Le symbole des Jeux olympiques de Paris-2024 a été en partie fabriqué dans les usines d’ArcelorMittal et transformé dans deux sites du groupe, à Florange et Woippy.
Elle s’envolera dans quelques semaines pour la Grèce pour être allumée, comme la tradition l’exige. Mais avant de rejoindre le pays qui a vu naître les Jeux olympiques, la torche a dû passer par de nombreuses étapes. La première, son design. Celui-ci a été réalisé par le Français Mathieu Lehanneur à la suite d’un concours organisé par Paris-2024. Celui-ci avait pour but de choisir le créateur de cet objet d’art. Et puis, l’industrialisation. Phase cruciale et délicate, celle-ci a été en partie réalisée en Moselle dans l’usine sidérurgique d’ArcelorMittal à Florange. Jean-François Malcuit, le directeur du site, se souvient très bien de ce jour de mai 2023. «Dans le plus grand des secrets, on m’a demandé si notre usine était prête à relever ce très gros challenge, celui de réaliser la torche olympique, mais sans que personne ne soit au courant. Cinq d’entre nous le savaient», confie-t-il. Et le défi qui l’attend n’est pas des moindres. Tout doit être réalisé en seulement trois semaines. «La difficulté n’était pas la technique, mais de travailler dans un temps extrêmement court», raconte le directeur de Florange.
Les fuites peuvent aller très vite
La machine se met alors rapidement en marche, mais sans qu’aucun salarié ne soit au courant. Même le chef de projet chez Arcelor, Franck Wasilewski, doit travailler «complètement isolé, sans ordinateur ni tableau d’affichage». Le but est d’éviter les fuites qui «peuvent aller très vite avec les réseaux sociaux». Dans l’ignorance totale, une vingtaine de salariés de Florange produisent une partie de la torche olympique. Une partie, car tout n’a pas été fabriqué en Moselle. La fonte et la coulée ont notamment été réalisées dans d’autres usines du groupe ArcelorMittal, comme à Châteauneuf, dans la Loire. Le site de Florange s’est, quant à lui, occupé du processus de laminage «à chaud et à froid». L’acier transformé a ensuite été transporté vers un autre site mosellan, celui de Woippy, pour le découpage en feuilles de la tôle. D’autres sociétés ont également finalisé le processus de production, notamment pour le brûleur et l’orfèvrerie. En quelques mois, l’ensemble des torches ont été produites dans la plus grande confidentialité. Les salariés de Florange seront mis au courant en août 2023. Une annonce qui résonne comme une «vraie fierté» pour Mourad, salarié chez Arcelor à Florange, tout comme pour Aurélia Lemière, responsable processus et qualité. «C’était aussi une reconnaissance pour nous de participer à l’élaboration de cet objet d’art», confie-t-elle.
Moins de torches et plus responsables
Au total, pas moins de 2 000 torches (et non une seule) sont produites. Une quantité qui a été, pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques, revue à la baisse. «On a décidé d’en fabriquer six fois moins que lors des éditions précédentes, pour des raisons de durabilité. La torche sera également réutilisée à peu près une dizaine de fois», détaille Delphine Moulin, directrice des célébrations pour Paris-2024. Moins de torches et des torches plus écoresponsables. L’acier qui a été utilisé est, en effet, constitué de produits recyclés. «Cela a été fait à partir d’anciens véhicules, de machines à laver ou de boîtes de conserve. L’acier est infiniment recyclable», explique Jean-François Malcuit. Un système inédit qui a demandé près de 8 000 heures de développement. Plus écologiques mais aussi 100 % made in France. «C’était une exigence de Paris-2024 que tout soit fait sur le territoire», note Delphine Moulin.
Aujourd’hui entièrement produites, les torches olympiques sont, «au fil de l’eau», livrées dans plusieurs centres logistiques qui restent secrets pour des questions de sécurité. Une partie d’entre elles partiront en Grèce très prochainement pour le traditionnel allumage à Olympie. Puis, elles traverseront la Méditerranée et arriveront en France le 8 mai, à Marseille. Cette date marquera le coup d’envoi des célébrations et du relais sur le territoire français (voir encadré). Elles seront ensuite présentées au public lors de la cérémonie d’ouverture. La flamme olympique s’éteindra après les deux semaines de compétition avant d’être rallumée pour les Jeux paralympiques.
Comme ses prédécesseurs, l’objet iconique des Jeux olympiques a des spécificités bien uniques.
La torche de Paris-2024 a une identité qui lui est propre. Déjà, sa dimension. Elle mesure 70 centimètres de haut et pas plus, pour éviter des problèmes de sécurité lors de la tenue de la torche. Son poids? 1,5 kilos (brûleur compris). Son épaisseur? Seulement 0,7 millimètre pour l’acier. «Plus celui-ci est fin, plus la mise en forme est compliquée. Il fallait être innovant sur les technologies de mise en forme pour pouvoir fabriquer, dans une proportion de semi-série industrielle, cette torche», indique Jean-Luc Thirion, directeur général de la recherche produit chez ArcelorMittal.
Dans les parties visibles de la torche, on trouve également un brûleur qui permettra de produire la flamme en toute sécurité. «Des spécialistes ont travaillé tout au long du projet pour proposer des prototypes avec différents types de matières. Ils ont également réalisé un certain nombre de tests pour vérifier le bon fonctionnement de la torche», ajoute Jean-Luc Thirion.
Une torche tournée vers l’égalité
Conçue et dessinée par un designer français, la torche a été inspirée des trois marqueurs de Paris-2024 que sont l’égalité, l’eau et l’apaisement. Par ailleurs, on peut voir sur le bas de la torche un effet de vagues qui fait référence notamment à la Seine, l’un des lieux emblématiques des Jeux olympiques de Paris. Totalement symétrique, elle souhaite prôner les valeurs d’égalité entre tous les individus. «La torche olympique est égale à celle paralympique. C’est un objet symbolique de paix et d’unité», souligne Delphine Moulin.
Enfin, concernant son coût et son prix, ArcelorMittal n’a pas souhaité divulguer de chiffres. «Nous avons effectué un partenariat avec Paris-2024. On n’a rien à gagner dessus. Les torches, c’est cadeau», répond Franck Wasilewski, chef de projet chez ArcelorMittal. Contrairement à d’autres éditions, cette année, le symbole des Jeux olympiques sera revendu aux partenaires ou proposé à des musées et plus seulement aux porteurs de la torche. Outre la torche, ArcelorMittal a également fabriqué les minichaudrons qui servent à accueillir la flamme à la fin de chaque relais. Mais aussi les agitos, le symbole des Jeux paralympiques.