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La médecine environnementale enfin sur les rails


La ministre de la Santé, Paulette Lenert, entourée par le Pr An van Nieuwenhuyse (à dr.), du LNS, et du Dr René Metz, le directeur général du CHEM. (Photo : julien garroy)

Le CHEM va lancer dès juillet, avec le concours du LNS et de l’université de Louvain, un projet pilote visant à assurer une prise en charge complète des patients souffrant de maladies dues à l’environnement.

Le développement plus poussé de la médecine environnementale au Luxembourg fait partie intégrante de l’accord de coalition signé fin 2018. L’offre ambulatoire et stationnaire tout comme la formation en la matière avaient été définies comme des priorités. La ministre de la Santé a rappelé hier que le projet était «très ambitieux». Elle s’est montrée d’autant plus soulagée que le «calendrier défini a pu être respecté». «Cela n’avait rien d’évident en raison de la crise du covid», souligne Paulette Lenert.

La ministre n’évoque cependant plus les tergiversations ayant suivi l’attribution, début 2020, du Service national de la médecine de l’environnement au centre hospitalier Émile-Mayrisch (CHEM). En juillet sera finalement lancé un projet pilote. «À terme, le Luxembourg compte vraiment effectuer un travail de pionnier en la matière», met en perspective Paulette Lenert.

La fin du parcours du combattant

Jusqu’à présent, le patient souffrant potentiellement d’une maladie due à l’environnement devait faire face à un véritable parcours du combattant. «L’objectif est vraiment de dresser le chemin à parcourir par le patient. Il ne sera plus obligé de s’inquiéter de savoir où chercher et trouver de l’aide. La prise en charge doit se faire du début à la fin. D’où l’importance pour le CHEM de coopérer avec le secteur de la recherche», affirme la ministre de la Santé.

À ses côtés étaient assis, hier, le Dr René Metz, le directeur général du CHEM, et le Pr An van Nieuwenhuyse, du Laboratoire national de santé (LNS). «Le leitmotiv sera de ne plus perdre le patient qui ne se retrouve plus dans un encadrement manquant de coordination», complète le Dr Metz. 

Premières consultations dès le mois de juillet

La clé du succès du projet pilote et du concept établi sera l’esprit d’ouverture des médecins travaillant déjà dans le domaine de la médecine de l’environnement. «Notre objectif n’est nullement de remplacer ou de reprendre le travail qu’effectuent ces médecins. Ce qui importe, c’est d’éviter que chacun travaille dans son coin. Si un médecin généraliste ou un médecin spécialiste se heurte à une pathologie dont il ne s’explique pas l’origine, il doit avoir le réflexe de demander un second avis», résume le directeur général du CHEM.

Ce deuxième avis sera coordonné par le Service national de médecine de l’environnement implanté à Niederkorn. Dès le mois de juillet, les premières consultations seront possibles. Ainsi que cela a été requis par le ministère de la Santé, le projet national sera accompagné par un service de médecine de l’environnement étranger confirmé. Le choix est tombé sur l’université catholique de Louvain (Belgique). Au Grand-Duché, le LNS assurera les analyses des échantillons afin d’établir un diagnostic rapide et fiable.

La nomenclature comme premier obstacle

Le terrain a été préparé avec l’ensemble des acteurs qui s’engagent depuis plus de 30 ans pour la médecine environnementale au Luxembourg. Le Dr René Metz souligne l’importance d’avoir échangé avec l’Association luxembourgeoise de médecine de l’environnement, l’ASBL Akut, mais aussi la médecine du travail, l’AMMD et la CNS. «Nous comptons monter progressivement en puissance. Dans un premier temps, le projet doit permettre d’obtenir une meilleure vue d’ensemble des besoins existants, notamment en termes d’infrastructures, de matériel et de personnel», renseigne le Dr Metz.

Un des premiers obstacles majeurs sera la définition d’une nomenclature spécifique. En attendant les négociations entre médecins et CNS, le projet pilote initié par le CHEM et le LNS permettra enfin de lancer une meilleure prise en charge des patients concernés.

Les piliers du concept détaillés

CONSULTATIONS La priorité est réservée aux consultations réalisées au sein du Service national de la médecine de l’environnement, en coopération avec le LNS et l’université de Louvain.

FORMATION Avec l’université du Luxembourg seront mises en place des formations spécifiques sur la médecine environnementale. Seront concernés tant les étudiants en médecine que les médecins généralistes et médecins spécialistes déjà établis.

COHORTE Il est prévu de mettre en place une cohorte de femmes enceintes avec à la clé un suivi de leurs enfants jusqu’à l’âge de 12 ans. Une note sera soumise fin 2022 au gouvernement. Le recrutement doit débuter au plus tard en juillet 2024.

BASE DE DONNÉES Le concept prévoit la mise en place, à moyen terme, d’une base de données au niveau national sur les maladies liées à l’environnement. La rédaction du cadre législatif doit être lancée en janvier 2025. Le projet doit se concrétiser à partir de 2027.

CLEAN ROOMS Des chambres spécifiques, appelées «clean rooms» ou «chambres blanches», doivent être installées au CHEM. L’objectif est d’isoler les patients de tout facteur environnemental.