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« L’ADN de la BIL est luxembourgeois »


"Il n'a jamais été question de plan social à la BIL", affirme Hugues Delcourt, directeur général. (photo Hervé Montaigu)

Hugues Delcourt, le directeur général de la BIL, revient sur la vente des parts de Precision Capital à Legend Holdings. Il assure qu’il n’y aura pas de plan social et insiste sur le fait que la défense de l’emploi est prioritaire.

La vente des parts de Precision Capital à Legend Holdings a été l’événement qui a agité la place financière luxembourgeoise cet été. Comment avez-vous vécu cela ?

Hugues Delcourt : Très bien. C’est le 1er septembre que s’est faite l’annonce officielle de l’acquisition par Legend Holdings de la partie de capital que possédait Precision Capital, mais j’avais été associé avant à ce processus. Pour moi, cette transaction ne constituait pas l’événement de l’été, mais celui de plusieurs mois.

Il est important de préciser que la banque n’avait pas été mise en vente par Precision Capital. Comme je l’ai expliqué à nos collaborateurs, notre banque a une taille critique sur un marché intéressant et elle s’est développée au cours des dernières années de façon satisfaisante. Donc naturellement, si un investisseur s’intéresse à ce marché, il a deux possibilités : il peut commencer en partant de zéro ou il peut essayer de racheter un acteur existant sur ce marché. S’il regarde les acteurs de taille importante sur le marché luxembourgeois, le choix est limité et naturellement, il s’intéressera à la BIL. C’est une banque indépendante, contrairement à ses deux grandes concurrentes, dont l’une fait partie d’un groupe bancaire international et l’autre est possédée par l’État.

C’est pourquoi notre actionnaire principal avait été approché régulièrement par des parties intéressées pour racheter ses parts. Mais jusqu’à la proposition de Legend Holdings, il n’y avait pas eu d’approche vraiment convaincante. Une approche convaincante, c’est bien sûr une approche financièrement intéressante pour notre actionnaire, mais c’est surtout une approche qui respecte l’intégrité de la BIL. C’est quelque chose de très important pour Luc Frieden, président du conseil d’administration, et moi-même. Par « conserver l’intégrité de la BIL », je veux dire qu’il ne doit pas y avoir de changement de stratégie ni d’intégration au sein d’un grand groupe bancaire, qu’il soit local ou international. Cette intégrité est bonne pour l’emploi et pour nos clients. Cela permet de garder le contact avec ces derniers. Ils sont attachés au fait que leur banque ait une stratégie qui dure sur le long terme. Beaucoup de choses vont donc se poursuivre comme elles étaient prévues.

Qu’est-ce qui va changer ?

Ce nouvel actionnaire va nous soutenir financièrement et nous permettre de poursuivre notre développement… Legend Holdings a acheté un groupe avec un plan de développement et maintenant nous allons commencer à réfléchir ensemble sur des relais de croissance additionnels. J’insiste sur le mot « additionnel » car la priorité, c’est de continuer l’implémentation de notre stratégie qui vise au renforcement de nos activités actuelles. Nous allons essayer d’identifier, grâce aux sociétés et aux réseaux de Legend Holdings, de nouveaux relais de croissance. Nous sommes dans une période qui est très active : il faut apprendre à se connaître, expliquer le fonctionnement de notre groupe, notre plan de développement.

Ce qui me tient à cœur : notre ancrage luxembourgeois, notre contribution au développement économique du pays, le maintien de l’emploi… ces éléments sont préservés. Dans ces conditions, j’ai plutôt bien vécu ce changement d’actionnaire, qui, je le précise, n’est pas encore effectif puisque la transaction est sujette à l’approbation de la CSSF et de la Banque centrale européenne notamment.

La BIL est désormais à 90% chinoise, elle devient de fait la 8e banque chinoise du pays…

La BIL est la plus ancienne banque luxembourgeoise et le soutien à l’activité économique du Luxembourg est son ADN. Notre stratégie repose sur deux piliers. Le premier, c’est de servir les acteurs économiques résidant à Luxembourg et le second de développer notre activité sur ce marché.

Qui sont les acteurs économiques dont vous parlez ?

C’est vous, c’est moi, des individus résidant à Luxembourg, qu’ils soient luxembourgeois ou étrangers, c’est une grande partie de notre activité. Ce sont aussi les entreprises petites, moyennes ou grandes, les artisans qui sont localisés au Luxembourg. Ce sont aussi les autres institutions financières, les banques qui peuvent être nos clientes, les fonds… Notre premier pilier, c’est donc de servir tous ces acteurs économiques. Et sur ce marché luxembourgeois, nous avons une part de marché comprise entre 12 et 25% selon l’activité que l’on regarde.

Le deuxième pilier de notre stratégie repose sur les acteurs économiques qui ne résident pas à Luxembourg et pour ce faire, nous nous concentrons sur le métier de banque privée et sur un nombre limité de pays de résidence de nos clients, en Europe de l’Ouest, au Moyen-Orient et en Europe de l’Est. Nous leur offrons nos services au travers de nos implantations au Luxembourg, en Suisse, à Dubai, au Danemark et en Suède.

La question de l’emploi a tout de suite été évoquée par les syndicats. Pouvez-vous affirmer aujourd’hui qu’il n’y aura pas de plan social dans les prochains mois ?

Je peux vous l’affirmer. Il n’a jamais été question de plan social à la BIL et Legend Holdings, à la demande de l’État, s’est engagé sur ce point. Il y a deux choses que j’aimerais souligner : tout d’abord, pour le président Frieden et moi-même, l’emploi est fondamental. Ce sont les collaborateurs de cette maison qui en font le succès et la défense de l’emploi est, pour nous, prioritaire. Et deuxième point : il n’a jamais été question de projet de plan social, avec ou sans rachat. L’engagement de Legend Holdings était facile à obtenir car il n’y avait pas de tel projet, et comme il n’est pas un groupe bancaire déjà présent sur la place financière, nous ne sommes donc pas dans un scénario d’intégration entre deux groupes bancaires.

Entretien avec Aude Forestier

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 2 octobre

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