, qui montrait à travers une cinquantaine d’œuvres ses longues traditions artisanales : masques, vêtements de paille portés par les bergers, jarres monumentales en céramique… «On fait un véritable voyage dans le temps et dans l’espace», avec un «point de vue très différent» de l’artisanat d’art.

Autre nouveauté, l’invitation du Portugal a également permis à la Biennale de proposer deux ateliers ouverts au public. Celui dédié à la vannerie, «un savoir-faire typique du Portugal et que l’on ne pratique pas au Luxembourg», a rencontré un succès particulier. L’ASBL De mains de maîtres a «fait sortir» ses artistes du pays, en les amenant à présenter leur travail lors d’«opérations à Paris, à Bruxelles ou à Venise»; aujourd’hui, Jean-Marc Dimanche peut se féliciter d’avoir fait grandir cet évènement luxembourgeois en en faisant à son tour un rendez-vous pour les artisans d’art de l’étranger.

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