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La tripartite tiraillée entre index et aides financières substantielles


(Photo : julien garroy)

Comment gérer la vague d’indexation qui s’annonce? Et quelle sera l’ampleur des aides étatiques additionnelles pour les ménages et les entreprises? Voici les enjeux majeurs de la tripartite qui s’ouvre dimanche.

Le Premier ministre a laissé entrevoir mercredi qu’il était plutôt favorable au versement de la tranche indiciaire qui s’annonce pour novembre. Parmi les partis siégeant à la Chambre, cette piste obtient également un large soutien. Pour les syndicats, le non-versement de l’index à venir serait une «ligne rouge», comme l’a fait savoir la présidente de l’OGBL, Nora Back.

Le camp patronal par contre, martèle que «l’index n’est pas la solution». «Offrir une revalorisation de 2,5 % n’est pas suffisant pour les plus vulnérables. Le directeur de banque toucherait lui aussi ces 2,5 %. Il s’agit d’une hérésie», insiste Michel Reckinger, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL).

 

Cette inégalité amène l’association des employés de banque et d’assurance (ALEBA) à lancer un appel pour «plancher sur une réforme de l’index, ne fusse que temporairement, afin d’en empêcher tout nouveau gel, surtout pour ceux qui en ont le plus besoin». En effet, les dernières prévisions du Statec tablent, dans le pire des scénarios, sur 5 tranches qui seraient à verser entre fin 2022 et fin septembre 2023. L’ALEBA plaide en outre pour un échelonnement de l’index, «en l’adaptant aux différentes tranches salariales, de façon à garantir, pour tous, un pouvoir d’achat correct sur, au moins, les dépenses essentielles».

Il semble évident que la tripartite devra trouver une solution pour gérer la vague de tranches indiciaires qui s’annonce. Dans ce contexte, il est à rappeler que sur les 10 dernières années, ce sont uniquement 6 index qui ont été versés. L’inflation galopante pourrait avoir pour conséquence :

  • que 6 tranches indiciaires seront déclenchées, et en partie versées, sur deux ans à peine, plus précisément entre octobre 2021 et septembre 2023.
  • le déclenchement et le versement partiel de 6 tranches indiciaires en deux ans, plus précisément entre octobre 2021 et septembre 2023.

«Ne pas oublier la jeune génération»

Pourtant, pour déi Lénk, il est «évident» que «l’index ne doit subir plus aucune manipulation». «La prochaine tranche indiciaire doit en tout cas être déclenchée comme prévu! Les gens ont besoin de cet argent plus que jamais», souligne le parti d’opposition dans un communiqué. Il est précisé que «les petites entreprises qui ont des difficultés à cause de l’inflation doivent pouvoir compter sur des aides étatiques ciblées pour surmonter ces temps difficiles».

L’autre enjeu capital de la tripartite sera l’envergure des «aides substantielles» annoncées par le Premier ministre et revendiquées par les camps politique, syndical et patronal. Selon RTL, le budget de l’État afficherait déjà un déficit prévisionnel situé entre 1 et 1,5 milliard d’euros. La marge de manœuvre est donc plutôt réduite, surtout que le gouvernement ne compte pas dépasser le seuil la dette publique, fixée à 30 % du PIB.

À partir de dimanche, des propositions comme un plafonnement des prix de l’énergie, proposé par le Premier ministre, devront être analysées de manière plus détaillée. Une prime énergie mensuelle, chiffrée à 200 euros par les Jeunes libéraux, est une autre piste. Déi Lénk plaide pour une prime de base de 200 euros, complétée par un forfait de 50 euros par personne habitant dans un ménage. Une adaptation du barème d’imposition à l’inflation est une des autres revendications majeures. Les jonk gréng lancent un appel pour «ne pas oublier la jeune génération», également confrontée à une hausse considérable des coûts.

Trois jours de négociations, au moins

Gouvernement (11 ministres), syndicats (OGBL, LCGB, CGFP) et patronat (UEL) vont se retrouver dimanche, en début d’après-midi au château de Senningen pour lancer la tripartite. Dans un premier temps, trois jours de négociations sont prévus. Lundi et mardi, les tractations seront lancées dès 9 h et devraient durer jusqu’en soirée. Le Premier ministre espère trouver un accord dès mardi soir. Si ce n’est pas le cas, il insiste pour boucler la tripartite au plus tard début octobre.