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La première banque d’Ukraine réclame 3 milliards de dollars à PWC


La première banque d’Ukraine PrivatBank, nationalisée en catastrophe fin 2016, a annoncé lundi avoir lancé des poursuites contre le puissant cabinet d’audit PwC pour avoir validé ses comptes avant son sauvetage sans repérer « une immense fraude », lui réclamant trois milliards de dollars.

La plainte de PrivatBank a été déposée vendredi à Chypre contre les filiales chypriote et ukrainienne de PwC, a indiqué PrivatBank dans un communiqué, précisant que le cabinet d’audit est accusé d’avoir gravement manqué à ses responsabilités entre 2013 et 2015.
Premier établissement d’Ukraine dont il regroupe le tiers des dépôts, PrivatBank a été nationalisée en catastrophe un dimanche soir de décembre 2016 pour éviter une faillite qui aurait eu un effet domino sur le secteur bancaire ukrainien, les autorités estimant alors à 5,6 milliards de dollars le manque en capital de la banque.

La banque était alors contrôlée par le puissant oligarque Igor Kolomoïski, un rival du président Petro Porochenko. Selon la Banque centrale ukrainienne, 97% des crédits étaient accordés à des partenaires d’affaires des propriétaires, ce qui présentait des risques concernant leurs remboursements.  « L’incapacité totale de PwC à repérer une immense fraude qui a duré des années a fait en sorte que pratiquement l’intégralité du portefeuille de prêts de la banque était à risque et sans sécurité adéquate », a déclaré le PDG de PrivatBank, Petr Krumphanzl, cité dans le communiqué.

La Banque centrale ukrainienne a salué le dépôt de plainte, qualifié d' »étape importante pour le rétablissement de PrivatBank, aidant à s’assurer que ces manquements historiques soient résolus correctement et de façon transparente ».  PwC, qui a été retiré l’an passé de la liste des entreprises autorisées en Ukraine à réaliser des audits bancaires, n’a pas commenté.  Selon Kiev, l’Etat a dû dépenser 140 milliards de hryvnias (4,2 milliards d’euros) pour recapitaliser PrivatBank après sa nationalisation.

Les déboires s’accumulent pour PWC

Cet épisode ukrainien vient s’ajouter à d’autres déboires pour PWC dans le monde. En janvier dernier, le gendarme boursier indien, la Securities and Exchange Board of India (SEBI), interdisait à la branche locale du cabinet d’auditer pendant deux ans les société cotées et leurs filiales, en raison de négligence dans la vérification des comptes du géant informatique Satyam, à l’origine d’un vaste scandale.

Le  16 août dernier, le Financial Reporting Council (PRC), le gendarme des marchés au Royaume-Uni, condamnait PWC à 6,5 millions d’euros d’amende en raison d’erreurs comises dans la vérification de l’exercice 2011 de l’entreprise de services RSM Tenon Group. Enfin, au Grand-Duché, bien que PWC ne soit pas directement poursuivi, la Commission européenne exige d’Amazon le remboursement au fisc luxembourgeois de 250 millions d’euros non perçus pour un tax ruling négocié par PWC pour le géant du commerce en ligne.

Le Quotidien/AFP